Aller au contenu

Etudier la Tora le 25 décembre

Rav Ovadya Yossef chalita ’’Yabia Omer’’ volume 7 Y’’D 20

Certains ont la coutume de ne point étudier la Tora en cette date, mais il me semble que cette coutume est caduque elle n’a pas sur quoi s’appuyer ! Nos maîtres ne se sont jamais abstenus d’étudier la Tora la nuit du 25 décembre. ‘’La nuit n’a été créée uniquement pour qu’on y étudie la Tora’’ disent les sages au traité Erouvin 65a. Au traité Ménah’ot 99b il est rapporté que Ben Dama a demandé à Rabi Yichmaël : j’ai étudié toute la Tora ai-je le droit d’étudier la science grecque ? Il lui répondit : il est dit dans le verset ‘’la Tora ne quittera jamais ta bouche, tu l’étudieras jour et nuit’’, trouve donc un moment qui n’est ni jour ni nuit et tu pourras étudier autre chose ! Il se trouve qu’il n’ya aucun instant où l’homme peut se défaire de l’étude de la Tora ! Il y a de nombreux textes talmudiques et midrachiques qui vantent l’étude de la Tora et condamnent ceux qui se défont de l’étude de la Tora. Dans le livre Taâmé Hamihnaguim il est rapporté au nom du Likouté Pardess qu’il y a des endroits où en cette date les Rabanim avaient décrété de fermer les lieux d’étude à cause des pogroms suscités par les antisémites. Toujours est-il que même d’après cela il n’a jamais été interdit d’étudier en cette nuit, effectivement chacun peut étudier la Tora chez lui. L’auteur rapporte par contre au nom du Tsadik de Dinow zal et de Rabi Yonathan Eybeshitz zal qui ont appuyé cette coutume. Cependant en nos endroits cette coutume n’a jamais eue lieu, en cette nuit rien ne change et le devoir d’étudier incombe à chacun comme toutes les nuits de toute l’année. Le H’atam Sofer écrit : dans certains communautés on a l’habitude de ne pas étudier la nuit du 25 décembre, ils ont également l’habitude d’interdire l’intimité dans le couple et vont jusqu’à fermer le mikwé ; cette coutume est ’’minhag chetoute’’ – un sot comportement, il faut les empêcher d’agir de la sorte. Toutefois étant donné qu’en cette nuit les peuples se réunissent dans leurs lieux de culte à partir de minuit alors que les juifs étudient la Tora au début de la nuit, alors afin de ne pas donner du poids au satan ils ont pris l’habitude d’aller dormir avant minuit et de se lever au milieu de la nuit pour étudier la Tora afin d’apaiser les forces de satan. Toutefois chez les Séfaradim cet us n’a jamais eu lieu, tous étudient la Tora en cette nuit comme ils en ont l’habitude toute l’année. Pour ce qui est de la préférence d’étudier la Tora en début de nuit ou en fin de nuit ? Nous avons pris l’habitude d’étudier la Tora en début de nuit et d’aller dormir après minuit en se basant sur le commentaire de Rachi Yoma 22a qui dit qu’il est préférable d’étudier et de se coucher ensuite plutôt que d’aller dormir et de se réveiller pour aller étudier. Au traité Bérah’ot 14a le Talmud annonce ’’celui qui se rassasie des paroles de Tora avant d’aller se coucher, on ne lui annoncera jamais de mauvaises nouvelles’’. Telle est également l’opinion du Yaâvetz. Par contre le Arougat Habossem et le Réchit H’oh’ma sont d’avis qu’il est préférable de dormir tôt et de se lever tôt pour étudier la Tora. Nous avons vu que l’habitude des grands maîtres était plutôt d’étudier la Tora avant minuit et d’aller dormir ensuite, mais chacun suivra sa coutume dans ce domaine. L’essentiel est d’étudier la Tora.

