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Le Phare de la Vie

Rav Imanouel Mergui

On m’a souvent questionné : pourquoi durant le mois de H’echvan nous n’avons pas de fêtes ? Ou encore, pourquoi toutes les fêtes sont concentrées durant le mois de Tichré ? Il me semble que la réponse se trouve dans notre Paracha, Leh’ Léh’a. Si nous voyons bien la Tora nous parle d’une apparition divine faite à Avraham, je dirais une apparition soudaine, rien jusqu’ici n’est décrit dans la Tora quant à l’œuvre de Avraham, il faut attendre les Maîtres du Midrach pour apprendre qu’il a été jeté dans une fournaise par un terroriste barbare du nom de Nimrod, ou encore qu’il avait brisé les idoles de son père idolâtre extrémiste etc. Rien de tout cela n’est conté dans la Tora, dans le texte lui-même. La Tora choisie de nous raconter d’autres épisodes tel qu’on peut le lire dans notre Paracha et celles qui suivent. L’idée se trouve dans le premier mot de notre Paracha ‘’le’h’’ – Pars, Avance, Continue. La grandeur de Avraham ne se trouve pas dans des actes ponctuels de bravoure et de grand dévouement. D’ailleurs le dévouement, la mésiroute nefech, n’est pas l’action d’un moment et d’un jour, le vrai dévouement est de continuer, d’avancer, tous les jours. Avraham est un homme qui ne connait pas beaucoup d’adeptes, la Tora en tout cas le dessine comme un homme qui connait beaucoup d’opposants, et pas des moindres : Loth son neveu, même Sarah sa femme n’est pas toujours d’accord avec lui, sans parler par la suite de Yichmaël. La force d’Avraham ne se situe pas dans ce qu’il a fait mais dans ce qu’il a continué à faire. C’est l’idée qui se trouve durant le mois de H’echvan : l’essentiel se trouve sans doute dans Roch Hachana, Kipour, Soukot et jusqu’à Simh’at Tora, toutefois l’homme n’est pas défini par ce qu’il vit durant ces moments forts, mais dans ce qu’il fait et continue de faire après que l’évènement fort se soit écoulé. Que reste-t-il de toi, de moi, de nous, après ce mois riche de Tichré ? Que reste-t-il de notre Roch Hachana ?  Pourquoi à Roch Hachana et Kipour les synagogues sont pleines et là en H’echvan certaines peinent à avoir minyan ? Pourquoi en Tichré on était joyeux et là ce n’est plus le cas ? Pourquoi en Tichré et pas toute l’année ?… Le principe est qu’après avoir tant investi durant le mois de Tichré nous devons poursuivre notre élan, nous devons mettre en œuvre tout ce que nous avons emmagasiné durant le mois de Tichré. C’est vrai, ce n’est pas évident, là il n’y a plus rien qui nous motive, il n’y a pas la pomme dans le miel, pas de Chofar, pas de Souka etc., mais il reste une chose majeure, il reste TOI ! Si on arrive à poursuivre l’élan et les efforts acquis durant le mois de Tichré alors c’est qu’il y a quelque chose qui a changé en nous, c’est que nous avons évolué. Avraham n’est pas entouré de fans, mais il continue ! D’où tire-t-il cette force ? Avraham avance tellement qu’il continue d’avancer même après sa mort, il a écrit l’histoire jusqu’à la fin des temps. Toutes nos prières débutent par ‘’maguen avraham’’. Il avait le désir de vivre une aventure qui ne se limite pas à soixante-dix ans. Quel est son secret ? Avraham est animé de EMOUNA – foi convaincue et convaincante en D’IEU. Lorsque le phare de notre vie c’est Hakadoch barouh’ Hou alors aucun obstacle ne peut se dresser devant nous. Mais pour que le phare éclaire il nous faut l’allumer ! Et c’est quoi la foi ? Ce n’est certainement pas le ‘’j’ai D’IEU dans le cœur’’, ceci est zéro ! La Foi ne se vit pas dans le cœur, mais dans les actes et surtout dans cette faculté d’avancer et de découvrir : l’homme enfoui en nous animé d’une foi incontestable, stable, acteur, allant, vivant, se donnant pleinement à la Tora et ses commandements pour une aventure riche et universelle…     

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