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À quoi tu penses ?

Rav Imanouel Mergui

Partie 1

Certains ont dit ‘’dis-moi à quoi tu penses je te dirais qui tu es’’, l’être est défini là par sa
faculté de penser. Je ne veux pas analyser ici l’envergure dont cette phrase reflète. Tout le
monde est d’accord que la pensée occupe une place majeure dans la vie de l’être. Nous
vivons tous avec quelque chose qui ressemble à cette phrase, par exemple lorsqu’on dit ou
lorsqu’on fait quelque chose envers autrui bien souvent on prétexte que ce n’était pas notre
intention, on veut dire par là que du fait que ce n’est pas mon intention de nuire alors je suis
innocent, comme si l’être coupable n’était que celui qui avait pensé et prémédité (retrouvez
pré et méditation !) la chose. Je ne rentrerais pas ici dans la question de savoir quand et si la
culpabilité dépend de l’intention et de la préméditation, c’est une grande question qui
traverse tout le Talmud. Je veux essayer de trouver quelle place a la pensée dans la Tora ?
Quelle valeur reconnaît la Tora à la pensée ? Je me suis rendu compte que certaines gens
‘’pensent’’ que la Tora est bête (même s’ils ne le disent pas tout à fait de cette façon) et que
pratiquer la Tora conduit l’homme à devenir un robot qui ne pense plus ces faits et gestes,
comme s’il répondait bêtement à des instructions programmées. Les ‘’intellos’’ voient dans
les ‘’religieux’’ des idiots de D’IEU. Les laïcs considèrent les pratiquants comme des hommes
insensés ! A quelques jours de roch achana, là où l’homme est jugé sur ses faits, à l’approche
de yom kipour où l’homme doit se repentir de ses actes, il oublie bien souvent que jugement
et repentir vont au-delà de l’action et impliquent également la pensée. Oui D’IEU nous juge
sur nos pensées ! Oui, il s’impose de faire téchouva sur ce que nous pensons ! C’est bien là le
problème l’homme n’aime pas qu’on lui impose de penser, comment penser, et quoi penser.
Comme si la pensée était quelque chose d’innée, de spontané et de ressentie. Je pense
comme ça parce que je ressens comme ça. Or ressenti et pensée ne sont pas sœurs jumelles.
Arriver à penser sans émotions. Les émotions ont toutes leurs importances, cependant à un
moment donné il faut penser sans émotivités aucune. Le Zohar dit (je n’ai pas la prétention
de l’avoir lu et compris) ‘’le cerveau se trouve dans la tête et non dans le ventre’’ !
Je ne vous apprends pas grand-chose en vous disant que l’homme se doit de penser ; qui
pense qu’il ne pense pas ? Bien que je pense profondément qu’il arrive bien souvent qu’on
ne pense pas, on pense que l’on pense…
1) Je dis que la téchouva concerne aussi la pensée, 2) Je vous propose d’étudier la
pensée dans la Tora.
La pensée est un univers qui anime la vie de l’homme et on ne peut se laisser penser sans
prendre sa pensée ‘’en main’’.
Dans la Tora la pensée connaît plusieurs termes qui dénotent les différents niveaux et
différentes couches de la pensée : h’oh’ma, bina, daat, seh’el, kavana, hirhour. Chacun de
ces termes est une étude en soi, nous toucherons ici un échantillon à propos de hirhour.
Dans le troisième chapitre du chémâ la Tora dit « lo tatourou ah’aré lévavh’m véah’aré
énéh’em acher atem zonim ah’aréhem » – vous ne vous détournerez pas après vos yeux et
votre cœur dont vous vous détournez. Il y a ici trois choses 1) levavh’em – votre cœur, 2)
énéh’em – vos yeux, 3) acher atem zonim – dont vous vous détournez. En simple la Tora nous
enjoint de ne pas nous laisser nous détourner après des éléments qui nous détournent.
Quels sont ces trois éléments ?
Au traité Bérah’ot 12B le Talmud explique :
« 1) votre cœur c’est l’hérésie – minoute, 2) vos yeux c’est hirhour avéra, la pensée de la
faute, 3) atem zonim – c’est hirhour avoda zara, la pensée de l’idolâtrie. »
Il y a ici trois contenus de la pensée que la Tora condamne et interdit : l’hérésie, la pensée de
la faute, la pensée de cultes étrangers.
Si et puisque la Tora a besoin de distinguer ces trois pensées on peut supposer que leur
différence ne se situe pas au niveau de leur contenu, je veux dire le contenu de la pensé,
mais elle se situe au niveau de la qualité et du mode de la pensée. La Tora ne dit pas
simplement ne pense pas l’hérésie, la faute et l’idolâtrie, elle use de trois termes différents
pour nous éloigner de ces pensées à éloigner. Intéressant encore de noter que ‘’vos yeux’’
ne fait pas référence au regard visuel mais au regard intellectuel puisque ce terme renferme
l’interdiction de la pensée de la faute. Il faudra encore s’interroger sur la distinction à faire
entre la pensée de la faute et la pensée de l’idolâtrie, pourquoi deux termes pour prohiber
ces deux pensées alors qu’il suffisait de dire tu ne penseras pas la faute et l’idolâtrie ?
D’ailleurs qu’elle est ‘’la faute’’ qu’il ne faut pas penser ? A cela le Talmud répond qu’il s’agit
de la faute de la débauche, la Tora dit ne pense pas la débauche, ne débauche pas ton esprit,
ne commet pas la débauche par ton esprit ! Alors que nous considérions la débauche comme
étant une faute charnelle uniquement la Tora nous surprend en interdisant la débauche
commise par l’esprit. Tout aussi intéressant qu’il en soit ainsi pour ce qui est de l’idolâtrie,
les cultes étrangers sont à éloigner pas seulement au niveau du comportement de l’homme
et de la pratique du culte, mais il y a quelque chose qui se joue au niveau de l’esprit. Ne pas
être un idolâtre dans la pensée.
Voilà un premier passage talmudique qui nous invite à réfléchir sur le contenu et l’exercice
de la pensée…

