Rav Imanouël Mergui
Dans l’esprit de certains le kadich est la prière récitée pour les morts. A tel point que la halah’a s’interroge de savoir si un homme a le droit de réciter le kadich alors que ses parents sont vivants et s’y opposent (voir Rama O’’H 132-2 et H’azon Ovadya Avéloute I page 338). L’origine du kadich récité en faveur d’un défunt trouve sa source dans de nombreux auteurs et le Bet yossef le rapporte dans Y’’D 376 au nom du Kol Bo, voilà succinctement l’histoire : un jour Rabi Akiva rencontra un homme qui marchait nu, il était sale et transportait un fagot de ronces, il courrait très vite. A la vue de l’état de cet homme, Rabi Akiva le questionna sur sa situation et lui proposa de l’enrichir s’il était pauvre. L’homme lui raconta qu’en réalité il était mort et qu’il avait été décrété dans le ciel à son égard d’aller cueillir du bois pour qu’on le brûle avec. Rabi Akiva surpris de la réponse voulait en savoir davantage. L’homme lui raconta que de son vivant il faisait du favoritisme envers les riches et dénigrait les pauvres, et qu’il commit de nombreuses fautes graves de son vivant. Rabi Akiva lui demanda s’il était au courant d’une quelconque manière de le sauver de cette souffrance. L’homme lui dit qu’il y a une solution c’est que son fils récite le kadich pour lui. Rabi Akiva prit sur lui de retrouver le fils de cet homme pour lui apprendre à dire le kadich à la mémoire de son père. C’est ce que fit Rabi Akiva, il rechercha le fils lui enseigna la Tora, les prières et les rituels jusqu’à ce que l’enfant fut à même de réciter le kadich sur son père. L’enfant devint un grand maître, on l’appela Rabi Nah’oum Hapékouli. Quelques temps après le père vint en rêve à Rabi Akiva et le remercia d’avoir conduit son fils au niveau de maître ce qui est pour lui un grand mérite qui le secourut de la géhenne… Certains décisionnaires pensent que le récit du kadish pour les parents défunts s’inscrit, pour l’enfant, dans la mitsva de respecter les parents même après leur mort (H’azon Ovadya Avélouté I page 334).
Nous allons voir cependant qu’à l’origine, dans le Talmud le kadich n’est pas une prière en faveur des morts, il a un autre enjeu. Lorsque nous saisirons le sens véritable du kadich nous comprendrons alors certainement quel effet positif il a même pour les morts.
Au traité Bérah’ot 3a le Talmud raconte qu’un jour Rabi Yossi entra dans une ruine de Yérouchalaïm pour prier. Là-bas il rencontra Eliyahou Hanavi qui lui demanda : qu’as-tu entendu dans cette ruine ? Rabi Yossi lui dit : j’ai entendu une voix gémir comme une colombe qui s’exprimait ainsi ‘’malheur aux enfants, à cause de leurs fautes J’ai détruit Ma Maison, J’ai brûlé Mon Sanctuaire et Je les ai éparpillé parmi les nations’’. Eliyahou Hanavi dit à Rabi Yossi : sache que trois fois par jour (durant les trois prières quotidiennes – Yaâvets) et à chaque fois que les juifs se réunissent dans les lieux de prière et d’étude (même si ce n’est pas le moment des prières – Yaâvets) et répondent yéhé chémé raba hagadol mévorah’, D’IEU incline la tête et dit ‘’heureux le roi qui était loué autrefois ainsi dans sa demeure, dommage au père qui a exilé ses enfants, dommage aux enfants qui ont été exilé de la table de leur père ! Le Tossfot HaRoch explique que c’est la raison pour laquelle le mot ‘’vénéh’amata’’ est inséré dans le kadish, ce terme exprime la consolation divine, celle où D’IEU se lamente de l’état actuel d’Israël et de l’exil de la providence.
