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Le But de la Sagesse

Rav Imanouel Mergui

Au traité Bérah’ot 17A le Talmud nous livre un enseignement d’une puissance extrême au nom de Rava « tah’lit h’oh’ma, téchouva oumaâssim tovim » – le but de la sagesse est le repentir et les bonnes actions. On peut facilement comprendre que la sagesse n’est donc que le moyen pour arriver à quelque chose de concret. La sagesse ne doit pas rester dans le monde de l’esprit, elle doit rejoindre l’action. Pourtant l’homme a tendance de penser inversement, pour l’homme l’action n’est pas la finalité elle serait même le moyen de rebondir à l’univers de la pensée, pour certains l’action est inutile, l’homme se définit par sa pensée ! L’homme aime émettre de grandes idées mais lorsqu’il s’agit de passer à l’action toute sa pensée s’évapore. Or ici nous apprenons que la pensée est le préambule de l’action. Le test d’une bonne pensée est l’exercice de ton action. Pour valider une pensée il faut agir.

Rachi traduit : l’essentiel de la Tora c’est qu’il soit avec elle le repentir et les bonnes actions. C’est-à-dire que la sagesse fait ici référence à l’étude de la Tora, et celle-ci touche son côté principal seulement s’il y a avec la Tora l’action correcte. Selon ce commentaire la Tora n’est pas le moyen de l’action, il reste quelque chose de fondamental dans l’étude mais elle serait incomplète si elle ne se traduisait pas en action. Il faut que la sagesse de la Tora soit accompagnée de bonnes actions et de repentir.

Le talmud a compté ici deux choses la téchouva (repentir) et maâssim tovim (bonnes actions).

La téchouva issue de l’étude implique que l’étude qui nous fait découvrir la sagesse de la Tora qui est la sagesse divine, le ‘’seh’el éloki’’ comme l’appelle le Maharal, cela doit nous transformer. Lorsqu’on découvre la profondeur de la sagesse divine inscrite dans la Tora on ne peut pas rester le même, il y a quelque chose qui doit vibrer en nous jusqu’à nous transformer. L’humain devient divin et se comporte comme tel.

Les maâsim tovim renferment tout d’abord l’idée que nos actes deviennent bons. Cela veut dire que sans Tora nos actes ne sont pas bons ! On ne peut pas se comporter en ‘’bon’’ sans la sagesse de la Tora. La Tora est elle-même l’origine et la définition du bon comme dit le verset « ki lékah’ tov natati lah’em, Torati âl taazovou », a dit le roi Chlomo dans son Livre Michleï 4-2 – Je vous ai donné quelque chose de bon, n’abandonnez pas ma Tora. On ne peut accéder au bon uniquement en passant par la Tora, et plus précisément en découvrant la h’oh’ma de la Tora. Il y a dans la Tora une sagesse sensible ‘’adine’’, comme l’appelle Rav Weintraub zal (dans son Livre Nétivot Or Netiv Hatora commentaires sur le Maharal), cette finesse de la h’oh’ma de la Tora ne laisse pas l’homme pareil, et elle le rend meilleur ! La Tora que l’homme étudie le rend meilleur, on pourrait même dire que le tov est le baromètre de notre découverte de la h’oh’ma de la Tora, tant que je n’arrive pas à la téchouva et aux maâssim tovim c’est que je n’ai pas encore découvert la profondeur délicate de la Tora.

Téchouva et maâssim tovim sont les deux parties de la Tora. La téchouva c’est ma connexion au divin, et les maâssim tovim c’est mon rapport à autrui. Ces deux notions changent et rendent l’homme meilleur par sa découverte de la h’oh’ma de la Tora qui ne passe uniquement par l’étude de la Tora.

Rava illustre ses propos indiquant que la Tora a pour but la téchouva et les maasim tovim : l’homme doit étudier toutes les parties de la Tora sans refouler son père, sa mère, son maître et tout celui qui est plus grand que lui en sagesse, ceci est possible seulement si on étudie la Tora lichma ! La téchouva et les maâssim tovim se dessinent par le rapport que j’ai d’avec mes supérieurs ! Lorsque l’homme découvre la sagesse il rencontre le souci du rapport à l’autre, et ce qui est intéressant c’est que cet autre là est mon supérieur. Nous voyons bien que sans Tora chacun se pense supérieur aux autres… La Tora étudiée lichma – qui est un programme en soi qui consiste à comprendre la finesse de la volonté divine (…), conduit l’homme à saisir que s’il est devenu ce qu’il est c’est grâce à tous ses supérieurs : parents et maîtres. La Tora affine l’homme et le rattache à ses sources, synonyme de modestie et c’est ainsi qu’on découvre encore plus la h’oh’ma de la Tora, le divin et qu’on devient meilleur. C’est cela le but de la Tora et de son étude : le rapport délicat avec ceux qui ont fait de nous ce que nous sommes…

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