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La MEZOUZA

Rav Imanouel Mergui

Au traité Péa chapitre 1 le Yérouchalmi raconte : Un juif riche et noble du nom d’Artabon, envoya à Rabénou Hakadosh une pierre précieuse d’une valeur inestimable ; il demanda à Rabi de lui envoyer également un objet de grande valeur. Rabi envoya à Artabon une mézouza. L’étonnement d’Artabon était à prévoir, il dit à Rabi : je t’envois un bijou d’une valeur sans égal et toi tu m’envois un parchemin qui ne vaut que quelques pièces !? Rabi lui donna deux réponses :
1) « c’est que la sagesse est plus précieuse que les perles, tous les biens réunis ne la valent point » – Michlé 8- 11. 2) Tu m’offres un bijou que je dois garder par contre moi je t’offre un bijou qui, même lorsque tu dors, c’est lui qui te garde.
Rabénou Hakadosh nous lègue ici deux points fondamentaux quant à la mitsva de la mézouza.
1) Comment un homme peut-il croire que des biens matériels aussi chers soient-ils peuvent être comparés à des objets de mitsva ?! Un diamant, quelque soit son prix, une Ferrari, je ne sais pas imaginez votre iphone etc. tout ça est de valeur inférieure à l’objet de mitsva. C’est la mézouza qui est choisie pour nous livrer cette réflexion, en somme la mézouza c’est un petit bout de parchemin et quelques gouttes d’encre, rien de plus. Je constate qu’on est vraiment très loin de la Tora ! Les gens n’ont pas cinquante euros pour s’acheter une mézouza mais une belle télévision, un beau téléphone, un beau scooter, une belle maison etc. là on ne se demande plus si on a l’argent ! On a vraiment rien compris. On a de l’argent pour refaire la peinture ou d’autres travaux et on n’a pas quelques euros pour la Tora ! Ce point nous invite à réfléchir sur la valeur des choses. Cette réflexion est l’exercice de la vie, un enfant voit plus de valeur dans un playmobil que dans un ipad. Grandir c’est reconnaître la juste valeur des objets qui nous entourent. C’est également estimer et valoriser les gens qui nous entourent. Le respect dû aux parents ainsi qu’aux Maîtres de Tora nous apprend que certaines personnes sont de valeur supérieure aux autres ! Les guerres nous font réfléchir sur la valeur de la vie. Les enjeux de la société (la dernière blague en date ‘’le mariage pour tous’’ qu’il conviendrait d’appeler ‘’le mariage pour personne’’) nous font réfléchir sur la valeur de l’homme et de la femme – d’ailleurs tous les conflits sociaux, notamment ceux qui tournent autour du couple et de la famille, nous invitent à redimensionner et surtout estimer à juste titre qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’un enfant ? Etc. C’est bien ce ‘’petit bout de papier’’ qui nous stimule à penser que la valeur des choses ne se définit pas par leur prix mais par ce que chaque chose renferme au fond d’elle-même et en elle-même. Chaque porte est marquée et scellée de ‘’ce petit bout de papier’’ parce qu’en franchissant encore un palier on risque d’oublier la valeur des choses.
2) Et, justement, la mézouza qui paraît être insignifiante a en réalité une valeur qui dépasse l’entendement, pourquoi ? Normalement ce qui a de la valeur exige la surveillance de l’homme or pour ce qui est de la mézouza c’est elle qui surveille l’homme. La valeur de la mézouza est qu’elle apprend à l’homme qu’il est lui-même d’une dimension supérieure ! L’homme dépense beaucoup d’argent pour une ‘’pierre précieuse’’ alors que pour son ‘’lui-même’’ il n’investit pas grand-chose. Rabi voulait dire à Artabon : toi tu m’offres un diamant mais moi je t’offre ce que tu es toi-même, je te renvois à toi-même ; parce que, toi tu croyais que ta pierre est ce qu’il y a de plus cher au monde mais ton erreur est bien là, tu croyais même que ta pierre, sans aucune utilité dans la vie, est au-dessus de toi alors je t’offre ce ‘’petit bout de papier’’ qui te rappelle que tu es toi-même d’une valeur supérieure à ta pierre ! Chaque porte que tu franchis dans ta vie est une nouvelle chance qui t’est donnée pour que tu t’interroges de savoir qu’est-ce que tu vaux face à l’univers que tu vas rencontrer !!!