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Le Rachâ

Rav Imanouel Mergui

Un des sujets des plus délicats de la Tora est le statut du ‘’racha’’ – l’impie. Il existe dans les textes de nombreux passages qui traitent de l’impie. Sa définition, sa loi et surtout le rapport qu’on doit avoir avec lui. L’homme moderne se disant tolérant n’aime pas qu’on doive exclure quiconque. La notion de racha n’est pas réservée aux non-juifs ennemis de D’IEU et d’Israël, il existe malheureusement des juifs mauvais qui se font du mal et qui font du mal aux autres. Mal physique et/ou mal spirituel. Cette étude est fondamentale même si on évite d’en parler en public, il y a un certain tabou dans ce domaine ! Le monde laxiste dans lequel nous vivons nous invite à accepter tout le monde tel qu’il est sans le regarder dans son être profond. C’est bien souvent au nom de la paix, du Chalom comme on dit, et de la liberté qu’on laisse l’autre dans sa médiocrité dont on se voile la face pour ne pas la voir. Or le Prophète Yéchâya 48-22 a dit « il n’y a point de Chalom pour le rachâ » ! C’est violent, je vous l’accorde, mais je vous demande un peu de tolérance pour poursuivre mon article…

Un autre point que j’entends souvent est de prétexter ‘’qui sommes-nous pour juger l’autre ?!’’. Cette affirmation est vraie et fausse. Vraie : parce que le rachâ n’est pas sujet à la définition de chacun, ce n’est pas à moi de choisir qui est rachâ et qui ne l’est pas. Le rachâ n’est certainement pas celui qui ne va pas dans le même sens que moi dans la vie. C’est bien là qu’il faut de la tolérance, accepter que quelqu’un d’autre n’admette pas ma façon de penser. Par exemple dans le couple la tolérance est d’or !… Et, fausse : parce que nous avons une grille de lecture de l’autre, la Tora parle du rachâ, le Talmud et les ouvrages de halah’a s’y penchent longuement (voir notamment Rav Menah’em Adler Bina Védaat), donc oui nous devons juger l’autre toutefois en respectant les règles de lecture édictées par la Tora uniquement.

Notre Grand Maître Rabi Chlomo Wolbe ztsal (Chiouré H’oumach page 113) nous indique la marche à suivre quant au rachâ : au chapitre 13 verset 14 de notra Paracha la Tora nous parle d’un enfant qui pose une question. Rachi explique : la Tora parle de quatre enfants parmi lesquels il se trouve le rachâ ! Si et puisque la Tora nous parle de l’impie cela veut dire qu’on doive s’occuper de lui, non pas comme certains qui pensent qu’il faut éloigner le rachâ. Le rachâ a une question qu’il faut prendre au sérieux et lui offir une réponse adéquate. L’élan de la réponse donnée et afin qu’il comprenne qu’il ne faut pas être un rachâ, qu’il faut l’introduire dans la communauté d’Israêl et le sortir de son impiété, la Tora a quelque chose à dire à l’impie. On n’a pas le droit de perdre espoir du rachâ !

Quelle est la question du rachâ ? Le Maître poursuit : dans sa question l’impie formule une phrase violente ‘’lah’em’’, qu’est-ce que ‘’vous’’ faites. Il se met lui-même à l’écart, c’est lui qui se détache de nous. Il veut dire que toute cette Tora ne le concerne pas, il s’en désintéresse. Le rachâ se positionne souvent en victime alors qu’il est lui-même l’agresseur. Il veut qu’on l’accepte tel qu’il est, il ne veut rien changer, il manque lui-même de tolérance, il est fermé à tout discours. Ceci rend la besogne plus difficile envers son interlocuteur, bien évidemment. Celui qui vit dans le ‘’cela ne m’intéresse pas’’ ou le ‘’c’est de la religion’’ est rachâ, il manque de volonté de voir autrement que ce que lui pense, il veut que tout le monde l’écoute ais il ne veut écouter personne, il est cimenté dans ses idées et ne veut rien entendre d’autre. La Tolérance n’est pas le culte de manger dans l’assiette de l’autre sans s’assurer de sa correction, ceci est communisme. L’exercice est de renvoyer la balle au rachâ et de l’inviter à s’ouvrir à un autre discours que le sien.

Les métodes de dérachaïser l’impie sont nombreuses, parce qu’il faut avant tout bien définir où se trouve son point de mensonge et son blasphème. Ce n’est pas facile. Mais tout en le traitant de rachâ – tel que la Tora nous le demande, on doit parallèlement lui ouvrir la porte et l’inviter à se défaire de sa mécréance chronique. La question est encore plus délicate : comment se comporter avec un rachâ dont on ne sait comment l’arracher de son point de rachâ ? Question lourde de conséquence et des plus actuelles. Pour ma part j’aime dire : je suis tolérant en acceptant ton impiété si tant est que tu es au moins d’accord d’écouter ce que j’ai à te dire !

Retenos au mons deux points de l’enseignement de notre Maître zal : 1) le rachâ est celui qui est fermé aux discours des autres, 2) invitons le rachâ à ne plus l’être !

Nous avons une mission : rendre tout le monde tsadik… certes à commencer par soi-même !

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