Richon Letsion Rav Yitsh’ak Yossef chalita
Certains ont la coutume de ne pas laisser un cohen célibataire de réciter la birkat cohanim.
On trouve effectivement dans le Chibolei Haleket au nom de Rabénou Yitsh’ak bar Yéouda
qui dit que le cohen doit être dans un état joyeux lorsqu’il bénit le peuple, tel Yitsh’ak qui
demanda à son fils Esav de lui faire un repas avant de le bénir et ce afin d’être dans un état
de plénitude. Au traité Yébamot 62B les Sages enseignent qu’un homme ne connaît pas ce
qu’est la simh’a (joie) tant qu’il n’est pas marié, par conséquent un cohen célibataire ne peut
prononcer la birkat cohanim. Le Rachba s’oppose à cet avis prétextant que ceci ne figure pas
dans le Talmud, un célibataire doit donc réciter la birkat cohanim. Le Bet Yossef (O’’H 128) a
du mal à concevoir qu’un cohen célibataire serait dispensé de réciter la birkat cohanim, alors
que celle-ci contient trois commandements de la Tora – voir Sota 38B ; s’il y a d’autres
cohanim qui récitent la bénédiction il est de toute évidence qu’un cohen célibataire fera la
birkat cohanim puisque même un cohen moins de bar-mitsva peut s’associer avec les adultes
qui récitent la birkat cohanim, mais de toute façon même un cohen célibataire seul peut
faire la birkat cohanim. Le Rama (O’’H 128) rapporte la coutume qui défend au célibataire de
réciter la birkat cohanim, mais il écrit également que la coutume Achkénaz veut que les
cohanim ne récitent la bénédiction uniquement durant les jours de YOm Tov période de
simh’a.Par conséquent puisque la coutume des Séfaradim est de réciter la birkat cohanim
tous les jours de l’année, même en semaine, cela veut dire que la joie n’est pas une
condition sine qua non pour birkat cohanim, par conséquent un cohen célibataire récitera la
birkat cohanim.
Certains défendent l’opinion qui interdit au cohen célibataire de réciter la birkat cohanim, se
basant sur les propos du Zohar qui compare la birkat cohanim au service sacrificiel au
Temple, or un cohen célibataire n’approche pas de sacrifice ! Cette thèse est difficile à
admettre puisque le Talmud dit qu’un cohen célibataire ne peut servir le jour de kipour s’il
est célibataire – cela dit clairement qu’à part le jour de kipour un cohen célibataire est à
même d’approcher des sacrifices. Et même pour le jour de Kipour l’avis du Tosfot Yéchanim
est qu’il n’est pas indispensable que le cohen soit marié et que dans l’absolu même un cohen
célibataire pourrait faire office de cohen gadol le jour de kipour.
Le Radbaz est également d’avis qu’un cohen célibataire récitera la birkat cohanim,
prétextant notamment que de nos jours les hommes mariés ne paraissent pas spécialement
plus joyeux que les célibataires. Telle est la conclusion du Choulh’an Arouh’ (O’’H 128-44), du
Péri H’adach et du Bet Ménouh’a.
Ceux qui avaient l’habitude en diaspora de ne pas laisser les célibataires de réciter la birkat
cohanim, comme le veut l’us des tunisiens, il est clair que lorsqu’ils se trouvent en Erets
Israël ils doivent se ranger selon le rite d’Erets Israël et de laisser les cohanim célibataires de
réciter la birkat cohanim. Que ceux encouragent les cohanim célibataires réciter la birkat
cohanim soient bénis.