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LA CUISINE CASHÉRE

Rav Imanouel Mergui

La casheroute occupe une place majeure dans la vie du juif, d’abord par rapport à son importance en tant que loi de la Tora ; mais, également parce que nous passons un temps considérable de notre vie à manger et grignoter !

Le concept de ‘’cuisine cashère’’ est un terme qui nous dit que la casheroute n’est pas que le problème des aliments mais également des ustensiles de la cuisine ! Un jour j’ai été convié chez une personne qui m’assurait qu’il cuisinait cashère, je lui demande alors s’il avait fait ‘’tévilate kélim’’ ? Il était étonné de ma question et me rétorque : qu’est-ce que c’est que ‘’tévilate kélim’’ ?!

Les ustensiles de la cuisine se sont ‘’tous’’ les éléments qui s’y trouvent : les couverts, les éviers, le four, le micro-onde, le lave-vaisselle, le frigidaire. Tous doivent répondre aux critères de la hala’ha.

Rabbi Yossef Karo ztsoukal dans son Choul’han Arou’h Yoré Déâ consacre 139 chapitres traitant des lois de la casheroute en voici les titres (liste non exhaustive), les lois de : l’abattage rituel – chéh’ita, les imperfections de la bête – tréfote, la viande non surveillée – bassar chénitâlem min haayin, le sang (dans les œufs par exemple) – dam, la salaison de la viande – méli’ha, les signes des animaux, des oiseaux et des poissons purs – simané béhéma ’haya véôf védaguim, les insectes – tolaïm, les œufs – bétsim, lait et viande – bassar béh’alav, mélange avec des aliments non cashères – taârovote, aliments préparés par le non-juif – pate et bichoul akoum, à qui peut-on faire confiance pour les lois de casheroute – héh’achoude lidvar issour, tremper les ustensiles au mikwé – tévilate kélim, le vin cashère – yayin nesse’h, prendre un repas avec un non-juif – a’hila im akoum. Et dans Orah’ H’aïm on trouve les lois de la cashérisation des ustensiles – hagâlate kélim. S’additionnent à ces textes les milliers de réponses se trouvant dans les livres appelés ‘’CHéélote OUtéchouvot’’, comme ceux de Rav Moché Feinstein, Rav Ovadya Yossef, et d’autres grands Maîtres de la Tora.

S’ajoute à cela la production en usine des produits alimentaires. Il est impossible d’acheter à l’extérieur un quelconque produit, vraiment des plus banales, sans s’assurer auprès d’un Rav de sa validité hala’hique. Même un simple jus de fruit ou un paquet de chips, à fortiori des bonbons et parfois même du pain, rencontrent des questions graves de casheroute…

Je n’écris pas ces lignes pour vous apeurer, ne croyez pas que vous ne pouvez pas y arriver ! Mais les gens ignorent deux points fondamentaux quant à la casheroute :
1) la casheroute ce n’est pas de la ‘’religion’’ se sont des lois de la Tora (voyez par exemple la paracha de Chémini et de Rééh), s’ajoutent également les institutions des Sages – guézérote vétakanote. J’entends parfois des gens dire : ça va, ce n’est pas très grave si tu manges tel ou tel produit !,
2) la production actuelle dans les usines (et la mondialisation des produits ne facilitent pas la tâche) est inconnue du grand public, les gens pensent qu’on est fou lorsqu’on leur dit que certaines boissons ne sont pas cashère. Ce n’est pas de la folie ce sont des vraies commandements de la Tora. Pour ne citer qu’un exemple parmi des millions : dans certaines boissons se trouvent des conservateurs, émulsifiants, améliorants, colorants et édulcorants précédés de la lettre ‘’E’’, il existe (au moins) 49 ‘’E’’ interdits en l’absence de contrôle rabbinique !!! Les Rabanim se spécialisant dans la fabrication de produits cashères nous rendent un énorme service – si certaines gens désabusées croient que les Rabanim abusent et ont fait de la casheroute du bisness, ce n’est rien d’autre que de la pure ignorance. Sans le concours de ces dits Rabanim on aurait dû se contenter ‘’de pain et d’eau fraîche’’ !

Comment faire pour s’assurer d’avoir une ‘’cuisine cashère’’ ?

Ce n’est pas très compliqué en soit :
1) apprendre les lois de la casheroute, à travers des livres ou des bons sites de Tora, en assistant à des chiourim, en organisant des chiourim sur le sujet.

2) Avoir sur soi des numéros de téléphone de Rabanim. Il faut poser des questions même les plus ‘’bêtes’’ plutôt que de manger comme une bête ! A l’heure actuelle on ne peut pas se permettre de manger tout et n’importe quoi, on a barouh’ achem les moyens de manger cashère selon les règles de la hala’ha, ne pas manger cashère c’est tout simplement de la mauvaise foi. Et si c’est une question financière alors on appelle son Rav et on lui expose le problème.

Un jour suite à un chiour je me faisais raccompagner par un élève, on traitait justement de la casheroute et il se plaignait des prix ‘’exorbitants‘’ des produits cashères. Je lui répondis par deux points :
1) il roulait dans une BMW… Vous avez compris la suite, je lui dis : une BM à 80000 euro ce n’est pas cher mais un yaourt à deux euros c’est cher… ???,
2) j’ai moi-même comparé les prix entre des supermarchés cashères et des supermarché ordinaire j’ai trouvé au moins deux produits moins chers dans le cashère : l’huile et le lait !!! Un jour je demande à un étudiant pourquoi il mange un sandwich acheté dans une boulangerie non cashère ? Il me répond : parce qu’à la boulangerie cashère le sandwich est deux fois plus chers ! Je suis rentré dans la boulangerie non cashère voisine à la boulangerie cashère et, à ma grande surprise, le sandwich dans les deux boulangeries était exactement au même prix ! Un jour je demande à un juif pourquoi il buvait du vin non cashère ? Il m’a répondu : le vin cashère n’est pas bon, je lui ai raconté que j’avais rencontré un voisin non juif dans une épicerie cashère qui venait acheter du vin cashère parce qu’il le trouvait très bon !
Lorsqu’on parle de ‘’cuisine cashère’’ il faut rappeler également la qualité du/de la cuisinier/ère, non pas qualité dans ses atouts culinaires mais dans sa qualité halah’ique ! Effectivement la halah’a se penche sur cette question : un cuisinier non juif ou encore un cuisinier qui ne respecte pas le chabat, ou bien encore même s’il respecte le chabat mais qui ignore tout simplement les lois de la cacheroute ; la cuisine préparée par ces personnes estelle cashère ? A qui peut-on faire confiance pour dire ‘’ma cuisine est cashère’’ ? Pourquoi tant de lois, tant de ‘’complications’’ (comme disent certains), autour de la casheroute ? Peut-être parce que ces lois nous renvoient notamment à la faute première de l’homme, lorsqu’il transgressa l’ordre divin ‘’ce fruit tu mangeras et celui-là tu ne mangeras point’’ ! Il est certes intéressant d’étudier de façon plus approfondie ce passage de la Tora, il est évident que la question s’impose : pourquoi était-il si difficile à Adam Harishon de se retenir de manger le fruit défendu ? Ce n’est pas chose évidente ; en tout cas le yetser hara de la nourriture est tellement prenant que l’homme a bien souvent du mal à retenir ses envies, il peut perdre le monde et la vie pour ‘’un fruit’’.

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