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Sages, mesurez vos paroles !

Rav Moche Mergui

La Thora dit : (Parachat KI TISSA 32/21) : « Moché dit à Aaron : ‘Que t’a fait ce peuple pour que tu aies amené sur lui une si grande faute ?’ ».

Moché Rabbénou se tourne sévèrement vers Aaron pour la faute très grave de H’ataa guédola. De quelle faute s’agit-il exactement ? Non pas de la faute du veau d’or car la Torah témoigne qu’Aaron a tout fait pour empêcher le peuple de commettre l’idolâtrie. Le verset 3 précise qu’ Aaron leur dit : « Retirez les boucles en or qui sont aux oreilles de vos épouses, de vos fils et de vos filles et apportez les moi ! » Rachi explique qu’il s’agit ici des bijoux des épouses, et qu’Aaron savait qu’elles refuseraient de donner leurs parures pour le veau d’or et qu’il parviendrait ainsi à retarder « leur projet » d’idolâtrie. Dans l’intervalle, Moché Rabbénou redescendrait de la montagne et réduirait ainsi toutes les supputations sur sa prétendue mort.

Aaron est surpris par l’élan des hommes qui ont donné leurs propres bijoux. Il est dépassé en voyant le veau surgir de l’or fondu. Aaron tente alors une deuxième action afin de retarder la concrétisation de la pulsion du peuple et l’empêcher de commettre le pire : l’idolâtrie. Il propose de retarder au lendemain en disant (verset 5) : « Aaron construisit un autel devant lui (le veau d’or ) et proclama : ‘demain sera la fête pour Hachem’. » L’intention d’Aaron était claire : une fête pour HACHEM. La Thora précise au verset suivant : « Ils se levèrent tôt le lendemain, ils offrirent des holocaustes et des sacrifices rémunératoires. Le peuple s’assit pour manger et boire puis ils se levèrent pour s’amuser ». Rachi explique que l’expression pour s’amuser signifie commettre l’idolâtrie, la débauche et le meurtre.

Dès le début, Aaron était confronté à un grand dilemme : que faire ? S’opposer au risque de sa vie, au peuple déchainé et incontrôlable, alors que Hour venait d’être tué par la foule ? Aaron a préféré jouer le jeu pour gagner du temps jusqu’au retour de Moché Rabbenou. Hélas ! Moché Rabbenou n’est pas venu à temps et le pire s’est produit. En quoi Aaron est-il condamnable d’avoir commis la très grande faute de H’ATAA GUEDOLA ?

Le Sforno apporte un éclairage en précisant qu’il a ouvert une « fenêtre » à la débauche en disant : c’est « fête » demain. La « fête », dans l’esprit du peuple déchainé, signifie légèreté, l’idolâtrie, la débauche et le meurtre.

Avtalion enseignait dans le Pirqué Avot (Michna 11) : « Vous, sages !mesurez vos paroles, vous pourriez vous attirer le châtiment du bannissement et, en exil, arriver à un endroit où les eaux sont troubles et les disciples qui viennent après vous pourraient en boire et en mourir et le NOM d’HACHEM serait profané. » Il ressort de cet enseignement que chaque mot doit être pesé, non seulement dans ce qu’il va provoquer dans l’immédiat mais aussi dans ses conséquences à moyen et long terme. Il faut choisir le mot juste, proportionné, efficace, pour ne pas avoir à subir des conséquences désastreuses.

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