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La vraie victoire

Rav Imanouel Mergui

Tout le monde connaît l’épisode du combat de Yaacov avec l’ « ange ». C’est Yaacov qui en ressort victorieux. Cet épisode contient de nombreux messages pour l’avenir d’Israël en exil, comme nous pouvons lire dans les midrachim et commentateurs. Cependant ’’certains’’ n’ont rete nu qu’un seul point : la victoire de Yaacov. C’est-à-dire, par extension, qu’en exil Israël ne sera jamais anéanti et en sortira toujours victorieux – comme l’histoire l’a déjà prouvé à plusieurs reprises. Je me suis posé al question de savoir si c’était bien l’unique message à retenir de cet épisode ? Et si oui, je me suis posé la question de savoir sui on avait définit CORRECTEMENT la notion de la victoire ? Qu’est-ce que la victoire ? On peut déjà facilement affirmé que si nous voulons être tout aussi victorieux que notre ancêtre, ce n’est pas tout de se dire qu’il était ictorieuxv pour qu’on le soit à notre tour. La victoire n’est pas un héritage, elle se mérite, elle se gagne. Ce n’est qu’en agissant comme un gagnant qu’on pourra à notre tour remporter, ou plus exactement m aintenir cette dite victoire. Ce n’est pas par des mots et de beaux discours qu’on démontre sa puissance victorieuse. Ce n’est donc certainement pas en se rappelant le passé qu’on pourra bénéficier des vantages de la victoire. C’est bien là une évidence que tout homme sensé peut facilement comprendre – bien que les discours habituels ne soient pas identiques.

N’oublions pas que l’épisode du combat et de la victoire de Yaacov se termine par un verset quelque peu étonnant. Lisons : « C’est pourquoi les enfants d’Israël ne mangent point – aujourd’hui encore – le nerf sciatiqueהשנה דיג qui tient à la cavité de la hanche ; par ce que Yaacov fut touché à la cavité de la hanche, sur le nerf sciatique » (Vayichlah’ 32-33). La Tora nous donne elle-même la raison de ce commandement (voir Rav Yérouh’am ל״צז – Daat Tora). L’épisode de la victoire restera marqué

  • tout jamais dans l’histoire et le symbole d’Israë l à la condition que les générations à venir respectent leur consommation alimentaire ! Toute histoire soit-elle ne peut être gravée pour l’éternité si elle’estn pas accompagnée d’un acte ; Et non pas seulement l’histoire en elle-même, mais également son

symbole et le bénéfice qui en découleC’est. par des faits concrets qu’on est vainqueur ! qui plus est, la Tora a choisit la Cacheroute – consommation commandée par l’ordre divin en l’oc currence l’interdiction de consommer le nerf sciatique – pou r cette victoire ! Etonnant ! Mais réel ! Ne prenons pas de la Tora seulement ce qui nous intéresse ! Ce constat nous permettra de répondre à une autre question qui m’a toujours dérangé : voilà que notre premier patriarche, Avraham, surmonte 10 épreuves, et pas des moindres et aucune mitsva n’est issue de ces victoires, pourquoi ? Ce qu’a f ait Avraham n’est qu’à l’échelle individuelle, même si l’histoire de ses descendants en sera imprimée.Alors que pour Yaacov l’esprit est différent, ce n’est pas seulement lui qui gagne c’est toute la nation d’Israël qui remporte la victoire. C’est une victoi re nationale. Celle-ci n’est pas à fêter par diverses manifestations ou par des festivités éphémères, mais plutôt et seulement par un comportement identique au premier champion.

Mais encore, par quel moyen Yaacov a-t-il gagné cet « ange » ? Doit-on s’interroger. Le verset dit bien « Voyant (l’ange) qu’il ne pouvait convaincre Yaacov » (Vayichlah’ 32-26). Ramban nomme Yaacov de « Giboré Koah’ Ossé Dévaro.Les puissants sont ceux qui pratiquent Sa volonté». Ou encore, comme écritSforno « De par sa proximité assidue avec D’IEU bénit soit-il, par la pensée et la parole ». Voilà, rien de plus simple : l’Action, la Parole et la Pensée toujours connectées à la volonté suprême et en totale adéquation. Si c’est comme cela que Yaacov remporte la victoire, c’est sans aucun doute ce message qu’il nous lègue pour toutes les générations futures : quelque soit la taille de l’enemi on est complètement protégé. Autant choisir la protection sûre, celle qui marche de toute évidence. La plus difficile, certes, mais la plus efficace. C’est bien là un des paradoxes de l’être humain (pour ne pas dire stupidité) : on préfère bien souvent le facilemême si on n’a aucune assurance que ça marche, plutôt que le difficile alors que le bénéfice en est certain.

L’explication du Malbim nous permettra de mieux comprendre cette idée. Il développe que la bataille de Yaacov était, on peut dire, envers lui-même ! Celle de maîtriser la matière. Yaacov qui maîtrisa la matière surmonte l’ « ange » qui est le symbole de Esav, matière en quelque sorte. Voir plus longuement le développement du Malbim. C’est donc que la guerre que le peuple d’Israël m ène et mènera pour toujours est celle de l’Existentiel contre l’ Ephémère. La matière contre l’intellect. Ne nous mesurons pas aux autres nations avec des puissances humaines, elles seront sans aucun doute plus fortes que nous. Esav est le roi de la matière. On ne gagne pas la matière par la matière. L’homme est en guerre depuis son existence ! Qui gagne ? Une fois l’un, une fois l’autre ; Parce que la matière ne peut pas être plus forte qu’elle-même. Le gagnantsera celui – et seul Israël peut jouer pleinement ce trôle en tant que nation – qui usera d’une arme ne répondant pas aux lois de la matière puisqu’au dessus d’elle. A la veille de H’anouca, rappelons-nous que ce ne sont pas les plus nombreux, les plus forts, les plus cruels qui gagnent et remportent la victoire.

La matière ne peut surmonter l’intellect. Cet intellect qui doit nous transcender jusqu’à transformer nos comportements et nos actes. Comprendre et élaborer de grandes idées ce n’est pas encore une preuve d’intellectualisme – selon la Tora, puisque nos comportements seront encore très matérialistes. L’intellectuel c’est celui qui AGIT conformément à la raison et non qui raisonne tout court et encore moins qui réfléchit matériellement… On n’est pas obligé d’expliquer comme tel cet épisode, bien entendu, mais dans toute explication qu’on donnera attention de ne pas oublier ce qui est ECRIT CLAIREMENT dans la Tora suite à cet épisode : la Cacheroute. Les ’’tolérants ‘’ vous diront qu’on peut être un bon juif sans respecter à la lettre ce qui est écrit clairement dans la Tora. Se sont bien des « A-GREC-EURS » (lire agresseurs) de la Tora. C’est peut-être la raison pour laquelle Yaacov ne sort pas indemne de cette victoire, il est boiteux, parce qu’une victoire peut être male interprétée !