Selon cet enseignement le kadish rappelle à D’IEU ‘’le bon vieux temps’’, cette nostalgie d’une période où tout allé bien, où la fusion ‘’père – fils’’ était à son plus fort. Répondre ‘’amen yéhé chémé raba’’ lors du kadish c’est exprimé notre espoir de retrouver une union parfaite avec D’IEU. Lorsque le Temple existait D’IEU était appelé ‘’mele’h’’ – roi, la faute qui a causé l’exil a fait de Lui un ‘’av’’ – père, explique le Gaon de Vilna. Si la relation père-fils note l’affection celle de roi-sujet exprime quelque chose de plus fort. Elle renferme l’idée de la toute-puissance, de la protection, de la confiance etc. Si D’IEU se lamente de son état quelque peu abîmé c’est, à notre échelle, pour nous faire prendre conscience de ce que nous avons perdu, et de ce que, à notre tour, devons espérer. La pire des lamentations porte sur le fait que le juif pense que tout va bien. Le juif n’a malheureusement pas toujours conscience des maux de l’exil. L’exil ne se résume pas qu’au problème de l’antisémitisme ou pareille phénomène. Pour vous choquer(!) je rappellerais que ce sont les persécutions qui nous rappellent que notre relation avec D’IEU est à corriger, et au plus vite. S’affirmer en tant que juif et être fier de son judaïsme ce n’est qu’en ravivant notre fusion avec D’IEU. Comment un juif sans kipa, sans cacheroute, sans fréquenter la synagogue, sans jamais participer à un cours de Tora peut-il être fier de son ‘’état’’ (au sens le plus large – état de juif parmi les nations, état d’Israël etc.) ?! C’est bien là le paradoxe du juif ‘’je suis juif, fier de le crier sur tous les toits, mais je me comporte comme les peuples’’ (mariage mixte – à l’extrême, bafouage du chabat, cacheroute bidon, étudier la Tora – jamais…). Ce n’est pas avec un drapeau ou des arbres plantés qu’on ravive notre flamme, et ce n’est pas ainsi qu’on arrivera à quelque chose de valablement juif. Du fait que le kadish rappelle l’erreur du juif, le paradoxe du juif, certains décisionnaires sont d’avis que c’est la raison pour laquelle le kadish est récité en araméen, ceci afin que les anges ne comprennent pas que D’IEU est soucieux de notre situation, effectivement cela pourrait engendrer l’accusation de la part des anges accusateurs (voir Tossfot Bérah’ot 3a et Tour O’’H 56).
L’enjeu du kadish n’est pas restreint à rappeler l’avant, le passé, il a également la faculté de souhaiter l’après, l’avenir. C’est ainsi qu’explique le Tour O’’H 56 le texte du kadish : « que le nom divin grandisse et soit sanctifié, comme dit le verset dans la prophétie de Yeh’ezkel (38-23), que le nom divin grandira et sera sanctifié aux yeux des nations lors de la guerre de Gog et Magog ». Une fin des Temps où tous les humains prendront conscience de l’Unicité divine. Une fin des temps qui n’apeure pas l’humanité, qui ne prédit pas l’apocalypse et l’extinction du monde. Bien au contraire, une fin des temps qui promet enfin l’éclat de la lumière divine. Ceux qui croient que le monde s’éteindra à la fin des temps ont la prétention de croire qu’ils vivent aujourd’hui dans la lumière. Telle n’est pas la conception de la Tora. L’exil est comparé à l’obscurité, la nuit et la fin des temps est semblable à la lumière. Au fond des ténèbres de l’exil on a tout de même une lueur de lumière, un avantgoût des temps futurs : L’ETUDE DE LA TORA qui est appelée TORA OR – TORA DE LUMIERE !!! Sans Tora on est dans le flou. Le Tour poursuit « le nom divin grandira après que D’IEU se vengera d’Amalek ! ». Amalek a pourri Israël, et malheureusement il continue de le pourrir physiquement et spirituellement. Dans le Kadish nous prions pour la gloire de D’IEU et non pour les beaux yeux d’Israël ! Notre intérêt n’est pas de savoir comment les peuples nous perçoivent, mais plutôt comment ils perçoivent le divin. Et, tant qu’à nos yeux D’IEU est petit, tant qu’il n’occupe pas une place majeure, vivante, principale dans notre vie individuelle et quotidienne les choses ne peuvent s’améliorer. Arrêtons de croire que les nations sont nos amis, en tout cas ce n’est pas l’exercice recherché par Israël. Les ‘’amitiés’’ sont un leurre. LA force d’Israël c’est d’être OR LAÂMIM – LUMIERE DES NATIONS et seule LA TORA EST NOTRE LUMIERE. L’unique enjeu d’Israël c’est de se plaindre de ce qu’appelait le H’afets H’aïm « chéh’inta bégalouta – l’exil de la providence ». Quand nous aurons libérer D’IEU alors D’IEU nous libèrera…
