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Fourmi – Partie 1

Rav Imanouel Mergui

Non, je ne fais pas une étude scientifique sur les insectes, mais il y a des enseignements de nos Sages qui attirent mon attention et j’aime les partager. Au traité Pésah’im 24A le Talmud nous enseigne « celui qui mange une fourmi transgresse cinq fautes… ». Certes il ne viendrait à l’idée de personne de manger une fourmi, quoi que… c’est incroyable qu’il soit donc plus grave de consommer une fourmi que du porc ! Plus l’aliment pas cachère est petit plus il est grave de le consommer. Toujours aussi surpris que l’infiniment petit occupe finalement une place plus importante dans notre vie que ce qui est plus grand. Pour ne citer qu’un exemple, le coronavirus, probablement invisible a déstabilisé toute la planète ! Il a fait plus de dégâts que les guerres, le terrorisme etc. Vous avez déjà certainement fait le constat par vous-mêmes. Je ne suis pas prophète, vous le savez, mais pourquoi est-ce ainsi ? Aucune idée, en tout cas surgit en mon esprit une spéculation : je crois que depuis des décennies l’humanité a mis de côté les ‘’petits’’. Quel que soit le domaine de la vie on a pris en compte uniquement les riches, les intellectuels, etc., mais on a beaucoup négligé les gens moyens voire négligeables. C’est dramatique, comme si ceux qu’on ne considérait point n’avaient pas le droit d’exister. Ce n’est qu’un exemple parmi des milliers. Même dans notre propre vie personnelle, on a fait une grille des choses importantes et des choses qui le sont moins. Mais en vérité toute la question est là : qu’est-ce qui est véritablement important et qu’est-ce qui l’est moins ?! Qui définit la valeur des êtres, des lieux, des objets etc. Et là on est confronté à un virus si petit qui occupe TOUTE la planète. Aucun coin du monde n’en est épargné. C’est à la fois ahurissant qu’exceptionnel ; la question est de savoir comment on se confronte avec ce qui est plus petit que nous ? C’est, entre-autre, l’histoire de David et Goliath, ou encore de Chimchon et les Phélistins. Le plus grand se croit toujours le plus fort et donc infaillible jusqu’à ce que le plus petit vienne et le déstabilise. Le Gaon Rabi Eliyahou de Vilna avait entrepris de quitter la Lithuanie pour se rendre en Erets Israël. Son voyage était long, ne serait-ce que pour arriver au port et prendre le bateau. Il monte dans le bateau se renseigne sur ce qui lui était important au niveau de la Tora, et quelques instants plus tard avant le départ du bateau il décide de descendre et de revenir à Vilna. Nul ne sait pourquoi il se rétracta et n’entrepris pas son voyage vers la Terre sainte. Un de ses élèves a expliqué la raison pour laquelle le Gaon ztsal rebroussa chemin. Le Gaon a demandé à visiter les cuisines pour s’assurer qu’il pouvait manger quelques aliments durant son voyage. Il constata que dans la cuisine du navire il y avait des fourmis !!! Il se dit qu’il est inacceptable de partir vers la terre sainte s’il y a un risque de consommer de la nature où des fourmis se baladent ! Parce que chaque fourmi c’est bel et bien cinq transgressions de la Tora. Comment envisager un voyage vers Erets Israël en prenant le risque de manger une fourmi ?! Seul le Gaon pouvait nous livrer cet enseignement majeur !!! Cela nous paraît démesuré et extrême. En tout cas cela nous fait réfléchir sur les valeurs, et sur la dimension de l’infiniment petit. La société de consommation nous a éloigné de l’essentiel, et nous a conduit à tout jeter à la poubelle même des gens et des objets de valeur. Au quart de tour on met à la porte son conjoint comme si c’était une vielle chaussette.

Et lorsqu’on néglige ne serait-ce que le plus petit élément et la plus petite créature alors on exprime notre insensibilité à la vie tout entière. Qui mange une fourmi, fini par manger l’autre, tout autre soit-il.

Que peut-on encore apprendre de la fourmi ?

Pour un premier épisode, c’est déjà énorme, me semble-t-il, mais je vous dis à la prochaine pour La Fourmi 2 !    

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