Rav Imanouel Mergui
Cet enseignement de Rabi Matya ben H’arach tiré de Avot chapitre 4 michna 15, ne concerne pas uniquement l’homme en tant qu’individu. On retrouve ce combat tête/queue même au niveau des Nations et des Peuples. Il y a une guerre qui dure depuis toujours de savoir qui est à la tête au sens international. Les juifs, ou plus exactement certains juifs s’évertuent de crier que le peuple juif n’est pas à laisser de côté, les juifs doivent prouver leur supériorité aux nations au niveau planétaire. ‘’Nous les juifs nous allons vous montrer de quoi sommes-nous capables et parfois même plus que vous les nations ’’. Les erreurs d’une telle politique du juif est extrêmement problématique et elle connait des conséquences dramatiques pour les juifs. Mais le pire des conséquences c’est qu’une telle approche n’a rien de juif ! Entendons-nous sur un point fondamental de la définition même du juif – et il est vrai que cette question qui n’est pas nouvelle connaît une multitude de réponses ; en tout cas personne n’a le droit et le pouvoir de parler au nom de tous les juifs, aucun organisme, aucun intellectuel, chacun selon son respect, n’est autorisé de traiter des juifs de façon collective et de s’attribuer le droit d’une quelconque approche – ceux qui le feraient sont des juifs communistes… Je ne fais ici la critique d’aucun, le Lekha Dodi (et celui qui se manifeste à travers lui) n’a qu’une seule et unique vocation : DIFFUSER LA TORA ! Et, pour ma part, là est l’unique et véritable vocation du juif : LA TORA. Je ne citerais pas en ces lignes le drame des juifs dénués d’un judaïsme authentique même si cela me tente bien…, néanmoins là je fais la critique de ce judaïsme exhibitionniste !, ou encore de ce judaïsme du ‘’je suis le meilleur’’ ! Être à la tête des nations n’est pas l’objectif du juif – ceci est une vision qui n’a rien de juif. Nous avons certes un rôle face aux nations, comme les nations ont un
rôle face aux juifs. Mais ce combat d’être présent et communiqué des propos d’un soi-disant judaïsme à tout va m’insupporte… Lorsque je dis que la vocation du juif n’est pas de montrer sa supériorité aux et sur les nations cela ne doit pas se traduire par la volonté d’une ressemblance quelconque, h’as véchalom ! Je suis partisan du : ‘’nous sommes tous différents’’ ! Il n’y a rien de plus mensonger et de plus dramatique que le slogan ‘’nous sommes tous égaux’’, mais hélas ce que les hommes refusent de comprendre c’est que ‘’différence’’ n’est pas synonyme d’inégalité ! DIFFERENT DANS L’EGALITE ! Là je défends la différence c’est-à-dire je défends mon individualité tout en étant égal d’avec l’autre dans le sens où je ne lui impose surtout pas ‘’ma’’ pensée, nous sommes tous égaux d’avoir le droit d’être différent.
Si je me suis quelque peu égaré du Dvar Tora habituel, c’est parce que la sensibilité des évènements que nous vivons aujourd’hui est telle que d’immondes propos sont tenus au nom du judaïsme et par des juifs qui éloignent la venue du machiah’, et qui abîment le sens de l’histoire. Cette Michna nous invite à se repositionner en tant que maillon dans l’histoire. De toute évidence les évènements nous conduisent à nous interroger sur le ‘’quel est ma place’’, et la réponse se trouve là : Le juif est à la queue des lions et non à la tête des renards
!
Rav Israël Méir Lau dans son Yah’el Israël développe cette idée davantage il écrit : Rabi Matya ben H’arach vivait à Rome, il vient rappeler aux juifs de la communauté ‘’comportez-vous avec finesse, droiture et savoir vivre dans le pays où vous êtes installés – respectez votre entourage’’. Sauvez-vous des renards, restez proche de ceux qui représentent la Tora. L’empereur Julius pronait le solgan ‘’mieux vaut être empeureur dans un village plutôt que de seconder le César 0 Rome’’, là le Maître répond ton orgueil ne te laisse pas tranquille, tu préfères être le roi dans un village plutôt que d’être subordonné par le César, c’est bel et bien une erreur ; car, l’essentiel n’est pas de savoir qui est à la tête du système où tu te trouves, l’essentiel c’est de savoir qui tu fréquentes. La vocation de l’homme n’est pas de nourrir son ego mais d’améliorer son être ! LA QUALITE DE L’HOMME EST AU-DESSUS DE SA POSITION SOCIALE !
