Rav Imanouel Megui
La pomme dans le miel. Tout le monde l’aime, du bébé au grand-père. Elle est devenue le symbole du jour de l’an juif !
INCROYABLE ! IMPRESSIONANT ! INIMAGINABLE !
Elle a d’ailleurs marqué le juif le plus lointain, plus que le chofar !!! Plus que les prières de Roch Hachana !!!
Le Chofar… Ce son profond qui touche une certaine sensibilité quasi inconsciente de l’être et qui définit le moment exacte du jugement, selon Rav Israël Salanter ztsal.
Y-a-t-il un rapport entre cette pomme mielleuse et ce chofar ?
Deux éléments si différents !
La pomme : le végétal,
Le miel : produit de l’animal – l’abeille, contracté depuis le végétal,
Le chofar : issu de l’animal – corne du bélier.
Impressionnant cette conjugaison du végétal/animal en ce jour du jugement.
Jour du jugement pour toutes les créatures divines.
Jour de la grossesse du monde – après avoir sonné du chofar on chante dans toutes les communautés du monde « hayom harate ôlam ». Le monde a été créé à l’image de la naissance de l’homme, il a sa gestation appelée ici ‘’harate’’ du mot ‘’hérayon’’ – grossesse. C’est au moins une image qui touche l’homme, nous avons tous quelque chose avec ça, d’ailleurs tous les êtres naissent c’est un point de départ commun. Reste à savoir qu’est-ce qu’on va faire avec cette naissance. Va-t-on rester un légume – comme la pomme ? Ou un animal – comme l’abeille ou le bélier ? La naissance de l’être n’est pas une fois dans la vie, c’est quelque chose qu’on doit revivre chaque instant, au moins une fois par an en ce jour de roch Hachana.
Cette coutume de manger une pomme trempée dans le miel est rapportée dans le Rama O’’H 583-1 au nom du Avoudraham. Il explique qu’on se souhaite « que l’année se renouvelle sous le signe de la douceur ! ». Voilà ce qu’on espère une année douce ! C’est le vœu du juif en ce jour du jugement : LA DOUCEUR ! Ceci paraît étonnant, Roch Hachana est pourtant le premier jour de la téchouva ? Le jour du jugement ? Le jour de la prière où on demande TOUT à D’IEU : santé, parnassa, chalom ? On demande tout mais on oublie cet ingrédient, je veux dire la douceur, qui va nous donner la possibilité d’avoir ce TOUT demandé. Tout ce qu’on demande et tout ce qu’on fait découle de cette vertu que représente la douceur. Prenez l’exemple du couple : un couple où la douceur se fait rare c’est un couple tanguant. La même chose quant au rapport parents/enfants etc.
Le Michna Béroura rapporte « qu’en vue de cette coutume certains ont l’habitude de ne pas consommer des aliments piquants ; tout ceci est fait pour débuter l’année sous un bon signe c’est pour cela qu’il est évident qu’en ces jours il faut être très vigilant de ne point s’enflammer de colère, en plus de la gravité de la faute de s’énerver, afin de connaîtrece bon signe, il faudra être seulement joyeux et avoir confiance en D’IEU animé de téchouva et bonnes actions ». Le Ben Ich H’aï (rapporté dans Yalkout Yossef) le dit en ces termes « l’homme doit s’efforcer de maîtriser son yetser hara afin de ne pas arriver à la colère et à la rancœur, plus particulièrement en ces jours de Roch Hachana, comme dit le verset ‘’le patient est mieux que le puissant, celui qui se maîtrise est mieux que le guerrier qui fait des conquêtes’’ ».
Roch Hachana = Douceur = Joie + confiance + téchouva + bonnes actions !
Roch Hachana # colère, rancœur, mélancolie.
Voilà ce qu’en renferme la ‘’pomme dans le miel’’. Et si par mégarde on fait l’économie de ce programme on devient un taureau dangereux – for est de constater que le chofar qui est la corne d’un animal (de préférence corne de bélier) ne peut être fait par la corne de la vache !!!
Eh bien oui, c’est bien cela Roch Hachana : montrer qu’on est capable non pas seulement de se souhaiter de la douceur mais de vivre en conséquence, de prouver et de montrer qu’on peut se contenir, de ne pas vivre comme un légume, comme un animal, mais comme un homme digne de ce nom.
Tout le monde aime la pomme trempée dans le miel, parce qu’elle représente cette douceur que tous ont vécu dans les bras de leur maman étant bébé voire dans son ventre.
On attend de D’IEU qu’IL soit doux avec nous – soyons doux avec les autres.
