Dr Virginie Melloul Boccara
Il est écrit dans brah’ot (7.2) : « guédola shimousha shel Tora milimouda », se mettre au service de ceux qui étudient la Tora est supérieur à l’étude de la Tora auprès d’eux.
Pourquoi la Tora donne une si grande importance au shimoush talmidei h’ah’amim ?
Il y existe une grande discussion dans les textes pour savoir si le but de la vie c’est l’étude de la Tora ou la perfection de l’homme.
Est ce que l’homme peut se changer ? peut-on changer ses traits de caractère ?
Rav Wolbe enseigne que l’on ne peut pas changer le caractère au plus profond de l’homme. Alors comment fait-on pour changer, pour se parfaire ? si on ne peut changer le caractère au plus profond de l’être, on peut néanmoins changer l’expression de ce trait de caractère.
Comment ça marche ?
Le Rambam appelle les midot des déot, c’est à dire des marques d’intelligence, d’intellectualisation. Quel est le rapport avec les midot ?
Rav Wolbe dit que l’homme a une boite à images qu’on appelle le cœur (non pas l’organe mais l’image de ce qui est l’essence de l’homme). Au cours de son « apprentissage de le vie », l’homme a vu plein d’images, il les a accumulé de façon désordonnée et les a fixé dans son cœur. Ainsi il a l’image de personnes tristes, en colère, calmes, angoissées… Et lorsque lui même va, par exemple, se mettre en colère, il va ressortir l’image de la colère selon ce qu’il a emmagasiné comme image de référence.
On exprime donc le caractère selon l’image que l’on a acquise de ce caractère dans notre cœur. C’est ce que l’on appelle les deot.
Ainsi, pour changer ses traits de caractère, l’homme devra en changer l’expression en changeant l’image de référence qu’il en a au fond de son cœur. Comment change-t-on ces images ? en regardant les h’ah’amim, voir comment ils se comportent, en se figurant le texte que l’on étudie. On va ainsi se forger de nouvelles images et essayer avec ces nouvelles images d’effacer les anciennes.
On comprend pourquoi être proche des talimidei h’ah’amim est une chose si importante et que cela va de paire avec l’étude de la Tora (voir Vaykra raba 3,7). D’ailleurs, dans son introduction à son livre Alei Shour, Rav Wolbé commence par ce concept en le présentant comme ce qui est une condition sine qua non à l’entrée dans le monde de la Tora. L’étude seule ne suffit pas.