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Yetser Hatov – Le bon penchant

d’après le Chla Hakadoch zal

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Ndlr : on a toujours tendance, à juste titre, à condamner les effets maléfiques du yetser hara – mauvais penchant, pulsion, énergies sombres etc., on omet cependant de faire l’apologie du yetser hatov.

C’est un tort !

Je vous propose une étude fabuleuse basée sur les écrits du Rav Yéchya Halévy Horovits zal dans son « Chéné Louh’ot Habérite » -

Rav Imanouël Mergui

Les philosophes ont distingué trois types de désir :

(ndlr : le sujet du yetser hara/yetser hatov se joue dans le thème passionnant du DÉSIR)

  1. le ‘’tov’’ – bon, 2) le ‘’moîl’’ – celui d’intérêt bénéfique, 3) le ‘’ârève’’ – l’agréable.

Le troisième est celui du corps qui désire les choses agréables et douces, c’est le désir de la nourriture, de la sexualité et de toutes les autres envies. Leur surconsommation est mauvaise, malgré tout le corps les veut.

Le second veut que par voie de réflexion l’homme abandonne les désirs néfastes du corps et ne prend que ce qui est bon. Ceci est déjà un niveau élevé mais il n’est pas éternel

(ndlr : puisque rattaché encore au corps) puisqu’il disparaît avec la mort.

Le premier, est celui qu’on trouve chez lez hommes animés d’une grande piété, c’est le désir (ndlr : qui est bon en lui-même on dira celui qui est intrinsèquement bon) de se relier fortement à la Tora et aux commandements divins et d’agir comme ce qui est bon aux yeux de D’IEU, toute la vie durant. Ceci est le bon.

(ndlr : il me semble qu’il soit important de noter que ces trois catégories de ‘’désir’’ peuvent se trouver chez chacun. Parfois on recherche une consommation sans limite. Parfois pour cette même consommation ou pour une autre consommation on se limitera et consommera avec parcimonie. Et parfois on se consacre à quelque chose de plus recherchée que de la consommation matérielle. Vivre pour manger ou manger pour vivre. Continuons : vivre pourquoi ? pour consommer !? vivre pour donner un sens à la vie autre que synonyme de ‘’matière, charnel etc.’’)

On dira donc que le yetser hara c’est celui qui, comme les animaux, recherche de façon extrême ce qui est agréable quand bien même nuisible au corps. Et, le yetser hatov c’est celui qui se lie au bien de façon extrême. De ce fait celui qui est à la recherche de la deuxième catégorie et l’homme intermédiaire : s’il recherche les plaisirs matériels en restant dans l’équilibre et en s’éloignant de la surconsommation mais ceci pour vivre une vie vaine – celui-ci tend vers le yetser hara ; par contre, s’il recherche le ‘’moîl’’ pour acquérir santé afin de se consacrer au service divin – celui-ci tend vers le yetser hatov. C’est là que se joue le choix de l’homme.

(ndlr : la béh’ira – libre arbitre c’est 1) comprendre qu’il faut vivre dans la non surconsommation de la matière, 2) pour se consacrer à une activité qui surpasse voire transcende la matière).

Le titre ‘’yetser hatov’’ se dit sur trois états :