Partie 2

Certaines personnes sont susceptibles de penser que la pensée n’a pas une si grande
importance. En vérité la pensée est composée de deux éléments : l’action de penser et le
contenu de la pensée. Lorsqu’on dit à quelqu’un de penser avant d’agir comme on dit
‘’penses à ce que tu fais’’, cela peut vouloir dire soit que tu n’as pas pensé soit que tu as mal
pensé. Tout le monde pense, on pense même qu’on pense ! La question est de savoir bien
penser. L’exercice n’est pas facile, parce que si la réponse est ‘’bien sûr que j’ai pensé’’ cela
ne veut pas encore dire que l’on pense dans le sens plein du terme. Effectivement il faut
distinguer entre la pensée instinctive et impulsive et la pensée réfléchie ! J’ai constaté que si
dans la vie tout le monde pense de façon active c’est-à-dire qu’on active notre cerveau pour
réfléchir, pour ce qui est du domaine de la valeur de la vie et de la Tora on pense moins voire
pas du tout. Il y a un laisser-aller pour ce qui concerne le sens de la vie. Un commerçant, un
médecin etc. pense, mais cette même personne dès qu’on l’invite à penser la vie on est
écarté. Cela prouve tout d’abord qu’on est maître de sa pensée puisque l’on décide d’activer
la pensée là où on le désire. Cela prouve également que pour ce qui est du contenu de la
pensée on choisit les sujets que l’on veut penser – je nommerais cela la pensée sélective. Je
pense que l’on ne prend pas assez au sérieux notre faculté de penser. Est-ce si grave ?
Etudions un passage dans Rambam Lois sur la Téchouva chapitre 4 paragraphe 5 qui nous
éclaire. Dans ce passage le Rambam traite d’ « éléments dont celui qui les fait en sera attiré
en permanence et il lui sera difficile de s’en séparer, il lui faudra s’en éloigner afin de ne pas
s’y coller, elles sont des vices ». C’est-à-dire que nous devons nous éloigner de certaines
imperfections en raison de l’entrave à les quitter ! Si le Rambam compte dans cette liste cinq
comportements qui répondent à ce critère nous ne citerons là uniquement celui qui a trait à
notre discours à savoir : « baâl mah’chava raâ » – littéralement : le détenteur de mauvaise
pensée ! Rambam n’en dit pas plus… Si les commentaires sur Rambam sont sur silence je
propose de relier ce texte à notre analyse. Le Rambam nous met en garde contre ‘’la
mauvaise pensée’’, on peut y voir une triple mise en garde : 1) ne pas penser c’est de la
mauvaise pensée, se retenir de penser et penser que certaines choses ne doivent pas être
pensée, elles sont exclues du monde de la pensée c’est en soi une mauvaise pensée, 2) mal
penser, il faut apprendre à penser correctement, 3) le contenu de la pensée, à quoi pensestu ?! En d’autres termes il faut 1) penser, 2) correctement, 3) sur des choses correctes. Il est
important de noter qu’ici dans ses lois sur le ‘’repentir’’ le Rambam nous invite à ne pas
commettre d’erreur pour ce qui est du monde et du mode de la pensée sans quoi l’erreur
risque d’être fatale puisque difficilement corrigible ! La faute de la pensée, faute dans le sens
‘’toraïque’’ et intellectuel du terme, est en opposition à la téchouva. Lorsque de par ailleurs
dans ses lois sur le repentir le Rambam nous appelle à corriger nos fautes commises, c’est un
travail en aval de la faute, pour ce qui est de la pensée le Rambam propose un travail
préventif, en amont. Pour la faute en général le discours est ‘’tu as fauté, je vais t’indiquer la
marche à suivre pour corriger ton mal’’, ici le discours diffère ‘’ne faute pas par la pensée
sans quoi il te sera difficile de faire marche arrière’’ !
Au moment de clôturer mon étude un verset surgit dans ma pensée cité dans la prophétie
de Yéchâiya 55-7 « yaâzov rachâ darko véich avène mah’chévotav » – que l’impie abandonne
sa voie et l’homme ses pensées controuvées ! Parce que le repentir n’est total seulement si
l’homme corrige également la partie cachée qui l’anime, note le Radak.

