Rav Imanouel Mergui
Il est fort intéressant de constater que nous devions recevoir la Tora une fois par an !
On peut formuler la chose de deux manières :
Nous avons reçu la Tora il y a plus de 2400 ans pourquoi devons-nous la recevoir encore ? Si la raison est parce que chacun doit vivre individuellement le don de la Tora et ne pas se suffire de la réception ancestrale, comme nous voyons bien que le judaïsme traditionnel est en train de s’éteindre, celui qui se suffit de la Tora des ses ascendants n’ira pas bien loin, ainsi la Tora et le judaïsme tout entier va en s’évaporant…, alors on aurait pu supposer qu’il reçoive la Tora à la bar/bat mitsva, une fois pour toute la vie, pourquoi recevoir la Tora à nouveau chaque année ?
Formulons l’interrogation différemment et inversement : est-il suffisant de recevoir la Tora une seule fois par an ?! Ne devrait-on pas la recevoir tous les jours et chaque instant ?!
Posons-nous la question en toute sincérité ?
Quel rapport nous avons avec la Tora ? Se résume-t-elle à notre présence, une fois par an pour Kipour ? Une heure par semaine le samedi matin ? La Tora n’est pas une formation et une initiation au judaïsme ! Quel rapport avons-nous avec D’IEU ? Je crois en D’IEU dans le cœur, c’est la plus grande blague que les juifs ont pu inventer. Naissance, circoncision, bar/bat mitsva, mariage et décès sont les cinq évènements qui sensibilisent certains d’entre nous pour contacter le Rabbin. Suffit-il d’être juif cinq fois dans la vie ? Sans oublier l’année du kadich et les fruits secs offerts pour les azguir ! Tout cela ne me semble pas bien sérieux. Oui, on peut toujours dire que c’est mieux que rien ! Et voilà la deuxième blague inventée par les juifs, le c’est mieux que rien nous a plongé dans une médiocrité de notre identité profonde. En vérité nous sommes plein d’humour, on condamne, à juste titre les antisémites et les racistes, mais où sont les juifs. Je n’ai jamais compris la pharaon et ses adeptes qui voient des juifs de partout, moi j’en vois peu en tout cas pas assez. Je me dis que D’IEU est clément, il n’a exigé ‘’seulement dix hommes’’ pour constituer un miynan, heureusement s’il fallait être cent que ferions-nous. En vérité dix ce n’est pas beaucoup, D’IEU est sympa avec nous, et pourtant parfois même dix il n’y pas. Heureusement que la prière a un sens même lorsqu’on est moins de dix à la synagogue !
Ah, mais certains rétorqueront qu’il est dur d’être juif. Faux. Chabat, c’est le commandement le plus facile et le plus agréable. Assister aux prières quotidiennes à la synagogue c’est très facile et d’un grand bénéfice. Nous n’allons pas citer ici les six-cent-treize commandements de la Tora, mais rappelons le premier commandement ; selon Maïmonide il s’agit d’aimer D’IEU. La Tora commence par l’Amour… ! Selon le Sefer Hah’inouh’ le premier commandement est celui de procréer. Il est incroyable que le premier devoir qui incombe à l’homme soit celui de se marier pour avoir des enfants ! Quelle sensibilité profonde ! Nul autre dogme et religion ne nous égale. Là est toute notre force, notre gaieté, notre sublimité. C’est ‘’ça’’ D’IEU ! Ah mais certains préfèrent voir ‘’ailleurs’’, les blondes et les rousses, sans oublier les brunes des autres nations sont-elles à même de nous ramener à quelque chose d’existentiel. L’assimilation est l’extinction du peuple juif, le brouillard de notre histoire (je ne parlerais pas ici de ceux qui font semblant de les convertir au judaïsme…).
Chavouot est là pour nous rappeler que dans la Tora on trouve tous les bonheurs, toutes les félicités, on y trouve surtout D’IEU, et encore plus fort on se ‘’retrouve’’ à soi. Rien n’échappe à D’IEU. Personne n’est exclu, il y a de la place pour tout le monde même pur celle ou celui d’autres nations qui veulent nous rejoindre. On ne fait pas de la conversion notre fierté, on n’encourage pas les gens à suivre cette voie, mais celui qui le désire aura toute sa place et ce jusqu’aux plus hauts des niveaux ! Notre histoire est remplie d’hommes et de femmes qui, venant d’autres peuples, ont choisi de marcher sur les pas de la Tora. Pour ne citer que quelques exemples : Ruth, Yitro, Antoninus, Rabi Avraham ben Avraham, etc. etc. Lorsqu’on rentre dans la Tora on devient le plus grand. On excelle de façon illimitée. Non Chavouot n’est pas une fête d’antan, c’est la fête du juif tous les jours. La Tora n’indique même pas qu’au terme des quarante-neuf jours du compte du Omer c’est Chavouot – la fête du don de la Tora, parce que Chavouot c’est tous les jours, du dimanche au samedi, tous les mois de l’année même juillet et août. Laissons derrière nous les systèmes bluffants à propos du ‘’judaïsme’’. Revenons vers la joie et la fierté d’être un juif digne de ce nom, à la Gloire Divine comme dit le verset « Israël acher béh’a etpaère » – Israël en toi je suis fier ! Prophétie de Yéchâya 49-3… Soyons, à notre tour fier d’être juif, fier de notre Tora, de notre Chabat, pureté familiale, synagogue, étude de la Tora, tsédaka… Fier pour nous, sans déranger les peuples d’accueil, fier pour D’IEU, fier pour nos enfants, nos amis, nos proches, n’ayons pas honte de manger cachère, d’aller à la synagogue ! Afin que D’IEU à son tour reconnaisse le vrai visage de ses enfants, de son peuple, afin qu’IL nous savoure de toutes ses bénédictions inscrites dans la Tora animées de notre attachement à l’étude de la Tora !!!