Le Kadish c’est tout un programme, c’est un retour vers le passé pour mieux rebondir
vers l’avenir. C’est l’espoir d’Israël. Prenons en conscience pour déguster toutes les
promesses divines…
Le kadish est d’une importance telle que même lorsqu’on prie on doit s’interrompre pour répondre ‘’amen yéhé chémé raba’’. Selon le Talmud au traité Bérah’ot 21b « même si on est en train d’étudier le sujet de maâsé merkava – le char céleste, et qu’on entend le kadish on s’interrompra pour répondre ‘’amen yéhé chémé raba’’. Par contre, « on ne s’arrête pas au milieu de la âmida pour répondre le kadish ». Le Choulh’an Arouh’ O’’H 104-7 stipule dans la halah’a « si on se trouve au milieu de la âmida est qu’on entend le kadish on ne répondra pas, cependant on restera muet pour entendre et se concentrer sur le kadish prononcé et ceci sera considéré comme si on y avait répondu ». Les lois de savoir à quel moment de la prière peut-on s’interrompre pour répondre le kadish sont nombreuses, voici quelques exemples : Le Choulh’an Arouh’ O’’H 66-3 écrit qu’on s’interrompe à tout moment lorsqu’on récite les bénédictions du chémâ et même au milieu des versets du chémâ pour répondre le amen yéhé chémé raba. Dans son Yéh’avé Daât (volume 5 siman 10) Rav Ovadya Yossef chalita écrit « pour ce qui est de la âmida où on ne répond pas au kadish, si on a commencé le dernier passage de la âmida, élokaï netsor, on répondra amen yéhé chémé raba. Dans Halih’ot Ôlam (volume 2 page s 57,58) le Rav chalita écrit qu’au milieu du birkat hamazon on ne répondra pas au kadish excepté dans la 4ème bénédiction, au milieu des harah’aman, on s’interrompra pour répondre amen yéhé chémé raba.
L’importance de répondre amen yéhé chémé raba est telle qu’on peut lire dans le Rama O’’H 56-1 « celui qui rentre à la synagogue et entend la communauté répondre amen yéhé chémé raba il devra le dire avec eux même s’il n’a pas entendu la récitation du kadish prononcée par l’officiant (toutefois dans ce cas il existe une discussion s’il dira amen etc. ou s’il commencera yéhé chémé raba – voir Michna Béroura sur place et Halih’ot Ôlam 1 page 83).
Au 9ème chapitre du traité Bérah’ot le Talmud traite de l’interprétation des rêves et de la réalisation des rêves. A la page 57a on peut lire « Celui qui répond amen yéhé chémé raba dans son rêve il est certain d’être admit au monde à venir. Celui qui récite le chémâ dans son rêve il convient que la présence divine s’impose sur lui, mais voilà que la génération n’en n’est pas méritante. Celui qui met les téfiline dans son rêve atteindra un très grand niveau. Celui qui fait la prière dans son rêve c’est pour lui un bon signe (c’est qu’il est très proche de D’IEU – Rachi) ». La prière dans le rêve est un bon présage. Le Michnat H’alomot explique que le kadish fait référence au ôlam haba comme dit la phrase citée dans le kadish ‘’léâlam oulâlmé âlmaya’’, les deux mondes dits ici sont ce monde ci et le monde à venir. Le rêve du juif c’est ce programme prononcé dans le kadish. Quel autre rêve pourrait avoir le juif ? Une terre ! Une armée ! La gloire ! La richesse ! Rien de tout cela ne vaut le coup d’être vécu. L’histoire elle-même nous a prouvé que rien de tout cela n’est valeur sûre. Et, bien que nous parlions du monde présent dans le kadish ou autres prières, celui-ci n’a de valeur uniquement s’il est relié au monde à venir. Tout ce qui ne nous conduit pas au ôlam haba n’a pas d’enjeu et de sens pour l’homme en général et pour le juif en particulier (j’ai déjà eu l’occasion, il y a quelques semaines, dans les lignes du Lekha Dodi de vous parler brièvement de ‘’La Vie après la Mort’’…).
