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Hommage à mon maître Hagaon Rabi H’aïm Tsvi Hacohen Rozenberg ztsal

Rav Imanouël Mergui – Rav et Roch Kolel Nice

Le Rav ztsal nous quittait à la section Tétsavé du livre de Chémot. Dans cette section le nom de
Moché n’est pas mentionné ! Pourtant cette paracha ouvre par le mot hébraïque ‘’véata’’ – et toi. Il y
a une disparition certaine mais un ‘’toi’’ mis en avant !
J’ai connu le Rav ztsal j’avais 13 ans et depuis 34 ans je ne l’ai pas quitté. Il avait la qualité de faire de
chacun de nous un ‘’toi’’ à part entière. Il reconnaissait la valeur de chacun de ses élèves et a fait de
nous une personneaccomplie. Personne n’était nul ! Il croyait en chacun, d’aucun n’était rejeté ou
mis à l’écart. Quel que soit l’âge de ses élèves, tous avaient une place. Il s’occupait de chacun comme
s’il était son propre enfant. Sa maison était ouverte à tous mais encore plus son cœur. Il aimait tout
le monde. La chaleur de son affection se faisait ressentir grandement.
Il aimait la vie, il aimait tout le monde, mais ce qu’il aimait le plus c’était la Tora. Il maîtrisait la Tora
et il avait l’art de faire aimer la Tora à tous. Son érudition et son assiduité à l’étude, dépassaient tout
ce qu’on peut imaginer. Ses qualités humaines rayonnaient au-delà de simple bonnes vertus. Son
humilité, sa franchise, sa force de dire la vérité sans jamais ne froisser quiconque – c’était d’autant
plus réconfortant que revigorant d’entendre une remontrance de sa part.
La hauteur du Rav ztsal : grandeur de Tora, grandeur d’homme, grandeur de qualités hors norme,
nous laisse un vide incommensurable. La métamorphose qu’il a su apporter à la communauté
française depuis 1983 (où il est arrivé en France) nous a marqué pour la vie. Le courage pour diriger
la première Yéchiva Kétana en France exprime toute la force de sa Foi. Alors à peine âgé de 28 ans il
a œuvré face aux tempêtes de l’esprit français pour montrer que s’investir pleinement dans la Tora
était plausible même pour des jeunes adolescents. Cent élèves passent par la Yéchiva Kétana en 7
ans. Ils occupent actuellement, dans plusieurs continents, des postes communautaires des plus
élevés.
Les gens disent qu’il faisait un cours de Talmud appelé ‘’Daf Hayomi’’ (étude de deux pages de
Talmud par jour). Pardon, ceci n’est pas précis, c’est l’étude du Daf dans son sens approfondi qui est
à retenir. Pour lui il n’y avait rien de banal. Lorsque j’ai choisi de tenir un discours en sa mémoire
dans notre Kolel j’ai dit que chaque page du Talmud est une leçon qu’on pouvait rapporter au Rav
ztsal. Il n’y a pas de passage talmudique qui ne serait rappelé sa mémoire.
La vigueur avec laquelle il était investi dans la Tora et l’accomplissement des commandements est
d’autant plus impressionnante qu’engageante. Quand on voyait et parlait avec le Rav ztsal on se
trouvait dans un état hypnotique et absorbant. On voulait tenter son pareil. De son regard aiguisé il
savait ouvrir les cœurs pour les ramener à leur Créateur.
Le monde de la Tora a perdu un très Grand Homme, la France a perdu un de ses plus Grands Maîtres.
J’adresse à la Rabanite et à toute sa famille toutes nos expressions de consolation.