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Ma Mère

Rav Imanouel Mergui

La Tora continue de nous raconter la vie de Avraham notre Père et les épreuves qu’il rencontre dans sa vie. Je me suis toujours demandé qu’elle est la force qu’il a trouvé pour continuer d’avancer malgré tous ces exercices ? Certes il faut être animé d’une confiance en D’IEU inouïe, je pense aussi qu’il faut être constitué d’une force d’âme, en tout cas il faut acquérir cette force. D’IEU ne choisi pas seulement des gens forts, IL offre à chacun la possibilité d’être et de devenir fort. Et, certainement, la foi en D’IEU lui a délivré cette force.

Le Talmud au traité Baba Batra 91A nous délivre le nom de la mère de Avraham : Amtélaï bat Carnévo ! Si la Tora ne nous dévoile pas son nom c’est, nous explique le H’atam Sofer (commentaire sur Sanhédrin 99A – rapporté dans Echet H’aïl page 37 de Rav Y.M. Stern), une preuve que la Tora n’est pas un livre d’histoire, car lorsqu’on fait de l’histoire on n’omet pas d’indiquer les prénoms des parents des personnages cités ! 

Alors pourquoi le Talmud nous le dévoile ?

Le H’atam Sofer poursuit, si le Talmud nous le dévoile c’est bien qu’on le connaissait depuis toujours.

Mais alors la question persiste, pourquoi la Tora a décidé de le taire ?

Le Chevet Moussar raconte une anecdote incroyable : Nimrod avait vu dans les astres qu’un homme viendra au monde et détruira ses idéologies, il décréta alors de tuer tous les garçons. Amtélaï décida de cacher sa grossesse même à Térah’ son mari, elle accoucha dans une grotte et le cacha.

D’après cela on peut dire que Amtélaï vivait sous le principe du ‘’caché’’, Avraham a grandi dans la discrétion !

Allons plus loin, Avraham trouve sa force, sa foi, dans l’éducation et la protection qu’il reçu de sa mère. S’il y a bien un personnage qui doit toujours aimer, défendre, protéger l’homme c’est sa mère.

Il y a ici deux points fondamentaux1) la mère de Avraham qui le protège, 2) son message : la discrétion.

C’est peut-être la raison pour laquelle à chaque fois Avraham dit à Sara de cacher son identité. Et cela explique aussi pourquoi Avraham ne dit pas à Sara ce qu’il va faire ou ne pas faire à Yitsh’ak au moment du nouage de Yitsh’ak sur le mont Morya.

Le Gaon Rav Ben Tsion Moutsapi écrit (sur son site Dorech Tsion note 39847) : Amtélaï était une grande Tsadékète et une grande croyante en D’IEU !

C’est incroyable, imaginez le couple : Térah’ le père de Avraham excelle dans l’idolâtrie, et Amtélaï sa mère pieuse et croyante. Elle a su l’attirer vers la foi en D’IEU en le protégeant et en le cachant. Cela veut dire qu’elle avait compris qu’il y avait un monde caché, intime, profond, qui ne se dévoile qu’à celui qui le cherche et veut le découvrir ! Elle a appris à son fils que le monde ne se résume pas à ce qu’on voit. C’est l’idée même du H’atam Sofer : la Tora va au-delà de son écriture et de son récit. Il faut chercher l’intériorité à travers ce qui nous est dévoilé. Avraham va chercher l’intimité du monde et il y trouve D’IEU. Il me semble que ce rôle est celui de la femme par excellence. Effectivement D’IEU a fait que la conception de l’enfant se fait dans un lieu et de manière cachés ! L’homme est conçu dans ce qu’il ne se voit pas ! La pudeur n’est pas la prison de la femme, la pudeur nous apprend à mieux apprécier la valeur des choses visibles. Le monde d’aujourd’hui est un monde atteint d’un voyeurisme chronique, ce phénomène ne nous apprend pas à apprécier les choses selon leur valeur profonde, pire cela nous apprend à déprécier la saveur des éléments de la vie. Avez-vous demandé à un magicien de vous dévoiler ses secrets ? Avez-vous demandé à un grand chef cuisiner de vous donner la recette de ses mets. Avez-vous reçu une réponse de leur part ?! Pourquoi ? Parce que si vous connaissez la réponse vous n’apprécierez plus le tour de magie et le bon plat.

La mère est la seule personne au monde qui peut mener son enfant vers l’objectif profond de sa vie, vers les profondeurs de sa vie. La mère défend son enfant à tout prix, c’est ce qui le forme et lui permet d’avancer et d’aller très loin dans la vie… !

Cette semaine se tenait la Hiloula de Rah’el Iménou (dimanche 11 h’echvan-17 octobre). J’ignore pourquoi c’est la seule femme pour laquelle on fait une hiloula ; mais le talmud traité Méguila 13B dit : par le mérite de la pudeur et du silence dont Rah’el a fait preuve elle enfanta Chaoul et Esther.

C’est elle qui peut donc prier pour la Guéoula (Yirméyahou 31-14). Parce que Galoute (exil) veut dire ‘’dévoilé’’…

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