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Retour vers le futur

Rav Imanouel Mergui

Dans ses Hilh’ot Téchouva le Rambam me surprend lorsqu’il y consacre deux chapitres et demi pour nous parler du olam haba ! Voir chapitre 3 halah’a 5 jusqu’à la fin, chapitres 8 et 9.

Malheureusement de nombreux juifs ne savent même pas ce qu’est le olam haba, et ceux qui en ont entendu parler ne l’ont pas suffisamment saisi. Le olam haba fait partie intégrante de notre vie de juif, et tout aussi surprenant que cela puisse paraître cela s’inscrit dans le programme fabuleux de la téchouva. Pourquoi ?

Peut-être, avant tout pour répondre à ceux qui se demandent à quoi ça sert de faire téchouva. Ceux-là constatent que sans faire téchouva leur vie est pareille. Pourquoi faire téchouva, revenir vers D’IEU, vers la vérité, vers la Tora et ses commandements, pourquoi être meilleur puisque rien ne change, je ne vois pas quel intérêt et quel bénéfice j’ai que de faire téchouva. A cela, dans un premier temps le Rambam vient répondre : ce qui change et l’intérêt de la téchouva va bien au-delà de ce monde, les conséquences et rapport de la téchouva se feront davantage ressentir dans le monde à venir, le monde qui vient.

Le olam haba n’est pas uniquement le résultat de la téchouva. Allons plus loin, le olam haba est la téchouva même ! La téchouva est vue dans toute sa simplicité lorsqu’on l’a définie comme étant le retour de l’homme vers D’IEU, ce qui est déjà énorme puisque cela implique l’exercice de la émouna. Ensuite la téchouva implique le retour de l’homme vers lui-même, sans téchouva l’homme est en décalage de son être propre, il ne vit pas sa vie. Il ressort de ces passages du Rambam que la téchouva est un voyage vers l’éternité, vers ce qui ne meurt et s’éteint jamais ! La téchouva c’est une aventure qui ne se terne jamais, qui ne s’arrête jamais. Téchouva veut dire retour, c’est donc un retour vers le futur, un voyage vers le futur. On retourne là où on n’est jamais allé. Alors pourquoi parler de retour ? Cela veut dire que le monde du olam haba se trouve déjà en nous. En cumulant les définitions de la téchouva on obtient une idée fantastique à propos de la téchouva : revenir vers D’IEU pour retrouver l’essence même de notre être qui est éternelle et se tourne vers un futur qui ne cesse de grandir et nous surprendre. Faire téchouva c’est se surprendre, ce n’est pas du déjà vu, c’est découvrir D’IEU en notre for intérieur et se confondre en Lui.

Dans ce discours le Rambam compte toutes les personnes qui n’ont pas (encore) accès au olam haba. Je dis : pas encore, parce qu’ils n’ont pas encore fait téchouva. Le Rambam dénombre vingt-quatre personnes qui sont exclues, ou plutôt qui s’excluent du olam haba. C’est quelque peu effrayant, mais il faut le lire dans le sens où faire téchouva c’est dans un premier temps corriger ces vingt-quatre fautes ! On ne peut citer ici ne serait-ce que leur titre, mais pour ne citer qu’un exemple : le rambam parles des ‘’baâlé lachon hara’’ – les médisants !!!

Encore un point à noter dans ces halah’ot du Rambam dans lesquelles il va définir l’intérêt de désirer le Machiah’. Et le Machiah’ va nous conduire au olam haba. Le programme de la téchouva c’est se ranger dans ce programme messianique et olam haba, c’est tout simplement fabuleux. La téchouva est un univers sans fin, c’est le programme de toute une vie qui s’écrit en permanence. On ne peut pas s’épuiser de faire téchouva, il y a toujours quelque chose à découvrir. C’est un rebondissement qui nous fait monter et ne jamais descendre. On décolle, on s’envole, on monte très très haut. On découvre des potentialités divines et humaines qui ne cessent de nous exalter à nous-mêmes ! C’est un enchantement permanent. La téchouva commence certes par la reconnaissance de ses mauvais choix, la prise ferme sur soi de ne pas récidiver, le regret etc. etc., et elle se poursuit jusqu’après la venue du Machiah’ jusqu’au olam haba qui ne connaît pas de ‘’jusqu’à’’.

Fasse Hachem que nous puissions voyager vers le futur le plus lointain, le plus inimaginable, le plus spectaculaire, pour découvrir D’IEU dans toute sa splendeur, pour comprendre les potentialités qui nous animent et en faire bon usage. Chana Tova, bonne nouvelle année, sans covid, sans guerre, sans maladie, sans cruauté, sans animosité, une année tranquille à travers laquelle on pourra découvrir le monde le plus paisible celui du olam haba !