Un des textes talmudiques des plus frappants quant au kadish est l’enseignement cité au traité Chabat 119b : « Rabi Yéochoua ben Lévi enseignait ; tout celui qui répond amen yéhé chémé raba de toutes ses forces, on déchire pour lui tous les décrets. Rabi H’ya bar Aba au nom de Rabi Yoh’anan enseigne ; même s’il est entaché d’idolâtrie on lui pardonne toutes ses fautes. Rech Lakich enseigne ; celui qui répond amen de toutes ses forces, on lui ouvre les portes du gan eden ». Ce passage est un espoir sans égal ! Tous les maux trouvent remèdes à travers la concentration qu’on a lors du kadish. Répondre le kadish de toutes ses forces veut dire, selon Rachi, avec toute sa concentration. Pour Tossfot, répondre de toutes ses forces veut dire à voix haute comme dit Rabi Yichmaël dans la Pésikta « lorsque les juifs répondent amen yéhé chémé raba à voix haute, ils annulent tous les mauvais décrets ! ». Le Choulh’an Arouh’ O’’H 56-1 écrit « il faut être concentré lorsqu’on répond le kadish, et il faut répondre à voix haute. Il faudra s’efforcer de courir pour aller répondre le kadish – puisque répondre au kadish c’est une très grande mitsva, écrit le Michna Béroura ». Par conséquent, dit encore le Michna Béroura, il faudra être vigilant de ne point parler au moment du kadish, il convient d’être très attentif lors de la récitation du kadish. Dans certains synagogues on peut lire l’écriteau ‘’si tu viens ici pour parler, ou iras-tu prier’’, malheureusement certains l’ont lu à l’envers ‘’si tu viens ici pour prier, où iras-tu parler’’. Le moment de la récitation du kadish est d’une tellement grande valeur qu’on ne peut que s’étonner de voir que les gens n’accourent pas pour venir y participer et y répondre, pire encore ceux qui parlent au moment de sa récitation, comme si le kadish ne les intéressait pas. On a vraiment rien compris… Le kadish guérit tous les maux, mieux encore il annule tous les mauvais décrets, c’est quand même surpuissant et incroyable qu’à ce moment on n’y prête peu d’attention. Ne nous lamentons pas des situations graves et déplorables que nous connaissons, individuellement et collectivement, voilà que nous bafouons nos valeurs. Un patient qui jette ses médicaments à la poubelle n’a pas le droit de se lamenter de son sort qui s’aggrave de jour en jour. Un juif qui ne répond pas le kadish n’a pas le droit de se lamenter de son sort. Si le kadish guérit les problèmes physiques d’Israël il a également le pouvoir de guérir les problèmes existentiels et spirituels d’Israël, comme l’a dit le Maître, répondre au kadish c’est effacer toutes ses fautes même celles frôlant l’idolâtrie. Les synagogues ont-elles réellement l’image qu’elles devraient refléter ?! Le projet d’Israël, celui qui est à même de nous faire connaître des jours meilleurs, est inscrit là dans le kadish. Arrêtons-nous un instant sur cette question cruciale : quel projet avons-nous pour Israël ? Soulevons cette question à l’échelle individuelle, communautaire et collective. Quand nous nous levons le matin, nous avons pour projet d’aller au travail par exemple, est-ce suffisant ? Le soir au coucher, quel est notre projet ??? Les aspirations matérielles, l’argent, l’honneur, tout aussi nécessaires soient-ils sont-ils réellement les aspirations auxquelles le juif doit tant investir ? Que nous reste-t-il du passé ? Le kadish nous rappelle que le juif ne doit pas passer le temps de la vie qui lui est imparti à se battre pour le néant. Au traité Sota 49a le Talmud va jusqu’à affirmer que le monde repose sur le kadish récité après l’étude !!! Ces textes surpuissants ne doivent pas nous laisser insensibles, sinon on est vraiment atteint, il y a quelque chose qui tourne pas clair en notre existence. Les grands thèmes, enfin je dirais plutôt les thèmes qu’on a voulu rendre grand, comme l’antisémitisme, la liberté d’Israël (libre des nations, et surtout se libérer de D’IEU), et pareilles sujets, qui ont certes une importance reconnue, sont des leurres – voyez le vous-même. Aucun homme depuis des millénaires n’a trouvé le remède ! Pourquoi ? Parce que le remède appartient à D’IEU et non à l’homme ! Ouvrez les yeux : où est l’avenir d’Israël ? Planter des arbres est-ce notre avenir (en cette veille de Tou Bichvat) ? Il n’est certes