Rav Imanouel Mergui
A la veille de Chavouot le Rav Ouri Zohar ztsal nous quittait. Il a eu une histoire particulière. Il était l’étoile filante du cinéma israélien dans les années 70. Loin et éloigné de la foi, de la Tora et du divin. Quelques années plus tard il fait une téchouva remarquable et devient en plus du symbole de la téchouva, l’homme qui se souciait de faire revenir les gens au banc de l’étude de la Tora. Il consacra sa vie à l’étude de la Tora de façon assidue mais ne garda pas sa téchouva pour lui. Il sera à la tête du mouvement Lev Léah’im se voulant être un système de téchouva de grande envergure auprès de nos frères et sœurs égarés. Il garda sa popularité mais l’orienta vers le divin. C’est une leçon à multiples facettes. Faire téchouva lorsqu’on revient du monde du cinéma n’est pas quelque chose de fréquent et d’évident. Bien souvent les gens qui font téchouva se renferment sur eux-mêmes, mais là le Rav zal a continué de s’ouvrir vers le monde mais pour une autre cause, plus noble, plus authentique, plus existentielle. Il nous a appris, notamment, que faire téchouva c’est rester le même mais en meilleur. Prendre ses atouts, ses énergies et les orienter vers une destinée plus digne du juif appartenant au peuple de D’IEU. La téchouva c’est sublimer ses caractéristiques. Reste le même mais dans la Tora. C’est énorme et fabuleux. D’IEU t’a offert une vie avec toute la singularité de ta personne, l’enjeu est de les diriger vers une destinée correcte. Le monde du cinéma est un univers qui fait rêver l’être humain et le distrait de l’essence de son existence. Les paillettes des acteurs font briller les yeux de plus d’un. Tout le monde aime le cinéma, c’est bien une chose qui touche tout le monde, d’une façon ou d’une autre. Il a su, le Rav zal, écrire ce rêve vers les hauteurs de la vie. Rêver la Tora ! Faire de la Tora son ‘’cinéma’’ son rêve. Je n’ai pas connu le Rav Ouri Zohar, mais on le voyait et l’entendait dans toutes les occasions et les grands moments, il était l’invité phare de grandes soirées de téchouva. Avec son verbe il sensibilisait les laïcs comme les pratiquants. Il ne s’est pas enfermé dans une grotte pour quitter le monde éphémère du cinéma, il est resté dehors, proche du monde, pour leur faire goûter la vraie vie que chaque juif se doit de connaître dans sa vie. Dans les années 80 il se rendit auprès de Baba salé ztsal pour lui demander une bénédiction, mais Baba Salé ztsal renversa les donnes et lui dit : c’est toi qui dois me bénir, ton mérite lié au travail de téchouva que tu fais dans le peuple est inégalable, bénis-moi ! On a eu la chance de vivre une génération qui a connu un tel homme. Le cinéma est pour plus d’un synonyme de réussite dans ce monde, l’argent, la gloire, la popularité etc. marquent l’aspiration de beaucoup d’hommes sur cette planète. Peut-être que pas tout le monde veut être acteur ou actrice de cinéma, néanmoins leur réussite attire tout le monde. C’est, en mon sens, un de ses messages forts : en vérité on est tous des acteurs/actrices dans notre vie. Chacun joue un jeu, conscient ou inconscient, dans sa vie. Chaque être humain dans sa vie professionnelle, sentimentale, familiale etc. cherche une certaine gloire et s’efforce de réaliser un rêve afin de devenir une étoile. Le peuple d’Israël est particulièrement comparé aux étoiles (Béréchit 15-5), le Rav zal nous rappelle qu’on peut faire briller cette étoile en toute circonstance soit-elle. Non pas une étoile gravée au sol des marches cannoises, mais qui va vers les hauteurs célestes. Il a élevé cette étoile terrestre vers un scintillement plus authentique et surtout éternel. Il a surpassé la réussite du cinéma pour se diriger vers une réussite existentielle et a partagé son expérience. Il nous invite à sortir du plus bas monde pour rejoindre les hauteurs auxquels le Créateur nous invite. Le monde de la téchouva n’aurait jamais cru compter dans ses rangs Rav Ouri Zohar, encore moins le voir à la tête des plus grands mouvements de la téchouva de notre ère. C’est sa force, son mérite et son message. C’est bien à où il a joué pleinement son rôle. Chacun est une étoile, et dans le ciel il y a de la place pour toutes les étoiles, personne n’est exclu, il y a de la place pour chacun, et personne ne prend la place de personne. Au sommet de la gloire il quitte le monde le plus matériel et improbable pour marquer l’histoire d’une étoile montante et filante emportant avec lui toutes les étoiles éteintes pour raviver leur lumière ! Il est décédé avant Chavouot pour nous apprendre comment on reçoit dignement et correctement la Tora. Que son mérite continue de rejaillir sur tout Israël.