Rav Imanouël Mergui
Notre paracha (Ki Tavo) est le programme même de la bénédiction et de la malédiction. La Tora décrit les conditions pour bénéficier de la bénédiction et les contextes dans lesquelles la malédiction s’abat. Inutile de rappeler les grandes lignes de cette paracha il suffit d’arriver à temps à la synagogue pour suivre la lecture de la Tora et d’étudier ensuite cette paracha. D’ailleurs la plus grande des bénédictions reste, selon tous les Maîtres de la Tora, l’étude de la Tora elle-même ! Mais bon, on préfère un fil rouge ou je ne sais quel autre charlatanisme pour fantasmer la bénédiction plutôt que de se pencher vers la plus authentique des bénédictions qui est l’étude de la Tora. Je suis toujours impressionné des prétextes qu’on trouve et qu’on s’invente pour se libérer d’un cours de Tora ! Je ne comprends pas, on veut la bénédiction ou pas ?! Oui, me dira-t-on, on veut la bénédiction et on ne veut pas la malédiction, mais – ah !ce fameux mais – on veut une bénédiction qui nous engage en rien. Mais c’est justement cela le concept de la bénédiction ; c’est changer de mode de vie, c’est également adapté son mode de vie à celui qui sera synonyme de bénédiction. On ne peut espérer la bénédiction dans un style de vie qui s’oppose à la bénédiction. La bénédiction ne se marie pas avec toutes nos erreurs et nos bêtises. Certes étudier c’est dur, très dur, mais c’est le prix à payer pour être bénit !!! … L’étude de la Tora est la plus grande des bénédictions. En cette veille de Roch Hachana – jour du jugement où sera fixé qui bénéficiera de la vie, il ne nous reste que l’étude de la Tora parce qu’elle est notre vie « ki hèm h’ayénou ». Yom Hakipourim – le jour du Pardon, comment espérer le Pardon Céleste si on ne revient pas vers Lui ? Or le seul moyen de revenir vers D’IEU c’est l’étude de la Tora. Alors suffit les discours de baratin remettons nous sérieusement à l’étude …
Revenons aux textes talmudiques nous guidant vers la bénédiction. Au traité Chabat 62b le Talmud énonce « la pauvreté se trouve chez celui dont sa femme le maudit ». Les ‘’hommes’’ se réjouiront de lire ce passage ils accuseront leurs épouses d’être la cause de leur échec qui plus est dans le domaine de la parnassa. Attention en trouvant chez l’homme la raison de la malédiction que lui injure sa femme ne veut pas dire que toute la faute est remise sur l’homme. J’ai une théorie très simple quant au couple homme/femme : jamais l’un est fautif sans l’autre – c’est toujours de la faute des deux. Le couple c’est une histoire à deux on partage les moments agréables, comme les erreurs… Par conséquent c’est peut-être lui qui a poussé sa femme à bout et c’est donc à cause de lui qu’elle prononce des insultes, mais toutefois c’est elle qui a prononcé ces injures. En somme je dirais : l’homme ne doit pas exciter sa femme jusqu’à ce qu’elle en arrive à prononcer des malédictions !
Je voudrais rattacher ce texte à un autre passage du Talmud cité au traité Yébamot 62a « Rabi Tanh’oum a enseigné au nom de Rabi H’anilaï : tout homme célibataire qui vie sans femme réside sans joie, sans bénédiction, sans bonheur. En Erets Israël on rajoutait : sans Tora, sans barrière. Rava fils Oûla rajoutait : sans paix ». Ce texte m’a toujours surpris, l’homme moderne pense que le bonheur ne se trouve pas dans le mariage mais dans le célibat. Il est certain que célibataire on fait ‘’sa vie’’ (on a le temps de finir ses études ! à lire avec ironie…) mais pour nos Sages cette vie de célibat est un mode de vie absout de joie, bénédiction, bonheur, Tora, barrière, et paix. Le décalage entre ce que l’homme moderne pense et ce que nos Sages nous enseignent est énorme. C’est surprenant. La bénédiction se trouve dans le couple et son harmonie. Si la femme qui maudit est une malédiction l’homme qui ne se marie pas ne peut connaître la bénédiction. Qu’est-ce qui nous reste à faire ? Se marier et s’efforcer de ne pas se faire maudire par sa femme !
Etudier la Tora et se marier sont deux activités qui changent radicalement notre mode de vie, parce que se sont deux activités qui nous remettent sans cesse en question. Or c’est bien là la bénédiction : ne pas s’encrasser dans une vie routinière sans challenge voire sans aventure. La plus grande des bénédictions c’est réviser sans cesse ses positions dans la vie et corriger ses erreurs.