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La subsistence matérielle

Rav Imanouel Mergui

Qui ne connaît pas de souci quant à sa פרנסה ?! Attention souci ne sous-entend pas

obligatoirement problème ou difficulté majeure. Lesouci c’est la préoccupation de ’’bien gagner’’ sa vie, comme on dit. Lorsqu’on rencontre un grand personnage de la Tora on afflue

  • sa porte pour lui demander ses bénédictions quantà notre parnassa. Dans notre prière quotidienne on prie avec beaucoup d’intensité la bénédiction traitant de laparnassa.

Laquelle ? La 9eme bénédiction Bareh’: Alénou. Certains livres de prière ont intercalé un passage dans la 16eme bénédiction de laamida : Chéma Kolénou.Sans oublier ceux qui offrent beaucoup d’argent pour pouvoir ouvrir le rideau du Héh’al le jour de Kipour afin de s’assurer une parnassa riche. Cependant l’Assurance Parnassa n’existe pas ! C’est dire que la parnassa est une réalité quotidienne. Mes affaires marcheront-elles encore longtemps ? Mesétudes me seront-elles efficaces pour gagner suffisamment d’argent ? Qui m’assure que mon patron ne me licenciera pas un jour ou l’autre ? Etc. Autant d’étonnements qui laissent l’homme dans l’incertitude du lendemain. Sans oubli er la crise économique …

La parnassa est sans aucun doute un des sujets les plus sensibles de la vie de l’homme. Elle touche son portefeuille, sa stabilité sociale, sa situation familiale et son ego. Elle touche bien évidemment des domaines de la Tora tel le Bitah’on וחטב – traduit populairement par la confiance en D’IEU ; Tant qu’on n’a pas ETUDIE le Bitah’on on pense que cette confiance en D’IEU est plutôt de la folie et de l’insouciance. C’est tout simplement parce qu’on IGNORE la définition et les enjeux du Bitah’on. Lorsqu’on a goûté aux ouvrages traitant du Bitah’on on a un regard complètement opposé, on se pose mêmela question : comment les gens peuvent-ils faire tellement confiance aveuglément à leur travail ! (Extrémisme ou folie ? Réalité ou constat ? A chacun de choisir son système et d’y vivre en équilibre.Attention ! Il n’est pas la volonté de ces lignes de dire qu’il ne faille pas travailler ! Oui ou non ! Là n’est pas le débat). Je ne citerai qu’un seul ouvrage traitant longuement du Bitah’on et de sa conséquence sur notre parnassa c’est celui de Rabénou Béh’ayé’’Le devoir des Cœurs’’ תובבלה תובוח. Ce n’est pas un ouvrage qui se lit mais qui se vit !!!

Que peut nous livrer comme enseignement notre paracha ? C’est au chapitre 28 que la Tora raconte que notre troisième patriarche Yaacov se retrouvant à Bet-El adresse sa prière

  • D’IEU. Il n’y évoque pas seulement son souci ’’parnassatique’’ mais entre autres il demande à D’IEU « de lui donner du pain pour manger et des vêtements pour s’habiller » (verset 20). Ainsi D’IEU lui avait-il promis de ne point l’abandonner, or celui qui recherche du pain est appelé ’’abandonné’’ – explique Rachi. Intéressant est de noter que nos premiers patriarches, Avraham et Yitsh’ak connaîtront la famine. Yaacov anticipe, peut-être, cette situation en adressant sa requête à D’IEU. Ce qui est encore plus remarquable c’est l’expression de sa demande « du pain pour manger » ! Yaacov nous invite à cibler notre demande : « pour manger ». Pourquoi avons-nous tellement peur de notre parnassa ? Pourquoi investissons-nous tellement de temps et d’énergie à notre parnassa ? Pour ’’bien gagner’’ sa vie – répondra-t-on. Mais c’est bien là la question qu’il convient de soulever : que veut dire ’’bien gagner’’ sa vie ? Ce qu’il faut po ur manger, nous répond notre patriarche Yaacov. C’est-à-dire que la question cruciale et dérangeante est de savoir surtout si l’on veutvivre dans le NECESSAIRE ou le SUPERFLU. Cela même s’il nous semble d’évidence que nous recherchons absolument et uniquement le NECESSAIRE. Voir à ce propos les dires de Rambam dans ’’Le guide des Egarés’’ 3eme partie chapitre 12 (page 440 éditions Verdier) sur notre verset.

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Sforno déduit encore une idée de cette expression prononcée par Yaacov. Il écrit :

  • Du pain pour manger afin que la pauvreté ne me conduise pas à commettre l’insensé et à passer outre la volonté (peut-être le projet) divin – ינוק תעדו יתעד ». L’idée suivante en découle : le rapport que j’ai avec ma parnassa témoigne du rapport que j’entretiens avec moi-même et avec mon créateur. Et ce, aussi bien au niveau de la confiance que je Lui reconnais et de mon investissement quant au ’’service’’ divin. E n d’autres termes quelle place j’accorde à D’IEU dans mon portefeuille comme dans ma vie toute entière ? Eh oui ! D’IEU n’a pas de

place uniquement dans le ’’cœur’’ de l’homme. IL a une implication directe, qu’on le veuille ou pas, consciemment ou inconsciemment, dans notre argent. Yaacov nous délivre donc plusieurs enseignements : 1) Prier pour la parnassa, 2) Préciser le besoin nécessaire qui nous est utile. Dire à D’IEU « aide moi pour ma parnassa » c’est lui dire combien d’argent j’ai besoin pour vivre, 3) C’est aussi Lui dire que j’ai besoin d’argent pour Le servir. D’ailleurscomment pourrait-on demander à D’IEU de nous aider à ’’bien gagner’’ notre vie si on ne lui en renvoie aucun retour. Pire encore si on ne manifeste pas que Lui-même est l’enjeu de notre parnassa. Pire encore si avec l’argent qu’on Lui demande on ne le calcule pas dans notre viequotidienne.

La parnassa c’est un jeu d’argent où D’IEU n’est pas un advers aire mais un

allié !