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Courir dans le bon sens

Rav Imanouël Mergui

Au traité Bérah’ot 6b on peut étudier ce passage fabuleux « Rabi H’elbo enseigne au nom de Rav
Houna : lorsque l’homme sort de la synagogue il ne doit pas faire des grands pas », ceci serait preuve
qu’il s’empresse de sortir et montre que la synagogue était pour lui un poids – explique Rachi. Alors
qu’en réalité l’homme devrait être heureux de se trouver à la synagogue, elle est la réelle joie que
l’homme peut connaître – commentent les Talmidé Rabénou Yona. « Abayé précise que cette
recommandation n’est dite uniquement lorsqu’on sort de la synagogue mais pour ce qui est d’y aller
c’est une mitsva de courir !, comme dit le verset ‘’courrons pour aller rencontrer D’IEU’’ – Hochéâ 6-3. »
Talmidé Rabénou Yona expliquent que le fait de courir prouve le désir d’aller apprendre, ce
comportement désireux lui vaudra d’apprendre plus facilement. Le Péri Mégadim précise que même
une personne qui est de sa nature de toujours courir elle devra s’efforcer de marcher doucement
lorsqu’elle sort de la synagogue !
Le discours de cet enseignement nous livre la façon dont on doit aller à la synagogue, il implique le
devoir de s’y rendre. Que dire de ceux qui ne vont jamais ou peu à la synagogue pour prier et étudier ?!
Chaque juif devrait s’y rendre au moins (!) trois fois par jour. Et qu’en est-il du Chabat ?! Certains ne s’y
rendent que le samedi matin (sans parler de l’heure tardive…). Pourquoi ne pas venir le vendredi soir ?
Le samedi après-midi ? Le samedi soir ? Il ne faut pas se plaindre si les synagogues sont ‘’vides’’ si soimême on ne s’y rend pas régulièrement ! Il ne faut pas s’apitoyer si les antisémites abîment, d’une
façon ou d’une autre, nos synagogues, lieux de prières et d’études, si on ne les fréquente pas ! La
synagogue n’est pas un musée, elle est notre fierté à tel point qu’on doit ressentir de la joie de s’y
rendre et de la peine d’en sortir.
Le Talmud poursuit « Rabi Zéra s’exprimait ainsi : au début lorsque je voyais les élèves de la Yéchiva
courir le jour de Chabat pour participer au cours de Tora, je disais ces gens transgressent le Chabat
(comme nous l’enseigne le Talmud au traité Chabat 113a qu’il est interdit de courir Chabat…) ; mais au
final j’ai appris les paroles de Rabi Tanh’oum au nom de Rabi Yéochouâ ben Lévi qui enseignait :
l’homme doit courir pour aller étudier et ce même le jour de Chabat comme dit le verset ‘’ils allaient
vers D’IEU tel un lion qui rugit !’’ – Hochéâ 11-10, du coup je me suis mis à courir également ». Selon le
Maharcha l’image du lion rugissant doit être comprise de la sorte : de la même façon que si on est
poursuivi par un lion enragé on se doit de courir pour se sauver et ce même si c’est Chabat ainsi il faut
courir pour aller à la maison d’étude. C’est avec la même intensité qu’on se sauve d’un danger qu’on
doit se rendre au cours de Tora. Lorsqu’on s’éloigne d’un danger on a l’instinct de survie qui se
déclenche et prenant nos jambes à deux mains on fonce, ce même élan doit nous conduire vers
l’étude !
Il est intéressant de s’arrêter un instant sur ce qui est qualifié ici de transgression de Chabat : courir. On
retrouve également cet interdit rapporté dans le Choulh’an Arouh’ O’’H 301-1, c’est une loi de Chabat de
ne point courir. Excepté face à un danger ou pour aller à la prière et étudier la Tora ou la marche rapide
s’impose (les décisionnaires s’interrogent de savoir si on a le droit de faire un footing Chabat ?).
On retrouve dans Pirké Avot chapitre 4 un enseignement similaire « Ben Âzaï dit : cours vers la
mitsva… ». Ainsi Rabi Néh’ounya ben Hakana après son étude priait : « merci mon D’IEU d’avoir placé
ma part dans les maisons d’étude et non dans les rassemblements des gens vides… Je cours et ils
courent, je cours vers le ôlam haba et eux courent vers l’abîme ! ».
Tout le monde court, essayons de courir dans le bon sens !!!
Courir vers la synagogue et la yéchiva est la seule course digne du juif. Cette course épuisante mais qui
rapporte un bénéfice inégalable. Sinon c’est courir vers le néant, s’épuiser pour rien. Le meilleur
entretien des synagogues c’est de les fréquenter !