Rav Imanouel Mergui
Le covid. La politique. La vie. Il se passe tellement de choses autour de nous à en avoir le vertige. Comment tenir dans ce monde vertigineux. Où trouver le répit ? Dans la spirale de la vie l’homme se crée des moments et de lieux d’évasion et de repos. Mais cela ne suffit pas. Si on ne cherche pas une vie paisible et qu’on ne redonne pas à la vie son côté apaisée alors les escapades ne sont que provisoires. En simple comment sortir de l’Egypte qui nous entoure et nous engouffre dans ses tourbillons ? Les soucis de la vie aspirent notre vie et nous n’avons pas de vie.
De toute évidence la connexion à la Tora, à l’étude, aux lieux d’études reste le meilleur moyen pour ne pas se perdre dans les tourments de la vie. Il ne fait aucun doute que le Bet Hamidrach (lieu d’étude et d’échange) était durant toute notre histoire le seul refuge sûr de notre existence. La tribu de Lévi est épargnée des entraves égyptiennes parce qu’ils s’adonnaient à l’étude de la Tora dans leur ghetto appelé Goshen. On doit créer cet univers protecteur et on doit le fréquenter le plus largement possible. La synagogue est notre bouée de secours ! L’étude de la Tora est notre oxygène !
Cependant et de toute évidence la bulle protectrice et vitale dont l’homme recherche tant ne peut être obtenue sans le concours divin. Celui qui pense se débrouiller sans l’intervention divine fonce dans le mur. Aucun système n’a atteint l’attente de l’homme, cet espoir de la vie, à part promesse et grands discours l’homme n’est pas à même d’offrir à l’autre comme à lui-même le bonheur de la vie. Où se trouve le sourire divin ? Où se cache le trésor que tous les humains recherchent ?
Au chapitre 12 verset 41 la Paracha de Bo dit que les Enfants d’Israël sont sortis d’Egypte « beetsem hayom hazé – ce jour-là ». Quel sens donner à cette expression ? Rachi nous surprend toujours par sa grande sagesse, il traduit ce verset de la façon suivante : lorsque le moment de sortir est arrivé, D’IEU ne les retient pas davantage mais tel un clin d’œil (les évènements se déroulent). Dans la vie D’IEU nous offre de multiples clins d’œil ! A nous de savoir les lire et en être sensible. Ces clignotements de l’œil de D’IEU vont très vite, il faut les attraper. Ce qui est très puissant c’est que ces jeux d’yeux de D’IEU prennent place à l’intérieur des tourments.
Rabi Yérouh’am ztsal (Daât Tora page 109) dit que c’est ainsi que se déroulera la venue du Machiah’ ‘’béîta ah’ichéna’’ – tout ira très vite sans aucun retard, sans aucun empêchement. Que devons-nous faire ? Ouvrir les yeux, être attentifs à ces jeux d’yeux éclairs.
Le Sforno (Béréchit 41-14) écrit : toute délivrance de D’IEU se fait en un instant comme dit le verset dans la prophétie de Yéchâya 56-1 « ma délivrance est proche de venir », ou encore dans Téhilim le roi David dit dans le psaume 81-14 « kimât oyvéhem ah’niâ » – en peu de temps Je soumettrai vos ennemis » ; c’est ce qui se passa au moment de la sortie d’Egypte comme en témoigne le verset dans la Paracha Bo 12-39 ! Et enfin le prophète Malhah’i 3-1 dit à propos des temps futurs tant espérés « Pitom yavo el héh’alo » – soudainement IL viendra dans sn sanctuaire.
Selon ce commentaire du Sforno qui explique la façon dont Yossef est sorti de prison, notre Tora renferme cette idée fabuleuse de la soudaineté de la manifestation divine et son secours ! C’est cela même la Emouna, la Foi, tout changera en un clin d’œil, et ce même si nos yeux voient le contraire nous avons foi qu’en un clin d’œil le courant de l’histoire changera pour le meilleur, pour nous et tout Israël.
Ce principe fondamental prend son sens non seulement au niveau de tout le peuple d’Israël, le collectif, mais également dans la vie au singulier de chaque individu tout bascule en un clignotement d’œil, gardons cette foi pour voir se réaliser la magnificence divine.