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Sauvé grâce à sa H’anoukiah

Monsieur Jacques Yaâkov Pardo zal appelé « tonton jacques »

Décembre 1940. Daniel s’est écarté de ses compagnons et lève la tête vers les étoiles dont le clignotement semble un appel amical. Il a dix sept ans. Il est le seul juif dans ce groupe de résistants français et, pour lui, cette nuit est différente des autres nuits parce que c’est H’anouka. Il se souvient des soirées familiales à Paris, avant la guerre. Elève d’une école juive, il rentrait vite à la maison pour célébrer avec ses parents et avec ses frères et sœurs la victoire des Macchabées ainsi que le triomphe de la lumière d’Israël sur les ténèbres spirituelles de l’hellénisme. Aujourd’hui, la famille est dispersée. Pour protéger leurs plus jeunes enfants, ses parents se sont réfugiés dans un village protestant des Cévennes où le pasteur les a transformés en paysans et bergers. Daniel sait que chacun d’eux, pendant les huits jours de H’anouka, va s’efforcer de ranimer la flamme. Sous son blouson, il a caché la toute petite Ménorah qui ornait sa chambre autrefois. Il distingue à peine les bruits étouffés du campement. L’heure de la mitsva est arrivée. Avec précautions, il installe la H’anoukia sur une grosse pierre. Il sort de sa poche des bougies minuscules et les dispose sur le chandelier. A l’instant même où il allume, il entend une sentinelle donner l’alerte. Guidés par leur chien, les Allemands se rapprochent et il faut lever le camp, monter plus haut dans la montagne. Le garçon hésite au milieu de ses prières mais décide de ne pas les interrompre car il sait comment rejoindre ses compagnons. Les aboiements des chiens s’éloignent. Sans doute ont-ils flairé la nouvelle piste des maquisards et se sont-ils lancés sur leurs traces. Daniel a terminé la mitsva. Il a remis la Ménorah sous son blouson quand éclatent des rafales de mitraillettes. S’emparant de son fusil, il se précipite dans la direction des coups de feu. Le cœur battant, il grimpe silencieusement durant quelques centaines de mètres. L’échange meurtrier a été si bref que le jeune homme craint le pire, d’autant plus que les aboiements redescendent déjà vers la vallée. Il avait raison de craindre. Il découvrira bientôt les corps sans vie de ses camarades. H’anouka sera toujours pour Daniel d’une importance extrême, assombrie par le souvenir de ses compagnons abattus sans pitié et cependant magnifiée par le rappel du miracle que l’Eternel a fait en sa faveur pour le sauver des mains des Nazis.

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