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L’oeil – Partie 4

Rav Imanouel Mergui

Avons-nous tout dit à propos de l’œil ? Certainement pas, l’œil nous accompagne tout au long de la vie, on pourrait en parler durant soixante dix ans. La vue c’est la vie. Si jusqu’ici j’ai dessiné une image quelque peu négative de la vue ainsi que ses aspects néfastes et dangereux, il en va de soi que l’œil connaît un regard plus positif. La sagesse se situe justement au niveau du bon usage de nos yeux. Tous les matins dans les bénédictions récitées nous bénissons D’IEU qu’IL est ‘’pokéa’h ivrim’’, IL nous ouvre les yeux. Nous prions D’IEU que nos yeux soient toujours bien et bons voyants, que nous puissions voir ce qui est à voir. Cette bénédiction renferme également la prière qu’IL nous ferme les yeux à ne pas voir ce qui n’est pas à voir. Nous proclamons que nos yeux sont soumis au pouvoir divin. Si tout le monde connaît (ou croit connaître) les effets maléfiques de l’œil tel le ‘’ayin hara’’ peu connaissent les effets bénéfiques de l’œil. Ceci est le propre même de la vie quotidienne, on nous apprend malencontreusement de tout voir du mauvais côté mais on ne nous apprend pas assez à voir les choses, les gens, les évènements d’un bon œil. C’est dramatique, c’est dommage. Mais qu’est-ce qu’un bon œil ? Au traité Avot 2 Michna 9 il est rapporté que Raban Yoh’anan Ben Zakaï questionna ses élèves d’une question majeure : quel est le droit chemin auquel l’homme doit se coller ? Son élève, Rabi Eliezer répondit : Ayin Tova ! Un bon œil !

Le gaon de Vilna rattache cet enseignement aux dires du roi Chlomo prononcés dans Michlé 22-9 « celui qui est animé d’un bon œil sera béni ». 

Rabénou Ovadya Barténora explique : c’est celui qui trouve satisfaction de ce qu’il possède, il ne recherche pas de choses inutiles, et ne jalouse pas l’autre lorsqu’il voit qu’il a plus que lui.

Le Yah’in va encore plus loin : c’est en plus de cette satisfaction de ce qu’il possède même si c’est peu, se réjouit de la réussite de l’autre ! Il ne connaît pas le souci et ne se met jamais en colère.

Par le Ayin Tova l’homme est toujours dans la Joie et est un être serein, explique Rabénou Béh’ayé.

Par cette vertu il ne commettra jamais d’incorrection tel le vol et la convoitise envers autrui, il est un être généreux et animé de bon cœur, note le Milé Déavot.

Selon le Ri Ben Shoushan il vit dans le renoncement de ses intérêts au profit des autres et se réjouit de leur félicité.

Ceci ne peut que promettre le chalom à l’homme, s’exclame le Mah’zor Vitri.

Le commentaire du Méiri s’inscrit bien à la suite de tout cela, il écrit : par cette vertu l’homme est aimé de tous ! Lorsque deux personnes se sont présentées chez Rabi H’aïm Kanievsky chalita pour un différent qu’ils avaient, le Rav leur a dit : connaissez vous mon beau frère le Rav Yitsh’ak Zilberstein ? Ils répondirent qu’ils le connaissent. Le Rav poursuivit : y-a-t-il une personne qui ne l’aime pas ? Ils dirent non. Le Rav expliqua : mon beau-frère ne voit que le bon de chacun, il accueille tout le monde agréablement et honore tout le monde ! (Haparacha Hamah’kima Rav Chilo Ben David).  

De ce fait il ne se tournera uniquement vers des choses bonnes et vraies, précise le Sforno.

Rabi Avraham Azoulay dans son Ahava Bétaanouguim explqiue qu’animé de Ayin Tova cela veut dire aspirer au bonheur des autres et se réjouir de leur réussite.

Métivta (Kaftor Vaférah’) rapporte au nom du Avodat Sraël qui veut qu’on peut atteindre cette vertu par la Foi en D’IEU, si l’homme comprend que ce que l’autre a et que ce que lui a tout vient de D’IEU alors il ne peut être que joyeux de son sort et de ce que l’autre a, il n’en n’arrive point à jalouser ou faire du mal à quiconque.

Métivta rapporte encore au nom du Kédouchat Israël que le Ayn Tova entraîne l’homme à ne voir que les bonnes choses du monde c’est-à-dire D’IEU ! Là où il met les yeux devient béni.

Il ne sera pas avare (Haparacha Hamah’kima Rav Chilo Ben David).

Lorsqu’on demanda à Rav Yaakov Galinsky zal : comment a-t-il trouvé la force de continuer à vivre alors qu’il a connu la première et la seconde guerre mondiale, que de nombreux membres de sa famille ont péri ? Le Rav répondit avec humour : je suis petit de taille (il mesurait un mètre soixante) je ne vois donc seulement la moitié pleine du verre ! (Haparacha Hamah’kima Rav Chilo Ben David). Cela nous renvoie à la vertu de la modestie !

Notre Grand Maître Rabénou Ovadya Yossef (Anaf Ets Avot) cite le Rachbats qui rappelle l’enseignement des sages au traité Baba Batra 9B : celui qui accueille agréablement le démuni et lui donne de la tsédaka reçoit dix-sept bénédictions !!!

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