Partie 3

Nous pensons !, que nous pensons… Nous sommes conscients que la pensée a différents
niveaux… Nous savons que la pensée contient deux éléments : l’action de la pensée, ou
encore le mécanisme de la pensée – le comment penser, et le contenu de la pensée. On ne
peut pas limiter notre faculté de penser à une réaction chimique des neurones et on ne peut
pas non plus se fier seulement à la pensée spontanée qui nous anime… En simple l’être
humain est un être pensant, à la différence de l’animal ; mais, à la condition qu’il fasse bon
usage de sa faculté de penser. On dira encore plus simplement, l’homme n’existe que
lorsqu’il pense, la pensée n’est pas une faculté qui s’ajoute à l’homme en tant que tel, la
faculté de penser fait l’homme. On est homme lorsqu’on pense, on n’est plus homme
lorsqu’on ne pense pas… Et puisque la pensée va bien au-delà de ce que l’homme peut luimême s’imaginer (et la pensée dépasse l’imagination…) alors l’homme découvre un peu plus
ce qu’il est lorsqu’il découvre sa pensée… La pensée est illimitée, donc l’homme est illimité…
Je ne m’arrête pas où je pense, je commence là où je pense, et je continue d’être si je vais à
la découverte de ma pensée. Si je pense que je ne peux plus penser alors j’arrête d’exister…
Le ‘’à quoi tu penses’’ suppose que tu penses ! Et, pourtant il y a des gens qui pensent que ça
ne sert à rien de penser…
Après cette petite introduction (qui vous a peut-être ou sans doute fait mal à la tête) je vous
propose l’étude suivante : Dans la prière quotidienne les Sages ont institué dix-neuf
bénédictions dans la âmida. Dans cette prière on trouve en quatrième position la
bénédiction qui a trait aux facultés du cerveau – ‘’ata h’onène léadam daât’’, on y trouve les
différents niveaux de pensée – h’oh’ma, bina et daât, ou selon d’autres versions h’oh’ma,
bina vehaskel. Nous proclamons que notre faculté de penser nous provient de D’IEU –
certains traduisent même l’image de D’IEU ‘’tselem élokim’’ par lequel la Tora nous dit que
D’IEU créa l’homme par cette capacité de penser ! C’est déjà un premier point important,
majeur et intéressant : la pensée renferme quelque chose de divin… Avec toutes les
conséquences que cela a !
Mais les Sages qui ont formulé cette bénédiction lui ont choisi également un emplacement
que le Talmud analyse. Au traité Méguila 17B le Talmud fait remarquer que notre
bénédiction est précédée par celle de la ‘’kédoucha’’ et est suivie par celle de la ‘’téchouva’’.
En français (approximatif) cela donne le programme suivant : Sainteté – Pensée – Repentir !
Quel programme fabuleux. Déjà cela veut dire qu’il ne faut pas lire les bénédictions de la
âmida distinctement, chacune pour soi, mais qu’il faut les relier et voir en chacune un
maillon qui est relié à une chaîne. La âmida ce n’est pas tout à fait dix-neuf bénédictions,
c’est plutôt une prière composée de dix-neuf éléments !
Pour ce qui est de la pensée il faut impérativement la relier à la kédoucha et à la téchouva. Il
y a là quelque chose qui me dépasse, c’est comme je l’ai dit il y a dans la pensée une
aventure infinie, puisque divine. On ne peut pas penser correctement si notre pensée ne
s’inscrit pas dans ce programme kédoucha-daât-téchouva.
Il faudrait expliquer déjà ce qu’est la kédoucha et ensuite la téchouva pour bien saisir
l’enjeu, la fonction et l’objectif de la pensée. Et, peut-être justement si la pensée démarre
dans la kédoucha et se plonge dans la téchouva c’est déjà pour nous dire que l’origine de la
pensée c’est la kédoucha et son objectif c’est la téchouva. Le point de départ de la pensée
c’est la kédoucha et son point d’arrivée c’est la téchouva. Je sais, ça fait beaucoup de mot en
hébreu !
Je veux seulement me demander si je pense bien, si je pense tel que je suis en mesure de
penser, et enfin, où je place D’IEU dans ma pensée.
Et, encore plus simplement lorsque je pense, suis-je en train de penser ou je pense que je
pense mais je ne suis même pas rentrer dans le monde de la pensée…
La quatrième bénédiction de la âmida répond à toutes ces questions ! ‘’bonne étude, bonne
prière’’

