Rav H’aïm Fridlander zal
Dans la première bénédiction de nos prières quotidiennes, nous employons l’adjectif ‘’hanora – redoutable’’. Expliquons ce que renferme ce terme. Dans son sens premier, ceci veut dire qu’il y a quelque chose d’incroyable chez Hakadoch Barouh’ Hou qui nous impressionne et que nous avons du mal à saisir, mais que nous constatons quand même.
Au traité Yoma 69b le Talmud nous livre que le prophète Yirméyahou avait du mal à reconnaître que D’IEU est ‘’hanora’’, il prétextait que les ennemis d’Israël avaient pénétré le Temple pour le détruire, ce qui contredit que D’IEU est redoutable. Mais les hommes de la Grande Assemblée lui rétorquèrent : le redoutablement de D’IEU se trouve en cela que le peuple d’Israël perdure alors qu’il est encerclé par les peuples qui veulent le dévorer ! Rachi explique que depuis la destruction du Temple tous les peuples veulent anéantir Israël et Israël est indestructible, ceci prouve bel et bien que D’IEU est redoutable. Effectivement, s’il n’y avait pas une peur de D’IEU quasi inconsciente chez les peuples qui les empêchent d’anéantir Israël depuis longtemps, ils l’auraient fait.
Il est évident que le Bet Hamikdach lui-même inspirait la crainte de D’IEU, la simple venue à Yérouchalaïm déjà connaît cet effet, vu la présence incontestable de D’IEU en ces lieux – comme le précise Tossfot Baba Batra 21a. À tel point que le Rambam stipule qu’il est un commandement de la Tora que de craindre le Sanctuaire, et plus particulièrement de craindre D’IEU qui si trouve. Rambam va encore plus loin en affirmant qu’on se doit de craindre le lieu Saint du Temple même après sa destruction ! (Bet Habéh’ira 7-1 et 7).
On peut donc connaître le ‘’hanora’’ de D’IEU aussi bien lorsque le Temple était sur pied qu’après sa destruction. Lorsque le Temple se trouvait, les choses étaient claires et manifestes, après sa destruction, c’est à travers l’existence du peuple d’Israël qui existe malgré les attaques incessantes des nations à son égard – tout ceci ne peut qu’inspirer et/ou découler d’une prise de connaissance, consciente ou même inconsciente, de la puissance divine qui dépasse notre entendement, mais que nous pouvons toutefois constater.