Nous rajouterons : parce que l’essentiel n’est pas de devenir les rois des autres mais de devenir le roi de soi-même !
Rav Chlomo Kluger dans son Magen Avot propose d’interpréter le lion et le renard comme étant l’image de ce monde ci (pour le renard) et du monde à venir (pour le lion). En simple cette idée veut que là où l’homme se croit être à la tête un jour il se rendra compte qu’il n’était qu’à la queue. Ceci me rappelle l’histoire de Yossef et ses frères, eux qui ont tout fait pour réduire leur frère voilà qu’il se retrouve à seconder le roi d’Egypte, plus grande puissance mondiale. Est-ce que la tête où tu te trouves vaut vraiment le coup ? On peut même s’interroger si cette tête est représentative de quelque chose de valeureux !
Rabi Avraham Azoulaï zal dans son Ahava Bétaânouguim fait une remarque intéressante, il arrive parfois que l’homme se rende compte qu’il n’est pas doté d’un grand pouvoir d’investissement dans la Tora et il se dit ‘’de toute façon je ne serais jamais une grande lumière !’’. Ce regard petit de soi conduit l’homme à tout abandonner. Le Maître vient nous dire ici ‘’même si tu n’es pas en mesure d’être à la tête du lion sois au moins à sa queue’’. Ce n’est par ce que tu ne seras pas le meilleur que tu seras automatiquement le nul. Ce n’est pas parce que tu ne peux pas faire bien que tu dois faire mal. Ne te laisse pas aller à la médiocrité sous prétexte que tu ne peux avoir accès à la couronne. C’est extraordinaire comme vision des choses qu’on peut et doit étendre à toute la Tora. Tu ne peux pas étudier dix heures par jour, viens étudier dix minutes. Tu n’es pas encore en mesure de faire Chabat vingt-cinq heures fais au moins Chabat vingt-cinq minutes. Tu n’es pas en mesure de donner mille euros à la tsédaka donne cent. Etc. L’excellence est la sœur de la médiocrité !
Dans son commentaire Anaf Ets Avot notre Maître Rabénou Ovadya Yossef ztsal illustre cette Michna par les propos du Midrach Raba au nom de Rabi Chimon bar Yoh’aï : lorsque Parô a vu tous les miracles que Sara a vécu lorsqu’il l’avait kidnappé il dit à sa fille Hagar ‘’je préfère que tu sois servante dans la demeure de Avraham plutôt que princesse dans mon palais’’. Il y a là un message très fort que le pharaon a su transmettre à sa fille, il l’a défait de son rôle royal et l’envoie servir auprès de Avraham et Sara ! Je suis certain que les rois et toutes les autorités des nations ont pris Parô pour un fou, on fait de nombreux choix pour nos enfants à cause du regard des autres. ON TUE NOS ENFANTS A CAUSE DE CE REGARD ! Certains ont honte d’envoyer leurs enfants à la yéchiva, d’autres ont honte de dire que leurs enfants ont fait téchouva. Sois pauvre dans une yéchiva plutôt que riche dans une université, si c’est ce que tu désires ! Envoyez vos enfants à l’école juive même si…
Le Maharal propose une idée géniale sur toute cette étude : lorsque tu es à la queue des lions tu portes le nom des lions alors que lorsque tu es à la tête des renards tu portes le nom des renards ! Cela veut dire qu’en vérité tu gagneras en noblesse et en renommée si tu es à la queue des lions plus que si tu es à la tête des renards. Ceci est extraordinaire car si j’ai commencé cette étude par remarqué que l’homme cherche une place dans son univers il y a quelque chose qu’il cherche davantage c’est sa renommée. Là le Maître nous dit : quel que soit les choix que tu fais dans la vie, fais attention au nom que tu te fais ! Choisis le système qui te vaudra un nom noble selon les valeurs nobles.
