Rav H. Fridlander zal
« Sifté H’aïm – Moâdim III » page 149
Le roi David est mort à Chavouot (Routh Raba). Il est né également à Chavouot comme disent nos Sages (Roch Hachana 11a) « les tsadikim remplissent leur vie au jour et au mois près ».
Il y a un lien fort entre le don de la Tora et la naissance de David puisque tous deux se passent le même jour ; le lien est que le rôle du roi ne se limite pas à gérer le peuple, à se soucier à l’économie de la nation, son rôle essentiel est de faire régner D’IEU sur les hommes. Il doit conduire et initier le peuple aux chemins de la Tora, c’est bien en cela que David a œuvré et sa descendance après lui jusqu’à la venue du Machiah’ (ndlr : Rambam écrit dans ses Hilh’ot Mélah’im 11-4) à propos du Machiah’ : « Un roi de la maison de David se lèvera, étudiant assidument et pratiquant la Tora et ses préceptes, comme David son père, en se référant à la Tora écrite et la Tora orale. Il soumettra tout Israël à marcher dans la Tora et à la pratiquer scrupuleusement etc… »). Le roi David a donc concrétisé le projet du don de la Tora, David s’inscrit donc dans le projet de Chavouot, c’est également la raison pour laquelle on lit en ce jour de Chavouot le livre de Routh qui elle-même était l’ascendante de David.
Dans le Midrach nos Sages s’interrogent sur l’intérêt du livre de Routh, voilà que ce livre ne contient aucune loi de pureté ou d’interdit ! prétextent-ils. Ils répondent que ce livre nous indique le salaire bénéfique à l’égard de ceux qui sont ‘’gomlé h’assadim’’ (attentifs au besoin d’autrui) ; effectivement, dans ce livre nous pouvons lire le h’essed de Routh et Boâz.
Le premier grand h’essed que Routh réalisa est son choix d’abandonner la famille royale de Eglon son père roi de Moav pour ne pas abandonner Naômi sa belle mère ! Routh se convertie et deviendra par cela la mère de la royauté d’Israël alors que sa sœur Ôrpa quitte Naômi et mettra au monde Golyat qui persécutera le peuple d’Israël, et, c’est David qui mettra fin à ses persécutions en l’abattant. Le Midrach voit dans le nom de ces deux femmes une allusion à leur choix de vie, comme nous savons le nom définit l’essence ; « Ôrpa vient de la racine ôref, elle a montré sa nuque (elle a tourné le dos) à sa belle-mère, et Routh de la racine rohé, elle a vu (compris et suivi) le comportement de sa belle-mère ». C’est cela son grand h’essed : elle n’a pas abandonné sa belle-mère. Mais le terme rohé – voir nous indique que le h’essed c’est-à-dire donner à l’autre commence par la vue de l’autre. Une personne égoïste ne voit que son ego, ses besoins et ses propres qualités alors que chez les autres il ne voit que des défauts de surcroît pour venter ses propres qualités. Dans tout ce qu’il fait il s’interroge de savoir qu’est-ce que cela va lui apporter. Ôrpa tourne le dosà Naômi– elle ne regarde seulement son propre intérêt, par contre Routh tourne son regard vers Naômi !
Dans le texte de Routh il ressort du chapitre 3 verset 10 et Targoum que la conversion même de Routh est un h’essed ! Dans la Tora le h’essed se définit comme tel même si le généreux bénéficie de son acte, ici Routh se converti pour elle-même mais ceci est considéré comme du h’essed. H’essed envers qui ? Déjà envers D’IEU, car toute personne reconnaissant la vérité et décide de s’approcher de D’IEU est considéré comme du h’essed puisqu’elle génère un ‘’plaisir’’ à D’IEU, comme dit le Zohar « Qui est h’assid ? C’est celui qui fait du h’essed envers son Créateur ». Sa conversion est également considérée comme étant du h’essed envers sa belle-mère puisqu’elle ne la quittera pas. La conversion de Routh est d’autant plus un h’essed puisqu’au moment où elle se convertie elle ignore si elle pourra se marier avec un juif du fait que la Tora annonce qu’un converti du peuple de Moav ne peut entrer dans la communauté par le mariage. Sa conversion est vraiment désintéressée.
Le dernier h’essed de Routh est d’avoir choisi Boâz comme mai pour réaliser la mitswa du Yiboum (Routh 3-10 et Targoum). Cette mitswa est par excellence liée au h’essed puisqu’il s’agit de marier la veuve du frère n’ayant point laissé d’enfant pour, justement, donner naissance à un enfant au nom du défunt. Selon le Binyan tsion le père de l’enfant n’est pas le frère ayant épousé la veuve mais bien le frère défunt, c’est donc un h’essed énorme que de donner l’enfant qu’il a mis au monde à son frère défunt. Mais, le h’essed de Routh est encore plus grand puisque la règle dit que si le mari défunt n’a pas d’enfant sa veuve sera libre d’épouser l’homme qu’elle choisira. Mah’lon, l’époux défunt de Routh n’ayant point de frère vivant laisser donc la possibilité à Routh d’épouser qui bon lui semble, mais elle préfèrera se marier avec Boâz qui est proche parent de Mah’lon.
On peut s’interroger sur l’excellence de cette qualité chez Routh alors qu’elle est descendante de Moav, un peuple défait de cette qualité comme en témoigne le texte dans Dévarim 23-4,5, ce peuple n’avait pas amené de l’eau et du pain à Israël dans le désert ? La réponse se trouve chez l’ancêtre de Routh et donc de Moav qui sont les filles de Loth, neveu de Avraham qui avait appris le h’essed chez Avraham, il avait excelle dns son h’essed en s’opposant aux habitants et aux règles de Sédom !
Routh l’ascendante du roi David, nous lègue comme message que le roi est celui qui est qualifié par le h’essed… !