  1. Voilà que D’IEU a donné la Tora et les mitsvot – ceci est le ‘’tov’’ le bon dans le sens de la lumière. Comme dit le verset dans Kohélèt 2-14 « le sage a les yeux dans sa tête et le sot avance dans l’obscurité ». Il est clair que celui qui désobéit à l’ordre divin avance dans l’obscurité et est qualifié de sot. Il n’y a rien de plus fou que de se défaire de la parole divine roi des rois maître de l’univers, à la différence de celui qui se réjouit de faire la volonté divine même s’il n’en recevrait point de salaire (ndlr : ce ‘’tov’’ est le bon par excellence, ‘’faire le bien parce que c’est le bien’’ ! Doit-on trouver une raison et une motivation à faire le bien ? Le bon est la cause et l’effet même. Je dois faire le bien, pourquoi ? Parce que c’est le bien. Faire le bien sans autre motivation que de faire le bien. Il est déplorable de se poser la question de savoir ce que le bien nous rapporte ! il n’y a donc rien de plus dément que de quitter la parole divine ‘’la voie du bon’’). Le sage voitque la lumière est bonne (ndlr : et que le bon est la lumière), l’homme doit s’unir au sage pour avanceravec lui afin de quitter la sottise qui l’anime (ndlr : le conseil donné ici est intéressante, comprendre le bien, sortir de la bêtise etc. c’est s’unir au Sage. Effectivement à travers le sage l’autre comprendra ce qu’est être bon, il verra un être bon et éclairé de cette bonté, ainsi à son tour il l’aspirera parce qu’il aura constaté que le ‘’tov’’ est un concept qui se vie et se transcende).
  2. Pour les accomplir aujourd’hui, dans ce monde ci, (ndlr : comprendre le ‘’tov’’ c’est vivre le ‘’tov’’, c’est mettre le ‘’tov’’ en pratique, il ne suffit pas de savoir ce qui est bon il faut que ce ‘’tov’’ soit intégré dans l’homme jusqu’à faire partie intégrante de lui-même).
  3. Et recevoir leur salaire demain, dans le monde à venir (ndlr : le salaire dans le monde à venir veut dire et témoigne que le bien est une valeur qui ne meurt pas et qui ne quitte jamais l’homme. Cette partie intégrante de lui-même qui le suit éternellement. Ne pas aspirer au salaire du monde à venir, ou ne pas y croire, c’est tout simplement ignorer ce qu’est le bon et le bien…).

Le monde à venir est entièrement bon (ndlr : ce n’est pas ‘’le bon dans un monde hostile’’, c’est ‘’le bon dans

un univers entièrement bon’’). L’objectif de la création n’est autre que le ‘’tov’’ par excellence représenté par le monde à venir. Ce monde ci est comme l’écorce du fruit qui va conserver le fruit et lui permettre de pousser correctement, ainsi et de même les bonnes actions dans ce monde ci elles font grandir le fruit de l’éternité, du ‘’tov’’ absolu. Qui est le fou qui laisserait cet objectif absolu qui représente l’enjeu de toute la création (ndlr : l’homme recherche le bon, D’IEU a placé l’homme sur cette terre pour aller à la recherche de l’aventure du bon. D’IEU donne à l’homme le moyen d’accéder au bon, à travers la Tora, les mitsvot et les bonnes actions. Cela veut dire et implique deux exercices 1) rechercher le bon, 2) acquérir le bon pour que ce bon recherché nous conduis vers le bon absolu. Il est évident que dans un premier temps il faut vivre avec cette foi que le réellement bon est la Tora et qu’elle nous conduit vers l’univers du bon : le monde à venir. Toutefois ceci ne s’arrête pas à la foi, effectivement l’homme a la possibilité de goûter au bon, de le vivre et de le ressentir pleinement. Le bon se recherche, se trouve, s’intègre, se vie, et se poursuit pour l’éternité ! Sachant cela l’homme qui ne recherche pas le bon est qualifié ici par le Maître de ‘’fou’’ – méchougâ dans ses mots. La folie est ‘’le manque de bon sens’’ (selon mon dictionnaire) c’est donc une personne qui occulte le ‘’bon’’…)

Le yetser hatov et le yetser hara se calquent sur l’histoire de Yaâkov et Esav ;

D’apparence Esav est l’aîné puisqu’il est né le premier mais en réalité c’est yaâkov l’aîné puisqu’il a été conçu le premier. Ainsi la néchama précède le corps, puisque les âmes ont été créées depuis le début de la création du monde (ndlr : le yetser hara est toute chose dévoilée, c’est l’apparence des choses, et le yetser hatov est l’intériorité de toute chose, ce qu’il faut rechercher, ce qui ne se voit pas).

Avant même de naître on fait jurer le fœtus qu’il s’engage à vivre selon l’attirance du yetser hatov, nous enseignent nos Sages au traité nida 30b. Durant les mois de grossesse, toujours selon les dires de nos Maîtres, une lumière

est allumée au dessus de la tête du fœtus et voit ce qui se passe dans le monde d’un bout à l’autre. Cela représente la présence de la néchama qui précède le corps et qui a une perception infinie puisque divine, et elle découvre les secrets de la Tora (ndlr : durant neuf mois de grossesse qui sont les premiers pas vers la vie, l’être humain a appris à vivre dans l’ « intériorité », il a appris que les choses meilleures se trouvent dans la profondeur, il devra donc effectuer un travail d’approfondissement pour retrouver et dévoiler les choses cachées, comme nous l’enseigne la suite des propos talmudiques) ; une fois sortie à l’air du monde le nouveau néva oublier tout ce qu’il a appris et perçu durant la période pré natale (ndlr : c’est ce que nous avons dit, il revient à l’homme de retrouver ce qu’il avait appris, je veux dire qu’il avait apprit à vivre en profondeur qui est synonyme de recherche et de découverte).

