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Comment sortir du chaos ?

Rav Imanouel Mergui

Le Livre de Chémot ouvre par la mort de Yossef et toute sa génération. Le verset dit 1-6 « Yossef mourut, ainsi que tous ses frères et toute cette génération ». Pourquoi la Tora nous parle de la mort de Yossef alors que celle-ci était déjà annoncée à la fin de la paracha précédente, fin Vayéh’i ? Pourquoi la mort de Yossef, de ses frères et de toute la génération précédente ouvre l’épisode de l’esclavage d’Israël ? Quel rapport y-a-t-il entre ces deux évènements ?

Cette semaine (mercredi 18 tevet) était la Hiloula de Rav Tsvi Elimeleh’ Chapira de Dynow ztsal (1783/1841 Pologne), il développe une idée sensationnelle dans son ouvrage maître Igra Dékala, qui a tout son sens encore aujourd’hui. Je vous la présente dans mes mots. L’exil et tout ce que cela représente, l’exil au sens de la nation du peuple d’Israël ainsi que l’exil individuel, en simple chaque situation dramatique qu’Israël en tant que nation et en tant qu’individu vit plonge l’homme dans un état obscur et déconcertant. La souffrance, le drame, le désastre vécu ne laisse pas l’homme pareil. Dans cet état chaotique l’homme essaie de survivre, et il n’en trouve pas toujours les moyens. Pourquoi ? L’homme est rongé par des questions qui ne l’aident pas à remonter la pente, voire il glisse davantage. La grande question qui le démange et ‘’pourquoi’’, cette interrogation connaît un danger parce qu’elle est souvent l’expression non pas d’une interrogation mais d’une exclamation. Je veux dire étant donné que l’homme ne comprend pas ce qui lui arrive il en tire des conclusions concernant D’IEU ; parce que si la question veut dire ‘’pourquoi il m’arrive tout cela’’, en vérité elle cache une autre question : pourquoi D’IEU me fait tant de mal ! Si et parce que D’IEU est bon alors pourquoi m‘envoie-t-il cette souffrance ? Là est le danger, ces interrogations émotionnellement normales conduisent l’homme à s’interroger sur l’existence ou la puissance divine. Où est D’IEU ? Or les Maîtres enseignent que le but de chaque épreuve est de découvrir davantage D’IEU ce qu’on appelle la EMOUNA – La FOI. Alors si l’enjeu du chaos n‘est autre que la découverte de D’IEU comment l’homme en arrive à s’éloigner de D’IEU à travers les épreuves ? Comment est-ce possible que D’IEU envoie des messages à l’homme et que ce dernier les lise à l’envers ? Où trouver la foi en D’IEU là où on ressent et vit du mal ? Toute épreuve fait mal, physiquement, psychologiquement et émotionnellement, dans ces situations dire à l’homme il te faut renforcer dans la foi n’est pas suffisant. Puis la question est évidente : comment se renforcer dans la foi ? Où trouver la foi lorsqu’on est mal ? Puis la réponse de dire que tout ce mal est pour le bien n’aide en rien pour multiples raisons… Où trouver la force au cœur du chaos ?!

Là le Maître dit quelque chose d’ingénieux, il écrit « ce verset (annonce la mort de Yossef, de ses frères et de toute une génération qui précéda l’exil et l’esclavage horrible de l’Egypte) a pour but de nous faire savoir la grande miséricorde divine !!! », avant de poursuivre savourons cette phrase délicieuse ! Ce verset n’annonce pas le drame, le pire, mais la grande pitié divine, c’est tout simplement incroyable, là où on verrait le pire le Maître nous invite à réfléchir dans un sens plus positif, plus enchantant. Certes l’exil est horrible, l’épreuve est dramatique, mais à l’intérieur de son contenu se trouve l’immense miséricorde divine. Laquelle ? Le Rav poursuit « D’IEU envoie l’esclavage petit à petit, lorsque Yossef meurt on a ressenti la réduction d’estime envers le peuple d’Israël, lorsque ses frères meurent, commence l’esclavage et non pas avec dureté mais avec la tendresse du discours de l’Egypte(!), et ensuite avec la mort de toute la génération débuta la tragédie de la servitude »… D’IEU n’accable pas l’homme, le peuple d’un coup, mais par étape ! Ceci témoigne de son immense miséricorde ! Le Rav n’en dit pas davantage, il nous invite à réfléchir davantage. Lisant ses mots cela me fait penser (peut-être) que cet effet qui veut que les choses se passent de façon épisodique laisse la possibilité à l’homme de s’interroger sur le sens de ce qu’il s’apprête à vivre, ou encore de se préparer aux évènements qui suivent. Peut-être encore que cet état lui permettrait de faire un travail pour stopper l’hémorragie du pire. D’IEU fait les choses par relais pour laisser la place à l’homme de réviser l’histoire et lui donner un sens plus conséquent. Je vous laisse mûrir cette étude profonde du Rav Chapira ztsal, que son mérite rejaillisse sur tout Israël et que nous ne connaissions que des jours meilleurs, cela ne dépend que de nous. J’ai du mal à saisir pourquoi la planète ne voit pas D’IEU qui se dévoile manifestement dans cet épisode surprenant du covid ?! La foi c’est prendre conscience que D’IEU est bon, cette prise de conscience est palpable, on la vit au quotidien, ce n’est pas qu’une question philosophique mais c’est un vécu invraisemblable…

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