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La saveur de la Tora

Rav Chimchon Pinkous zal

Les fêtes d’Israël forment une entité, elles forment toutes ensembles une échelle et chacune est un échelon. Ces étapes se calquent sur la vie de l’homme. Pessah’, la première fête est la naissance. Chavouot, la réception de la Tora et des mitsvot est la bar mitsva. Soukot, la proximité entre Israël et D’IEU c’est la h’oupa – le dais nuptial. Roch Hachana et kipour précèdent Soukot, sont des moments de prise de conscience et de préparation au mariage. Chémini Atseret avec Simh’at Tora c’est le summum de cette union, on prend la Tora et on danse avec elle. Cependant à cette échelle vont s’ajouter deux échelons : H’anouka et Pourim et nous devons comprendre quel rôle jouent-ils ?

Téhilim 50-2 « la beauté se trouve à Tsion ». Il y a deux niveaux dans la beauté 1) la beauté extérieure, superficielle, 2) la beauté profonde, vraie. Constater la beauté de l’apparence d’un beau fruit ne présente pas encore la beauté du fruit quant à sa saveur. L’écorce extérieure attire le regard pour conduire l’homme à la beauté intérieure des choses. La beauté du Temple attirait les visiteurs pour qu’ils viennent goûter le sens profond du Temple à travers l’esprit saint qu’on pouvait en tirer. Nos Sages ont permit de traduire la Tora en grec parce qu’elle est une belle langue ainsi elle attirera les juifs à lire la Tora.

C’est bien cela le message de H’anouka : chez les grecs la beauté n’était qu’attirante et qu’extérieure, alors que la beauté véritable et profonde se trouve dans la Tora ; comme dit le Even Ezra : ne t’emballe pas de la beauté grecque elle n’a que des fleurs et pas de fruit ! En réalité la difficulté de la Tora se trouve là : on ne ressent pas toujours et systématiquement la saveur de la Tora, sa beauté intérieure ; on peut rester éveiller toute une nuit pour lire un roman parce qu’on le lit avec passion mais on a du mal à en faire autant avec la Tora. La Grèce n’a de beauté que l’enveloppe alors que la Tora sa beauté se trouve plus profonde.

Téhilim 45a « Le chant des roses », le Midrach explique : la chose ressemble à un roi dont ses sujets ont offerts une couronne en or, le roi leur dit ‘’je ne désire ni votre or ni votre argent, je veux une couronne faite de fleurs de rose. De même D’IEU a dit à Israël je ne désire qu’une couronne de rose ! On peut expliquer : D’IEU n’est intéressé que par le cœur d’Israël et leur amour, en lui offrant des ‘’roses’’ on lui témoigne cet amour. D’IEU recherche cette beauté intérieure d’Israël. Certes il est difficile d’étudier la Tora avec joie et enthousiasme, on a vu ce comportement chez les Grands Maîtres, néanmoins tous doivent y aspirer.

Pour quelle raison l’homme ne savoure pas l’étude de la Tora ? Les raisons sont multiples, arrêtons nous sur un point : un homme invité à un repas royal ne s’aventurerait pas à manger avant d’y participer, ceci abîmerait son appétit, bien au contraire il fera attention de ne rien manger avant ce repas afin de garder tout son appétit. Il en est ainsi pour la Tora : le gavage des aspirations matérielles atténue l’appétit de la Tora. C’est la culture grecque qui est la cause de ce phénomène, c’est d’elle que nous devons nous préserver. En cette fête de H’anouka nous devons apprendre à atténuer les aspirations matérielles afin que celle de la Tora reste saine. Lorsqu’on goûte à la saveur de la Tora on se rend compte qu’il n’y a aucun plaisir qui ne l’égale.