Partie 4

Personnellement je n’ai aucun problème de continuer à traiter de la pensée, si cela vous
gêne…, alors je continuerais davantage. L’homme EST lorsqu’il pense ! Attention, la vie ne se
résume pas qu’à la pensée, nous ne sommes pas (que) des cerveaux ambulants. C’est toute
la différence qui marque les Sages des philosophes, écrit notre Grand Maître Rav Wolbe zal.
Eux pensent et ne vivent que pour et par la pensée, alors que les Sages nous apprennent à
VIVRE notre pensée… Il ne suffit pas de penser la vie, il faut ensuite vivre la pensée… La Tora
ne nous demande de philosopher mais de penser ! Ah mais chacun dira qui ne pense pas ?!
Tout le monde pense ! D’ailleurs lorsqu’une autre personne nous traite d’imbécile (d’être
non pensant) cela nous gêne, c’est peut-être la pire des insultes ; parce qu’on se dit pensant
et nous sommes confus de constater que l’autre ne me voit pas ainsi. Pour l’autre je reflète
un être non pensant ou mal pensant.
J’ai introduit dans l’univers de la pensée la présence de l’autre et ce n’est pas anodin. Notre
pensée implique souvent l’autre, et si elle ne l’implique pas elle l’interpelle, elle le dérange,
elle le gêne, elle le surprend… L’autre est le baromètre de ma pensée, attention je ne dis pas
que l’autre est le baromètre de mon bien ou mal pensé, non non pas du tout. Je pense, un
point c’est tout, mais quel rapport ai-je avec l’autre dans ma pensée ? S’il y a bien une chose
où il ne faut pas chercher à faire plaisir aux autres c’est la pensée. On ne pense pas comme
l’autre juste pour lui faire plaisir. Et, d’ailleurs on est quelque fois confronté à l’autre 1) dès
qu’on pense, et 2) lorsqu’on ne pense pas comme lui. En simple je mets ici en confrontation
ma pensée et la société !
Pour savoir si on fait un bon exercice de penser il y a un test que nos Sages proposent. Voici
la phrase qu’ils formulent ‘’kechem chépartsouféhen chonim kah’ déoteène chonote’’ (on
peut trouver différents façons de formuler cette phrase dans les textes). Ils nous disent ‘’de
la même façon que les humains sont différents du visage ainsi ils sont différents de la pensée
!’’.Il y a là quelque chose de remarquable – l’humain se distingue par la forme de son visage
et de son corps, je pense même qu’il nous serait insupportable de savoir une personne qui
épouserait le même visage que nous. Comme si notre particularité s’exprimait sur notre
corps et plus singulièrement sur notre visage. Certaines gens ne vivent d’ailleurs qu’à travers
leur apparence extérieure et du visage plus particulièrement (en France la plus grande
richesse c’est Madame L’oréal – ce n’est pas pour rien !). Le corps occupe une place
importante dans la vie de l’homme et la Tora nous invite à intégrer le corps dans notre
pratique de la Tora et des mitsvot, c’est bien avec le corps que nous pratiquons la Tora ! –
s’exclame Rav Wolbe zal. Nous ne sommes pas juifs uniquement par notre mode de pensée
mais par notre activité comportementale ! D’ailleurs rien n’a de sens s’il n’est pas mis en
pratique… Toutefois nos Sages s’interrogent : pour quelle raison nos visages sont si
différents ? Le Maharal nous dévoile un secret profond : le visage en hébreu se dit ‘’panim’’,
littéralement ‘’intérieur’’, donc le visage ne témoigne pas de son extériorité mais plutôt de
l’intériorité de l’être ! Là la réponse des Sages prend un sens fabuleux : D’IEU a décidé de
