Aller au contenu

Le Renard et Mordéh’aï

Rav Imanouel Mergui

Etude dédiée à la Réfoua Chéléma de Elinoa Simh’a bat Rah’el H’aya Sara

Les romains avaient émis un décret à l’encontre d’Israël leur interdisant d’étudier la Tora, nous raconte le Talmud au traité Bérah’ot 61B. Le peuple d’Israël a souvent été confronté à ce genre d’interdiction. Nos ennemis cherchent en permanence le moyen de nous défaire de notre judaïsme, caractérisé ici par l’étude de la Tora. C’est un mystère de notre histoire. Alors on s’est toujours posé la question de savoir comment réagir face à ces prescriptions haineuses. A la veille de Pourim nous avons en mémoire l’histoire des juifs persécutés par Haman (que son nom soit effacé). Le concours extraordinaire de Mordéh’aï va nous conduire au secours divin. Une des réactions spectaculaires, continue le Talmud, est celle d’un des plus grands maîtres de notre histoire : Rabi Akiva ! Il continua d’enseigner la Tora en public. Lorsque Papous ben Yéhouda rencontre le Maître il l’interroge : ne crains-tu pas la punition promise par les romains à l’égard de celui qui étudie la Tora ? Selon le Rambam (Yésodé hatora 5-3,4) il était du devoir de Rabi Akiva d’agir de la sorte puisque lorsque nos ennemis veulent nous libérer de la Tora et sa pratique (chaat hachmad) nous avons le devoir de nous donner corps et âme pour ne rien enfreindre de la Tora ! Selon Le Maharcha, Rabi Akiva a eu un comportement de zèle – selon cette explication il est intéressant de noter que le peuple l’a suivi et entouré Rabi Akiva pour suivre ses enseignements, dans son zèle il a entraîné le peuple avec lui. Quelle était a motivation de Rabi Akiva ? Il s’explique en répondant à Papous : lorsque le renard marcahit le long du fleuve il constata que les poissons étaient en panique. Il s’adressa aux poissons et leur dit : que vous arrive-t-il ? Ils lui répondirent : les poissonniers ont tendu leur filet, nous sommes en danger. Le renard leur fit la proposition suivante : venez sur la terre et habitons ensemble tel que nos ancêtres le faisaient ! Cette invitation n’a rien de sérieux bien évidemment, pareillement pour les nations qui nous encouragent à abandonner nos valeurs pour qu’on se mêle à eux. Rien de plus stupide. Les poissons rétorquent au renard : es-tu l’animal le plus intelligent, mais il n’en n’est rien tu es idiot ; si déjà dans notre lieu naturel de vie nous sommes en danger à fortiori si nous sortons de l’eau que nous ne connaîtrons pas le secours. Ainsi, poursuit Rabi Akiba : la Tora est notre source de vie, effectivement nous sommes en danger à cause du décret des autorités, mais si nous quittons la Tora nous nous exposons à un danger plus évident.

Il n’y a aucun moyen de s’échapper de la Tora. Rien ne nous autorise à inventer une vie sans Tora, nous suffoquerons sans elle ! Avec tout le respect que nous avons envers les autorités qui nous accueillent sur leur terre, rien ne justifie le moindre écart d’avec la Tora. Un juif sans Tora n’existe pas.

Parmi tout ce qu’on peut apprendre de cet enseignement c’est la définition de la sottise, comme les poissons rappellent au renard. Le sot est celui qui a un regard décalé de lui-même. Il vie en désaccord d’avec son essence propre. Par conséquent et par excellence il est sot, il se méconnait profondément. Nous avons payé cher notre sottise du temps de la Méguilat Ester et encore celle-ci s’est bien terminée suivant les conseils sages de Mordéh’aï qui encouragea le peuple à suivre ses fines instructions. Malheureusement dans l’histoire tout ne s’est pas terminé comme nous l’espérions, sans doute parce que se croit plus sage que les maîtres de Tora.

Ce renard idiot se définit comme tel parce que non seulement il exprime un discours insensé mais également parce qu’il espère entourlouper ses confrères marins dans sa bêtise ! Le sot se convainc de sa bêtise et s’évertue de la diffuser le plus largement possible, il tente de séduire les autres de sa bêtise. Il se méconnaît mais pire il croit qu’il connaît les autres et pense être suffisamment avisé pour les conseiller.

Comment garder toute sa lucidité d’esprit, toute sa conscience, toute sa lucidité pour ne pas tomber dans les propositions ‘’renardesque’’ ?! Seuls ceux qui savent distinguer entre la bêtise des uns et la lumière de la Tora peuvent y répondre. Relisons la Méguila et marchons sur les pas de Mordéh’aï Hayéhoudi… Constatons d’ailleurs, dit Rav Biderman (Beer Hah’aïm Pourim page 83 note 15) que le seul caractère qui lui est retenu est qu’il soit appelé ‘’yéhoudi’’, on ne dit pas de lui le Tsadik, encore moins le kabaliste etc. A Pourim on boit du vin pour distinguer l’idiot de l’intelligent, Haman de Mordéh’aï – Léh’aïm.