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La bouche

Rav Imanouel Mergui

La première fois que le Talmud nous parle de la bouche il nous livre une perle merveilleuse : « Rabi Chimon Ben Lakich et Rabi Yossé enseignent : l’homme ne doit jamais ouvrir sa bouche au satan » (traité Bérah’ot 19A). On ne doit pas prononcer des propos qui risquent de se retourner contre nous-mêmes. Apprendre à ouvrir sa bouche c’est avant tout ne jamais prononcer des propos négatifs. De la bouche ne doit sortir seulement des paroles positives. Les mots négatifs sont une invitation au satan. Ce satan ne s’occupe pas seulement de celui envers qui on a tenu des propos malpropres mais il se tourne vers celui qui les a tenus. Le satan n’a pas tellement besoin d’invitation, sa mission et d’augmenter le mal dans le monde, il œuvre pour trouver ce qui ne va pas chez l’homme et il présente ses accusations devant D’IEU. L’homme doit tout faire pour éviter le satan. Mais celui qui parle mal et de façon négative il introduit le satan dans sa propre vie. Le satan n’attend qu’une chose : ceux qui parlent mal. Pourquoi ? Parce que c’est sa propre mission, critiquer, condamner, accuser. Celui qui parle mal emploie l’arme du satan, alors ce dernier arrive en courant ! N’oublions pas que le propre même de l’homme est sa faculté de parler, il nous faut à tout prix éviter les discours sataniques, on est homme lorsqu’on se distingue de notre façon de parler par rapport à celle du satan. Les gens qui vont mal sont (souvent) des gens dont leur verbe contient des maux. La vie est le produit de notre parler. Parle bien tout ira bien. C’est, notamment, la raison pour laquelle la médisance et les propos dégradants tenus envers autrui, connait des sanctions très sévères. Nous ne sommes pas assez conscients du mal que l’homme se fait à lui-même lorsqu’il dit du mal sur l’autre. Les pires catastrophes qui atteignent l’homme ne sont que le reflet de sa propre parole. Et, encore une fois, ceci est le premier enseignement des Maîtres dans le Talmud à propos des facultés de la bouche. C’est le point de départ. Critiques, accusations, dénigrements etc. sont la porte ouverte à tous les maux de la vie. Ce qui sort de ta bouche est le programme de ce qui va t’arriver ! Sans faire appel au principe que la parole est créatrice, la mauvaise parole incite le satan. La parole est créatrice est un dicton vrai à propos de D’IEU, effectivement IL créa le monde par la Parole, IL continue de le gérer par sa Parole tel que nous le disons avant de boire une boisson ‘’chéakol niya bidvaro’’, tout est le produit de la Parole divine. Mais l’homme par sa parole exécrable abîme la parole divine et introduit le pire dans la vie. Les Sages ont constitué une prière dans laquelle nous prions D’IEU qu’IL retire le satan de notre vie, ceci dans la bénédiction intégrée dans la prière du soir ‘’hachkivénou’’. Comment d’un côté nous demandons à D’IEU d’ôter le satan de notre vie, si par ailleurs l’homme réintroduit le satan dans a vie ?!

Le Maharcha explique que lorsque le satan accuse il prend l’homme de mauvaise parole à témoin ! Ceci éveille la justice divine. Le Kotev dans le Eyn Yaâkov dit que la mauvaise parole ne laisse aucune place à la miséricorde divine !

La situation actuelle que nous vivons à travers l’épisode du covid conduit certains à tenir des propos d’une extrême gravité (dont je tairais puisqu’il ne faut pas ouvrir la bouche au satan), ces mauvais présages tenus par certaines personnes sont dramatiques, et il me semble qu’un des enjeux face à cette épreuve est d’apprendre à rester positif dans son verbe. La besogne n’est pas facile surtout lorsque certains prétextent leur propos par la réalité que tout va mal. Apprendre à parler de façon bonne c’est même lorsque tout ne va pas très bien. Comment ? Nous devons inventer, créer, des discours agréables. C’est là que tout ira bien. Ne parler que de ce qui va bien, rappeler les bienfaits divins et sa bienveillance. Mais cessons le fléau des paroles qui annoncent le pire.

Il ne nous reste qu’à apprendre à parler positivement, et à ne prononcer aucune parole déficiente par notre bouche.

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