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La médisance –  לשון‏הרע ou l’effet boomerang de la Parole

Rav Imanouel Mergui

Pourquoi traiter ENCORE de la médisance ? Parce que malheureusement elle se trouve encore parmi nous. Il est d’ailleurs impressionnant de constater le nombre de choses que nous avons à raconter sur les autres ! Nous avons sans cesse des informations touchant autrui à divulguer. Nous vivons dans la diffamation absolue. La médisance est notre nourriture quotidienne – c’est de la pure folie !

Rappelons quelques points majeurs soulevés par le H’afets H’aïm qui continue de nous guider et de nous éclairer dans cette faute gravissime qui est la cause de tous nos maux individuels et communautaires.

Lorsqu’on médit on est susceptible de transgresser 17 assine (commandements actifs de la Tora), 14 lavine (commandements passifs de la Tora) et 3 arourine (malédictions de la Tora prononcées à l’égard de celui qui médit). Il est impressionnant de voir combien de transgressions nous commettons à chaque parole de médisance. Donnons un exemple une information c’est un total de 31 fautes et 3 malédictions, deux informations c’est 62 fautes et 6 malédictions, trois informations c’est 93 fautes 9 malédictions et ainsi de suite… Imaginez le cumul de médisance que nous racontons dans la journée se sont des milliers de fautes commises en 24 heures ; je n’ose même pas faire le total sur une semaine, un mois et toute l’année, si on s’arrête à 93 fautes et 9 malédictions par jour par jour cela donnerait un total de 33945 fautes et 3285 malédictions annuelles pour ce qui est de notre lachon hara. Amusez vous à faire le calcul dans son exactitude. Continuons l’exercice de l’âge de la bar mitsva jusqu’à au moins 70 ans on obtiendrait un total de 1934865 fautes et 187245 malédictions sur 57 années de vie. Et, encore une fois ce n’est qu’en comptant 3 informations de médisance par jour… La personne qui médit est une poubelle de fautes et un ramassis de malédictions !

Dans Son ouvrage Chmirat Halachon le H’afets H’aïm fait un travail fabuleux, il traite de la médisance à travers les parachiotes de la Tora, nous trouvons au total 18 sections de la Tora traitant du lachon hara : quatre fois dans le livre de Béréchit, quatre fois dans le livre de Chémot, quatre fois dans le livre de Vayikra, quatre fois dans le livre de Bémidbar et deux fois dans le livre de Dévarim. C’est presque un tiers des parachiotes de la Tora qui traite du lachon hara, c’est dire quelle place la Tora a réservé à ce sujet si préoccupant. Cela nous prouve encore l’importance majeure que nous devons avoir face à ce sujet, alors que la Tora lui consacre tant de lignes nous le banalisons – à moins qu’on soit indifférent avec la Tora ?!

Rappelons ce qu’écrit le H’afets H’aïm sur notre paracha de Korah’ : « D’IEU a décidé d’engloutir Korah’ et sa bande. On peut s’interroger sur cette sanction, effectivement nous savons que le châtiment du lachon hara sont des maladies qui atteignent la chair de l’homme (négaîm) ? Korah’ et ceux qui l’ont suivi ont dit que Moché et Aharon avaient conduit le peuple d’Israël dans le désert pour le conduire à la mort, selon ces propos il conviendrait que Moché et Aharon soient condamnés à mort. Vu que leur médisance s’est avérée incorrecte, ils vont eux-mêmes subir le sort qu’ils voulaient qu’on attribue à Moché et Aharon » (Chmirat Halachon 2-21). Il y a là une idée nouvelle qui se dégage de la réponse du H’afets H’aïm : chaque fois qu’on dit du mal sur autrui on lui porte automatiquement un jugement et on lui espère un châtiment à hauteur de sa faute. Etant donné que ceci est une divulgation injuste et interdite ce qu’on a espéré pour l’autre va se retourner contre soi-même, je veux dire contre celui qui a médit. Médire c’est se maudire. Médire c’est prendre le risque de subir ce qu’on aimerait que l’autre subisse. Il y a un effet boomerang dans la parole. Korah’ médit sur Moché et Aharon et lui souhaite la mort mais cette même mort va se retourner contre lui ! Que c’est beau la Tora !!! Parler sur l’autre c’est prendre le risque de se faire très mal…