pas facile d’être juif, mais il est tellement facile de définir ce qu’est le juif, ce juif détaché du divin ! Il est extrêmement difficile de se TAIRE pendant le kadish pour y répondre correctement. Mais c’est bien là le premier enjeu du kadish : taire ses bêtises et être attentif au programme décrit ici dans le kadish, ce programme qui nous permet de connaître ce qu’est véritablement l’avenir d’Israël : reconnaître la gloire divine dans le monde. On ne fait de la Tora ce qu’on veut. Un jour on m’a reproché d’être trop sévère dans certains domaines de la Tora (telles la cacheroute ou encore la conversion – des sujets que vous avez compris des plus sensibles…). Cette question est un débat en soi (auquel je vous invite à en débattre quand et là où vous le désirez), et les réponses sont multiples. N’oublions pas cependant que la seule chose que nous devons rechercher et vivre est la gloire divine. Ayons alors tout de même l’honnêteté de s’interroger : Que pense D’IEU des hommes ?! Et si on n’a pas de réponse alors gardons le silence deux minutes et répondons amen yéhé chémé raba de toutes nos forces, la réponse se fera sans tarder… Je vous propose de poursuivre cette étude splendide du kadish. Comme nous l’avons vu le kadish part de ce monde ci et nous fait voyager jusqu’au monde à venir comme nous le disons dans le kadish ‘’léâlam oulâmé âlmaya’’. C’est la raison pour laquelle le Zohar (rapporté par le Maharal – Netsah’ Israël 22) promet soixante-dix ans de bonheur à qui répond ‘’mane yéhé chémé raba’’. Ces soixante-dix ans représentent bien évidemment la vie toute entière de l’homme, or pour changer quelque chose dans ce monde ci il faut avoir recours au monde à venir, explique le Maharal. Répondre kadish avec bienveillance c’est un avant-goût du ôlama haba !
Allons un peu plus loin dans l’aventure du kadish, toujours selon le Maharal. Lorsque le Talmud nous enseigne qu’il faut répondre le kadish de toutes ses forces, il faut comprendre, dit le Maharal, qu’il faut être fort quand on répond le kadish, c’est-à-dire ne pas répondre faiblement mais en articulant bien correctement les mots du kadish. Pour bien comprendre l’enjeu de l’articulation des mots du kadish, inspirons nous de l’idée développée par le Maharal à propos de ce que nos Sages nous ont enseigné que les portes du gan eden s’ouvrent à qui répond amen. Le mot amen répond de l’idée de la émouna – la foi. Qu’est-ce que la foi ? Une doctrine qui aveugle l’homme ?! Non, du tout ! La émouna c’est un système de vie qui permet à l’homme de connaître la sérénité, puisqu’à travers la foi l’homme atteint la confiance en D’IEU, celle-ci épargne l’homme de tout malheur et lui permet de connaître un univers paisible. C’est cela le gan eden… Ce gan eden commence par répondre amen en prenant le temps de le prononcer correctement. Articuler les mots c’est déjà synonyme de calme intérieur, les gens qui parlent vite sont nerveux et instables, par contre ceux qui parlent calmement sont des gens détendus. Si on répond vite et qu’on prononce mal les mots c’est quelque peu une preuve qu’on est loin de ce rapport de confiance en D’IEU, cette confiance qui est à même de nous délivrer une sérénité sans égale. La société actuelle est une société ‘’nerveuse’’, le travail, le couple, et bien d’autres choses nous conduisent à un stress déprimant qui nous empêche de vivre pleinement. Les gens cherchent des moyens pour sortir de ce stress. En réalité tout stress découle d’une peur de mauvaise gestion (voire de non gestion) de notre vie. Et, cette angoisse découle de la toute-puissance dont l’homme s’attribue. Répondre le kadish doucement, correctement c’est déjà prendre conscience que le monde n’est pas apocalyptique mais qu’il est synonyme de gan eden. Parce que répondre au kadish c’est voir dans ce monde non seulement le pont qui nous conduit au monde à venir mais également et surtout parce que dans ce monde on peut déjà goûter aux plaisirs du monde à venir et du gan eden. Qui ne recherche pas le plaisir ? Mais, qui a pris le temps de définir correctement ce qu’est le plaisir ?! Le kadish nous promet un programme conduisant au plaisir éternel ici et là-bas. Il nous apprend à déguster chaque ‘’mot’’ de la vie pour ainsi être épargner de tous les ‘’maux’’.