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Procréer

Rav Imanouel Mergui

Fructifiez vous et multipliez vous »

Béréchit 1-28

Pour certains lorsqu’on traite du devoir qui

incombe au juif, ce devoir appelé ‘’la pratique de la Tora et de ses commandements’’, il s’agit du devoir ‘’cultuel’’ comme la prière, les fêtes, la circoncision, le mariage, le deuil et comportements semblables. La Tora ne s’arrête pas là et nous surprend lorsqu’elle nous parle du devoir de procréation. Effectivement ce verset désigne l’obligation de procréer, d’avoir des enfants ! C’est bel et bien un commandement de la Tora qui se traite avec ses analyses talmudiques et ses lois stipulées par les décisionnaires notamment le Rambam et le Choulh’an Arouh’. Notre génération très influencée par le principe de contraception, qui est entrée dans les mœurs sans commune mesure, doit savoir que ce qu’elle fait n’est pas sous la bénédiction divine. D’ailleurs for est de constater que ce commandement est accompagné de la bénédiction divine comme le dit le verset « Et D’IEU les bénit et leur dit fructifiez-vous et multipliez-vous ! ». Il n’est pas de l’habitude de la Tora d’annoncer un précepte par l’ouverture d’une bénédiction. Toujours est-il que la procréation est une bénédiction divine, la contraception est le refus de cette bénédiction ! (attention, ne comprenez pas que la contraception est interdite de par la Tora. Je veux seulement rappeler que la contraception ‘’facile’’ ou encore ‘’arrangeante’’ n’est pas compatible avec la Tora. Dans des contextes de santé, voire autre, la halah’a en traite au cas par cas…).

Dans ce verset D’IEU s’adresse au premier couple de la création « Adam et H’ava », et leur énonce là le premier commandement. D’ailleurs dans le Sefer Hah’inouh’ on lira également que procréer et la première mitsva de la Tora ; comme si l’introduction aux commandements de D’IEU c’est d’être un procréateur. Là aussi nous devons réfléchir pourquoi une importance si grande à ce devoir : premier ordre donner à l’humanité, premier commandement de la Tora ? La surprise accroit lorsqu’on lit l’histoire du déluge : au traité Sanhédrin 108 a et b le Talmud explique que si la génération du déluge est condamnée à disparaître c’est à cause des fautes commises comme l’idolâtrie, le meurtre, la débauche et le vol mais le choix de leur extermination à savoir noyée dans des eaux bouillantes est du au fait qu’ils avaient fauté par un liquide chaud à savoir la destruction de la matière séminale (comme l’utilisation du préservatif). Lorsque Noah’ sort de l’arche D’IEU lui dit « Sors de l’arche, toi ta femme tes enfants etc. fructifiez vous et multipliez vous sur la terre » – Noah’ 8-17, c’est encore une fois le premier ordre de D’IEU adressé à Noah’ après le massacre du déluge !

Au traité Yébamot 62b Rabi Yéhochouâ

enseigne « si l’homme s’est marié dans sa jeunesse et a eu des enfants il faut qu’il se marie dans sa vieillesse pour avoir encore des enfants comme dit le verset dans Kohelet 11 ‘’sème ta semence le matin et n’en retire point ta main le soir’’ ». C’est-à-dire qu’en plus de la mitsva énoncée clairement dans la Tora il s’inscrit également une mitsva midivré sofrim – mitsva énoncée par les prophètes (voir Rambam Ichout 15-16) d’avoir encore des enfants. Toujours au traité Yébamot 62a le Talmud rappelle également un verset dans la prophétie de Yéchaya 45 qui annonce « D’IEU n’a pas créé le monde pour qu’il soit vide mais pour qu’il soit habité ». Il y a donc trois préceptes concernant la procréation : une de la Tora et deux des prophètes.

Selon le Sefer Hah’inouh’ mitsva 1 la mitsva de procréer est une grande mitsva parce qu’elle est la cause première de toutes les autres mitsvot ; s’il n’y a pas d’humains les autres préceptes ne peuvent être accomplis ! Cependant l’expression du Talmud au traité Guitin 41b nous laisse comprendre que procréer n’est pas seulement la cause des autres mitsvot, bien plus encore elle est la raison même de la création du monde « voilà que le monde n’a été créé uniquement pour pirya vérivya

– procréer !!! ». L’homme et l’univers tout entier ont été créé sous le signe de la création : le créé devient créateur ! Désormais on comprendra mieux l’enseignement cité dans Tana Dévé Eliyahou « de la même façon que le peuple d’Israël a connu la liberté de l’Egypte par le biais de la mitsva de procréer ainsi dans le futur ils connaitront la liberté (guéoula) par le mérite de cette mitsva ! ».

Du point de vue de la halah’a voilà lesgrandes lignes à retenir (néanmoins ne déduisez aucune pratique de cet article – toute question de halah’a doit être élucidée par un RAV !) :

  • Tout Israël est tenu de réaliser cette mitsva (selon la Chéiltot et de nombreux Richonim le non juif est également tenu de respecter cette mitsva !)
  • Dès l’âge de 18 ans l’homme doit se marier pour procréer – Avot 5-21. En aucun cas il faudra dépasser la vingtaine – Kidouchin 29b. Dépassé cet âge le bet-din peut obliger l’homme à se marier (de nos jours le bet-din n’a plus le pouvoir d’obliger). Il convient toutefois de se marier dès l’âge de 13 ans, stipule le Choulh’an Arouh’.
  • Cette mitsva incombe à l’homme et non à la femme. Les décisionnaires discutent de savoir si elle est au moins tenue de pratiquer les recommandations des versets des prophètes précités.
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