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Celui qui se converti en vue d’un mariage !

Rav Moché Klein chalita « Michnat Haguer »

Traduit et adapté par Rav Imanouel Mergui

Il arrive souvent qu’un non juif veuille se convertir en vue d’épouser une juive (ou une non juive
pour épouser un juif). Le Bet Din fait de son mieux pour authentifier l’acceptation véritable de la Tora par
le converti, mais il arrive fréquemment qu’après avoir reçu sa conversion ce dernier ne pratique plus la
Tora. La question est de savoir s’il y a reconnaissance de cette conversion du fait qu’au moment de sa
réalisation le converti a dit recevoir toute la Tora, ou bien est-elle caduque du fait qu’on voit bien que le
converti a abandonné la Tora ?
Au traité Yébamot 24b il est rapporté l’opinion de Rabi Néh’émya qui veut qu’un non juif qui se soit
converti pour des raisons de mariage sa conversion est nulle ! Rav Yitsh’ak bar Chmouel bar Marta au nom
de Rav enseigne que dans ce cas conversion n’est pas rejetée à posteriori. Toutefois le Ba’’h écrit que le
tribunal acceptant des conversions en vue de mariage sera puni, c’est pour cette raison, dit-il, que Mah’lon
et Kilyon sont morts – parce qu’ils avaient converti Ruth et Orpa en vue de se marier avec elles.
Le Ritva et le Némouké Yossef s’étonnent sur l’opinion de Rav : pourquoi la conversion est
reconnue, quand bien même à posteriori, effectivement on devrait craindre que leur acceptation de la
Tora n’était pas sincère puisqu’ils n’ont qu’un désir celui de se marier avec une juive et n’éprouvent pas le
désir sincère de se convertir ? Nous dirons qu’il est possible qu’à un moment donné ils aient éprouvé une
volonté sincère d’accepter la Tora malgré leur volonté essentielle d’épouser un juif.
Rambam a fixé la halah’a comme Rav à savoir (Isouré Bia 13-15,16) « du temps du roi David et du
roi Chlomo on n’acceptait pas de convertis, peut-être voulaient-ils de convertir pour des raisons
incorrectes ; malgré tout de nombreux convertis s’étaient convertis devant des tribunaux ‘’simples’’ alors
le Grand Tribunal ne les repoussaient pas mais ne les accueillaient pas jusqu’à ce qu’ils voient comment
allaient-ils se comporter au futur ! Le roi Chlomo ainsi que Chimchon avaient converti des femmes et les
avaient épousé le texte considère ces femmes comme des idolâtres de plus que leur fin a prouvé qu’elles
n’étaient jamais sincère dans leur conversion ». Voir également Choulh’an Arouh’ Y’’D 268-12. Le chou’’te
Ah’iezer et Maharcham comprennent que si le converti a dit au Bet Din qu’il acceptait la Tora même si son
cœur ne suivait pas ses paroles malgré tout il est un converti, excepté si au moment où il s’était présenté
devant le Bet Din celui-ci avait remarqué que son acceptation de la Tora n’était pas sincère à ce moment là
on dira qu’il n’y a pas eu de conversion. Encore un point : si en sortant du Bet Din on constate que le
converti ne pratique pas la Tora alors cela prouve bien qu’il n’y a jamais eu d’acceptation véridique et la
conversion sera caduque, par contre si durant quelque temps il a pratiqué la Tora et au bout d’un moment
il a arrêté alors sa conversion n’est pas annulée rétroactivement et il aura le statut d’un juif rebelle.
La majorité des décisionnaires divergent sur cette thèse et développent l’idée que si l’acceptation
du converti de faire la Tora n’était pas vraie alors la conversion est annulée ! N’oublions pas, comme
l’explique le Bet Efraïm, la conversion est le lien que va tisser le converti avec D’IEU, or on ne peut pas
mentir à D’IEU et lui faire croire qu’on va faire la Tora alors qu’on n’en n’est pas convaincu ! Par
conséquent si après avoir reçu sa conversion on voit que le converti ne pratique pas la Tora celle-ci est
annulée rétroactivement ! Toujours selon cette opinion on comprendra que dans le cas où le converti a fait
cette démarche pour épouser un juif et qu’il ne pratique pas la Tora alors sa démarche n’était aucunement
sincère et sa conversion est nulle. Par contre un converti qui fait cette démarche sincèrement et ne le fait
pas pour épouser une juive même si on verra par la suite qu’il ne pratique pas la Tora sa conversion n’est
pas pour autant annulée rétroactivement.
De nos jours nous savons que lorsque le converti a pour objectif d’épouser une juive il n’a
aucunement l’intention de pratiquer la Tora correctement sa conversion est alors largement remise en
question… Dans le cas où le Bet Din sera à même d’authentifier son acceptation correcte de la Tora malgré
son désir d’épouser une juive alors sa conversion restera valable… Les décisionnaires vont s’étendre sur la
question plus générale de savoir comment statuer un converti qui arrête de pratiquer la Tora ?