Gaon Rav Ovadya Yossef chalita « Méor Israël – Dérouchim »
Le cadeau de soucot.
Au traité Taânit 9a le Talmud nous enseigne que le peuple d’Israël bénéficia de trois cadeaux dans le désert : 1) le puits – par le mérite de Miryam, 2) les colonnes d’honneur – par le mérite de Aharon, 3) la manne – par le mérite de Moché.
La mitsva de la souca est réalisée en souvenir des colonnes d’honneur – D’IEU entourait Israël pour les protéger, comme enseigne le Talmud au traité Souca11b.
On peut s’interroger de la raison de l’absence de mitsva rappelant le puits et la manne ?
Rav H’aïm Kafoussi répond que le puits et la manne sont des éléments vitaux auxquels D’IEU ‘’se devait’’ de les fournir puisque c’est LUI qui a conduit Israël dans le désert, par contre la protection supplémentaire représentée par les colonnes est un cadeau de d’IEU qui ne s’imposait pas.
On peut donner une autre réponse : le puits et la manne ont été obtenus après une plainte exprimée par les Enfants d’Israël à la différence des colonnes qui ont été obtenues dans une ambiance plus détendue puisqu’elles ne sont pas parvenues par des réclamations excessives d’Israël.
On peut répondre encore : le êrev rav (les égyptiens qui s’étaient alliés à Israël au moment de la sortie d’Egypte) ont bénéficié du puits et la manne mais pas des colonnes, par conséquent les colonnes marquent bien l’honneur d’Israël et leur distinction. D’après cette réponse on peut expliquer l’enseignement du Talmud au traité Souca 28b qui précise que les convertis sont tenus de faire la mitsva de la souca. Les Tossfot s’étonnent, pourquoi aurions-nous pu penser qu’ils en soient dispensés ? Parce que les colonnes étaient réservées au peuple d’Israël et le erev rav (qui avait un statut de converti) n’ont pu en bénéficier, dés lors on aurait pu penser que les convertis soient dispensés de la mitsva de la souca, c’est pour cette raison que la guémara va trouver dans les versets de la Tora une allusion pour les inclure !
La générosité.
Le Midrach Tanh’ouma nous enseigne que la souca représente Avraham notre Père symbole du h’essed (générosité et ouverture vers l’autre). Avraham avait dit aux trois voyageurs qui passait devant chez lui « reposez vous sous l’arbre », D’IEU lui dit alors « à tes enfants je donne la mitsva de la souca » ; les convertis sont alors tenus de cette mitsva puisque Avraham est appelé « père des nations ». Avraham offrait nourriture, boisson et couchage à ses invités, ainsi ces trois activités doivent se passer dans la souca. Avraham accompagnait ses invités lorsqu’ils le quittaient, ainsi nous avons bénéficié de l’accompagnement divin dans le désert par les colonnes d’honneur. La fête de soucot symbolise donc la qualité de générosité ‘’guémiloute h’assadim’’ ; c’est pour cette raison que le Zohar conseille d’inviter des pauvres dans la souca !
Les symboles de la souca.
Dans son livre Kad Hakémah’, Rabénou Béh’ayé explique : la halah’a exige des conditions bien précises pour la construction de la souca,
- A l’intérieur de la souca il doit y avoir plus d’ombre que de soleil – pour rappeler qu’Israël doit se couvrir de ‘’l’ombre de la foi’’.
- La souca doit être entourée de trois parois minimum – celles-ci rappellent les trois parties de la Tora écrite : Tora, Néviim, Kétouvim.
- La hauteur de la souca doit être d’une hauteur minimale de dix poings (80 centimètres) – en parallèle des dix Paroles des Tables de l’Alliance et des dix Paroles qui ont été nécessaires pour la création du monde.
- La largeur de la souca doit être de sept poings (environ 70 centimètres) minimum – c’est une allusion aux sept sciences contenues dans la Tora, c’est également la raison pour laquelle la fête de soucot dure sept jours.
- La mitsva de la souca se pratique de jour comme de nuit – comme la Tora qui doit être étudiée jour et nuit.
Le premier.
La Tora dit « et vous prendrez le premier jour (de soucot) une branche de palmier etc. »
Le Midrach explique le mot ‘’richon – premier’’ : « D’IEU a dit Je vous rembourse des faits de Esav qui est appelé ‘’richon’’, Je construis pour vous le Temple qui est appelé ‘’richon’’, et Je vous emmène le Machiah’ qui est appelé ‘’richon’’ ».
Donnons une parabole pour expliquer ce Midrach : deux pauvres voyageaient de ville en ville l’un était fort et sain et se ventait de sa santé physique, l’autre était, au contraire, faible et malade. Le premier dénigrait tout le temps le second. Le malade implorait D’IEU et demandait que sa maladie soit elle-même la source de son secours. D’IEU écouta sa prière et voila ce qui se passa. Les deux pauvres arrivent dans un pays où un des gardes du roi mourut ainsi que son médecin personnel. Le roi rechercha deux hommes pour remplacer ceux-ci. On chercha et remplaça ces deux hommes. Mais le roi voulait des preuves sur leur capacité. Le garde demanda qu’on lui présente un homme sain et fort et en le touchant seulement celui-ci serait réduit, à travers cela il prouverait sa force. Le médecin demanda, quant à lui, qu’on lui présente un homme faible et malade à travers lequel il prouverait sa qualité de bon médecin. Les serviteurs recherchèrent deux hommes correspondant à ces critères et trouvèrent ces deux pauvres qui erraient. Ils présentèrent le fort au garde qui le réduit en un cours instant. Ils présentèrent ensuite le malade au médecin qui su le guérir. Ceci symbolise l’orgueil de Esav qui se dit toujours ‘’premier’’ et est anéanti par D’IEU.
Union.
La Tora ordonne de prendre un bouquet composé de quatre espèces durant la fête de soucot. Ce bouquet symbolise l’union du peuple d’Israël.
Le ‘’etrog’’ d’une bonne odeur et d’un bon goût représente l’érudit en Tora animé de générosité, qui étudie et enseigne ;
Le ‘’loulav’’ qui provient du palmier produisant des dattes mais n’a pas d’odeur représente l’érudit en Tora qui n’est pas animé de générosité, il étudie et pratique la Tora pour lui-même sans se soucier des autres,
Le ‘’hadass’’ (myrthe) sent bon mais n’a pas de goût représente ceux qui sont généreux et soutiennent la Tora mais ne prennent pas le temps d’étudier,
La ‘’ârava’’ (saule) n’a ni goût ni odeur représente les ignorants vides de Tora et de bonnes actions, D’IEU a dit : « unissez vous et vous trouverez pardon à vos fautes entre vous ! »