Rav Imanouël Mergui
Au traité Bérah’ot 57B les Sages nous dévoilent un des plus beau secret concernant le
Chabat « chabat est un soixantième du olam haba » – chabat est semblable au monde à venir
!!! Personnellement j’ignore tout du olam haba, mais j’ai compris (enfin je pense avoir
compris) que le olam haba nous livre comme enseignement que la vie que nous menons
dans ce monde au présent n’est pas toute l’histoire que l’homme vie. La vie commence dans
ce monde et se poursuit dans ‘’l’autre’’ monde. Là à travers cet enseignement nos Sages
nous disent qu’on peut vivre une dimension du futur, de l’autre monde dans ce monde icibas ! On pourra étendre l’idée et dire que chabat nous donne un autre regard sur la vie de ce
monde ci. En fait je vais vous faire part d’une interrogation qui me travaille l’esprit :
pourquoi tant de juifs ne respectent pas chabat ? C’est un drame national ! Je traverse
quelques rues le chabat et voit combien de juifs qui sont à l’ouest du chabat, cela me peine.
Un juif qui ne fait pas chabat c’est une catastrophe. D’IEU merci beaucoup respectent
chabat, mais trop ne le respectent pas, beaucoup trop. Aucun juif ne devrait transgresser
chabat. Je ne sais même pas comment peut-on se dire juif sans faire chabat. Je ne sais pas
comment des juifs qui ne font pas chabat peuvent-ils représenter le peuple juif au niveau
familial, communautaire ou encore national ??? Comment défendre notre identité juive sans
faire chabat ? Comment défendre la terre d’Israël sans le chabat ? Comment exprimer notre
fierté d’être juif en jetant chabat dans les oubliettes ? Comment croire et espérer une vie
meilleure sans respecter chabat ? …
Quel est le sens de l’expression ‘’un soixantième du olam haba’’ ?
Métivta rapporte au nom du Chlomo Michnato une lecture négative : même si l’homme
pratique toutes les mitsvot de la Tora mais qu’il transgresse le chabat aux yeux de tous, alors
le chabat est tel un aliment interdit qui s’est mélangé dans des aliments permis et les
rendrait tous interdit. La transgression du chabat annule toutes les autres mitsvot
accomplies !
Ceci est très puissant tout d’abord parce que le Talmud au traité Sota 11A nous enseigne que
la faute n’éteint pas la bonne action accomplie, ce principe s’adapte à toutes les mitsvo et
avérote de la Tora mais chabat est l’exception – transgresser chabat ça efface toutes les
bonnes actions !
Cette idée nous montre la puissance du chabat – on peut le dire également en positif :
respecter chabat ça rehausse et sur dimensionne toutes les autres mitsvot de la Tora !
Encore plus positive est la lecture du Tsadik Rav Israël Eliyahou Weintrub ztsal (Raza
Déchabat page 45) : puisque chabat est un soixantième cela veut dire qu’il ne connaît pas
d’annulation, il ne s’annule pas dans la vie de ce monde ci, c’est-à-dire que le chabat a l’art
de réunir et de relier ce monde ci avec le monde à venir et redimensionne toute la vie de ce
monde ci ! Si chabat est un soixantième du olam haba cela veut dire que chabat nous
apprend quelque chose qui va au-delà de ce monde ci, chabat n’appartient pas à l’univers de
ce monde, chabat c’est sortir du monde, et le olam haba rempli l’univers du chabat (id.page
4). Selon cette idée surpuissante il ressort que chabat nous sort de ce monde et nous fait
voyager dans le olam haba pour nous reconduire dans ce monde matériel avec l’esprit du
olam haba. C’est le futur qui s’introduit dans le présent !
Selon le Yaavets (Métivta) le repos et les délices consommés en ce jour de chabat sont un
soixantième du olam haba. Olam haba c’est le monde du délice, à la condition de ne pas se
tromper de définition du mot délice ! Mais, encore une fois ce dit délice du monde à venir,
de la vie future c’est quelque chose dont on peut goûter dans la vie au présent. Tous les
délices de ce monde ne nous offre pas le ‘’vrai’’ délice. Transgresser chabat c’est se priver
d’un délice authentique. Le Ben Yéoyada (Métivta) dit clairement que le olam haba dont
parle ici le Talmud ce n’est pas le monde des âmes mais c’est la vie physique qui suivra la
résurrection. Il en ressort donc que faire chabat c’est avoir l’assurance de revenir et de ne
pas mourir pour toujours. Chabat c’est investir dans une vie éternelle dans ce monde !
Plus de surprise lorsqu’on lit que le chabat nous ramène à l’état de Adam avant la faute…
Pourquoi le chabat nous a été donné ? Le Tsadik Rav Galinsky zal répond : justement pour
nous faire goûter le olam haba dans et à l’intérieur de notre vie matérielle, ainsi durant la
journée du chabat nous nous déconnectons du fantasme de la vie que nous menons et
vivons pleinement et réellement la vie présente. Chabat c’est le moteur de notre vie
présente. Celui qui ne fait pas chabat est déconnecté de la vie. (Véhigadta Dévarim page 64,
et Hagada page 284)). Arrêtons de rêver notre vie, vivons nos rêves – c’est le slogan même
du chabat !
Rabénou Yérouh’am ztsal explique l’aspect olam haba du chabat à travers ce que disent nos
Sages, rapporté dans Rachi Béréchit 2-2, sans chabat le monde est imparfait, manquant,
inachevé (Daat Tora Dévarim II page 88). Le olam haba c’est le ‘’finissement’’ de ce monde.
Celui qui ne fait pas chabat ne peut rien vivre d’achevé de complet, il vie dans le manque
dans l’absence dans la frustration. Et ce qui est inachevé ne perdure pas dans le temps, alors
que ce qui est complet vie pour l’éternité – chabat c’est donner un sens éternel aux activités
de la vie, c’est cela le olam haba, conclut Rabénou Yérouh’am. Chabat c’est ne pas mourir.
Celui qui ne fait pas chabat est mort, celui qui fait chabat ne meurt jamais.
Faire chabat c’est le olam haba, ne pas faire chabat c’est l’enfer – Alchih’.