D’après Rav Touvya Freind chalita

Il est rapporté dans le Choulh’an Arouh’ O’’H chapitre 680 qu’il convient de jeûner le 9 tevet même si nous ignorons la raison de ce jeûne. Le Michna Béroura explique qu’en ce jour le prophète Ezra décéda. Selon le Tossfot H’adachim c’est le jour de la naissance du Christ. C’est la raison pour laquelle certains s’abstiennent d’étudier la Tora le 25 décembre, effectivement ce jour est comparé au jour de la destruction du Temple, c’est un jour de deuil – expliquent le Korban Nétanel et le Rav Natan Adler ztsal. Le Kédouchat Tsion explique que cet homme étudiait la Tora comme une science, il n’agissait pas conformément à son étude, c’est ce qui lui a valu sa perte, ainsi nous n’étudions pas en cette nuit pour bien préciser qu’une Tora théorique dépourvue de comportement en accord avec la Tora finie en fumée. Telle est donc la coutume retenue par toutes les cours h’assidiques de ne point étudier la Tora en cette nuit du 25 décembre. Toutefois il est important de noter que même selon ces coutumes l’interdiction n’est que jusqu’à minuit, alors les maîtres allaient dormir tôt et se levaient à minuit pour aller étudier, ainsi agissaient le Rav Yoh’anan de Karlin et le Imré Emet de Gour. On raconte que le Maharcha calculer ses gains annuels en cette nuit pour définir le ’’maâsser’’ qu’il devait (dix pour cent de ses biens qu’on doit donner à la tsédaka). D’autres maîtres avaient l’habitude d’étudier des sciences – comme Rav H’ana de Kalshitz, ou d’apprendre des langues étrangères en cette nuit – comme le Imré Emet de Gour qui apprenait le polonais. Le Arougat Habossem organisait une réunion avec les responsables communautaires pour traiter des questions diverses de la communauté. Certains ont pris l’habitude de jouer aux cartes ou aux échecs, cependant le H’atam Sofer s’insurge sur cette coutume. Le Chevet Hakéhati soulève la question de savoir si un ’’sofer’’ (scribe) a le droit d’écrire des téfilin, mézpouzot et méguilat esther en cette nuit… Il est important de rappeler la remarque de Rav Mordéh’aï Sélonim de Tsfat qui affirmait que cette us n’a pas lieu d’être en Erets Israël. Opinion suivie par le Rav Sadigora de Tel Aviv et le Admour de Maknouvka. Dans les communautés Séfarades cette coutume n’a jamais eu lieu, comme le précise Rav Ovadya Yossef dans son Yabia Omer. De même dans les écoles dites ‘’lithuaniennes’’ on n’a pas suivi cette interdiction, comme le confirment les élèves du Gaon de Vilna. Le H’azon Ich disait que la raison essentielle était à cause des pogroms phénomène qui a disparu. Le Steipeler de Bné Brak et le Rav Douchinsky de Yérouchalaïm n’ont pas tenu également cette coutume.

Remarque

Toute cette étude me surprend. Tout d’abord afin d’être honnête avec vous je n’ai pas rapporté tout ce qui a été dit – le monde sot et hermétique dans lequel nous vivons ne m’autorise pas d’en écrire davantage ! Ce qui m’a intéressé et interpelé dans cette étude c’est de voir jusqu’où les maîtres de la Tora, les grands de la Tora s’interrogent sur la validité et l’aptitude de nos faits. Rien ne leur échappe. Rien n’est laissé à l’abandon, ou au ’’qu’en dira-t-on’’, ou aux idées formellement conçues. Les maîtres de la Tora dont l’unique passion est l’étude de la Tora, cette passion qui devrait être celle de chaque juif, sont à même de s’interroger si la nuit du 25 décembre est une nuit où on peut s’adonner à l’étude ; mais, à notre tour qu’allonsnous dire ?! Combien de nuits passent sans que nous n’ouvrions aucun livre de Tora ? On pourrait même se dire : pourquoi ces maîtres se prennent la tête, maximum cette nuit-là on n’étudie pas, une nuit sans Tora est-ce que ça va changer quelque chose à ma vie ou au monde ??? Mais c’est bien là la leçon à retenir : la valeur du temps ? Le contenu du temps ? le ’’je n’ai pas le temps’’ pour étudier la Tora témoigne d’un manque de volonté et/ou d’un manque de prise de conscience de l’importance de l’étude de la Tora et de la pratique des mitsvot. Nous touchons là un paradoxe : on se demande ’’à quoi ça sert ?’’, mais en même temps on ne se donne pas les moyens de comprendre le sens de la Tora et de ses préceptes. Non, c’est plutôt un moyen de se défaire et surtout de se déculpabiliser de nos erreurs et de notre ignorance. Peut-être que cette question soulevée par des dizaines de grands maîtres de la Tora depuis deux mille ans : peut-on étudier la Tora le 25 décembre, ne vous fait pas vibrer, ou pire encore elle en fait ‘’sourire’’ plus d’un, j’ai pour ma part pris conscience que l’étude de la Tora d’une nuit est d’une valeur inestimable et irremplaçable. Notre histoire marquée par les peuples en lesquelles nous sommes exilés n’est pas engloutie dans leur culture, leurs mœurs, leurs valeurs, leurs choix, si tant est si bien que nous nous réfugions dans l’étude de la Tora. Voyez, pour ne citer qu’un exemple récent, la stupidité de certains croyants à l’apocalypse planétaire – ils ne savent pas quand le monde débuta comment peuvent-ils prétendre quand s’éteindra-t-il ?! Mais pour nous chaque jour est un nouveau départ – on ne s’approche pas un peu plus de la mort chaque jour, bien au contraire chaque jour est un pas vers l’avenir et le devenir, c’est bel est bien dans la Tora que nous trouvons LA VIE !!!