S’il s’impose qu’à la naissance l’enfant oublie tout c’est pour ne pas qu’il soit contraint de suivre le bon chemin, ce bon chemin auquel l’homme doit accéder par le biais du libre arbitre (ndlr : le libre arbitre consiste donc de donner la possibilité à l’homme de vivre dans l’apparence, le yetser hara, ou dans la profondeur, le yetser hatov. Veut-il vivre en harmonie avec le début de sa conception, veut-il que sa vie extra utérine corresponde avec celle intra utérine ?…

Intéressant est de faire le rapprochement avec la psychanalyse qui guérit tous les maux en se référant d’une part à l’idée de ‘’conception’’ et d’autre part à l’idée de revivre sa naissance et sa conception, s’il en est ainsi dans les maux physique et psychiques, je veux dire qu’il faille être en harmonie avec sa vie fœtale, ainsi et à fortiori de ce qui est du domaine du corps et de l’âme, de la néchama et du gouf, ces deux vivront en harmonie seulement s’ils se réfèrent au voyage prénatal !…

C’est cela l’enjeu du libre arbitre).

Lorsqu’il naît c’est le corps qui arrive le premier, mais lorsqu’il avait été conçu c’est sa néchama qui était là la première ! (ndlr : le corps n’est que l’enveloppe de l’âme – « le corps est l’écorce du fruit », « crit le Chla zal choisir de vivre selon les pulsions du yetser hara c’est consommer de l’écorce. Vivre selon les directives du yetser hatov c’est savourer le fruit, le consommable).

D’apparence le yetser hara est plus âgée, il est l’aîné mais en réalité il n’en n’est rien de cela c’est bel est bien le contraire (ndlr : comme j’ai déjà développé le propre même du yetser hara c’est l’idée du paraître donc de l’imaginaire du dimayon…).

Dans Kohélète (9-14) Chlomo Hameleh’ dit ainsi « il y avait une petite ville où se trouvait peu d’hommes, un rand roi est venu et trouva un vieil homme démunit de tout etc. ». Au

tr aité Nédarim 32b nos Maîtres expliquent que ce verset fait référence au yetser hara. La petite ville c’est le corps, le grand roi c’est le yetser hara qui est écouté par beaucoup d’hommes, l’homme démunit est le yetser hatov qui peu l’écoutent… (ndlr : la grandeur du yetser hara n’est pas intrinsèque à lui-même, comme la petitesse du yetser hatov – leur taille est due aux adhérents qui les suivent ; tous suivent le yetser hara, peu écoutent le yetser hatov).

S’il est dit que le grand roi (le yetser hara) trouve le vieil homme (le yetser hatov) c’est que le yetser hatov était là avant le yetser hara ! Il est l’aîné. Etant l’aîné il prend double part l’une dans ce monde ci et l’autre dans le monde à venir. Et le yetser hara se précipite d’occuper la place du yetser hatov et se fait passer pour l’aîné (ndlr : le yetser hatov a une place dans chaque monde alors que le yetser hara n’a de place nulle part ! C’est l’enjeu même du yetser hara je veux dire de réclamer une place alors qu’en réalité aucune place ne lui correspond, c’est ainsi qu’il va agir au sein même de l’homme : il pousse l’homme à revendiquer ce qui ne lui revient pas de droit. Le propre même de l’homme c’est de se faire une place ou plus exactement de ‘’connaître sa place – hamakir ète mékomo’’ comme dit Pirké Avot. La recherche de cette place pousse l’homme malencontreusement vers la place de l’autre. On retrouve ce phénomène dans de nombreux contextes de la vie, prenons pour exemple le couple quelle est la place de chaque conjoint ? Le yetser hara entraîne l’homme vers une place qui n’est pas sienne – c’est cela l’enjeu même du yetser hara. Il serait tellement plus rentable de suivre le yetser hatov avec lequel on acquiert une double part (comme l’aîné) celle de ce monde et celle du monde à venir !…)

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