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La contraception

Rav Imanouel Mergui

Le judaïsme tolère-t-il la contraception ou la prohibe ? Question piège !
La notion de la contraception est aujourd’hui intégrée dans les mœurs de notre
société. Il est banal pour une femme de prendre la pilule sans aucun scrupule, et ’’malheur à
moi !’’ s’écrira-t-elle si un jour elle oublie son petit cachet.
Attention ! Le but de cet article n’est pas de condamner la pilule et tout autre moyen
contraceptif ou de l’autoriser. La halah’a n’est pas, dans ce cas précis (et peut-être même en
général…), unilatéral. La halah’a interdira catégoriquement le contraceptif dans certains cas,
le permettra ou l’encouragera dans d’autres cas. L’enjeu de cet article n’est autre de rappeler
que cet acte banalisé a des conséquences halah’iques comme psychologiques, sociologiques
et philosophiques.
Un point qui m’a d’ailleurs toujours gêné (pour ne pas dire outré) c’est d’avoir
réduit ce petit cachet au domaine de la femme, comme si la contraception ne concernait QUE
la femme. Rappelons nous que trois êtres sont directement liés à cette question : 1) la femme
– la mère, 2) l’homme – le père, 3) le produit ’’avorté’’ de leur union : l’enfant.
Selon les différents moyens contraceptifs (il en existe plus d’une dizaine) les
décisionnaires ont étudié et analysé six points :
1) Emission de la semence de l’homme
2) Destruction de la semence de l’homme
3) Stérilité (provisoire ou définitive)
4) Commandement de la Tora de procréer – Pirya vérivya (Béréchit 1-28)
5) Commandement des prophètes de peupler le monde – Lachevet yétsara (Ichaïa 45-18)
6) Commandement des prophètes de ne point s’abstenir de procréer – Laerev al tinah’
yadéh’a (Kohelet 11-6)
Commandement de la Tora de l’union du couple – Ona (Chemot 21-10)
Chacun de ces points est longuement traité dans le Talmud et ses exégètes.
La halah’a se penche sur toutes les formes de contraception. On peut différencier
entre trois types de contraceptif : ceux qui empêchent la formation de l’embryon, ceux qui
détruisent les spermatozoïdes, agissant sur l’homme et enfin ceux qui agissent chez la femme
tel les hormones.
Nous avons jusque là rappelé les moyens contraceptifs mais cela va sans dire que la
halah’a analyse tout aussi impérativement les raisons pour lesquelles un couple a recours à la
contraception. La raison majeure reste le médical, il en existe d’autres. Plus la raison est
sérieuse plus facilement on autorisera la contraception. Il est clair cependant que sans raison
VALABLE – définie par la
halah’a, la contraception sous toutes ses formes reste illicite. Rappelons les dires de
Maimonide (Ichoute 15-16) « Même si l’homme a accomplit le commandement de procréer, il
lui incombe de ne point s’abstenir de procréer tout le temps qu’il en a la force ! »…
Il est donc primordial de rappeler que la décision d’utiliser un moyen contraceptif
n’appartient pas uniquement à la femme et/ou à son praticien ; le mari (le géniteur) en est tout
aussi concerné. Il est également indispensable de consulter une autorité halah’ique, car si
cette question est d’ordre médical elle l’est tout autant d’ordre halah’ique.
Pour conclure : n’agissez plus dans la banalité et défaites-vous de vos à priori ! Un
RAV compétent sera à votre écoute pour vous conseiller dans ce domaine si majeur et si
délicat.