créer des visages différents pour rappeler à l’homme qu’il est un singulier dans sa pensée –
de la même façon que personne ne te ressemble physiquement ainsi personne ne te
ressemble intellectuellement !!! Ce texte est à prendre avec une grande précaution, et à lire,
relire, jusqu’à ce que nous le comprenions.
Expliquons encore : pourquoi quand ta femme, tes enfants, ton rabbin, ton voisin, et tout
autre soit-il ne pense pas comme toi cela t’enrage ? Pourquoi cette intolérance intellectuelle
??? Encore une fois, et pardon, ne lisons pas cette étude pour rappeler à l’autre qu’il doit me
laisser penser comme je pense, étudions là un exercice pour soi, si lorsque ta femme ne
pense pas comme toi tu t’énerves c’est que tu n’as rien compris à la pensée, c’est encore
plus simplement une preuve que tu es un être insensé, défait de tout sens de la pensée. La
fabrique de ton visage de sa couleur, sa forme etc. est différente de celle de l’autre pour te
rappeler que tu n’es pas l’autre, et que cette différence va bien au-delà de l’aspect physique
mais différent dans la pensée… On connaît cette différence et on l’admet dans un autre
domaine de l’intériorité de l’être je veux dire pour ce qui est des sentiments et des émotions
; mais, et pour l’instant je l’ignore, on le refuse dans l’univers de la pensée. Voyez bien nos
Sages sont d’avis qu’il n’y a pas deux personnes au monde qui pensent pareil !… Quelle place
a la société dans ‘’ma’’ pensée ? C’est une question fondamentale ! Pour reprendre
l’exemple du couple, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres – la paix dans le ménage
ce n’est pas s’efforcer de penser comme l’autre ou de s’assurer qu’il pense comme moi.
Deux êtres qui pensent identique c’est qu’il y en a un qui n’existe plus, or le couple, comme
la société (dans tous les sens contenus dans ce terme) c’est de faire exister chaque individu à
part entière. L’harmonie dans le monde sera là lorsque chacun respectera qu’il y a autant de
milliards de façon de penser que d’êtres humains présents sur terre. A commencer avec ses
proches, sa femme, ses enfants, son voisin etc.
Attention, le chacun pense ce qu’il veut est une des phrases les plus idiotes ! Chacun pense
ce qu’il doit penser, pour ce qu’il est dans son être profond. Dans le Talmud aucun Maître ne
pense comme l’autre, mais aucun Maître n’a empêché l’autre de penser ce qu’il pense… De
toute façon il faut ‘’penser’’ que veut dire ‘’je pense ce que je veux’’, qu’est-ce que la
volonté ? Le ‘’je veux’’ témoigne souvent ‘’je pense ce qu’il m’arrange’’. Mais notre sujet
n’est pas de définir ici la volonté profonde et sincère de l’être…
Nos Sages parlent de ‘’yodéâ daât elyon’’ – il a une conscience de la pensée Suprême, divine.
Parce que si je dois travailler ma pensée je dois tout autant m’interroger de ce que pense
D’IEU ! Au traité Bérah’ot 63A le Talmud indique que le verset prononcé par le roi Chlomo
dans Michleï 3-6 ‘’béh’ol dérah’éh’a daéhou’’ – pense LE dans toutes tes voies, est le
condensé de la Tora, de la vie de l’homme.
Si je pense je dois penser l’infini, le divin, sinon ma pensée est incorrecte. Le ‘’tselem
élokim’’ (l’image divine) qui nous anime n’est pas une ressemblance physique, à D’IEU ne
plaise. C’est cette faculté de penser tout, même le divin. Et lorsque ma pensée se joint à
celle de D’IEU alors j’ai atteints le niveau d’Homme ‘’Adam’’