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Le parfum, le reflet de l’être

Rav Imanouel Mergui

Conférence transmise le dimanche 18 mars 2007 à la villa Kerylos – Beaulieu sur Mer

Je tiens tout d’abord à remercier

Monsieur le Docteur Daniel Sibony ainsi que Monsieur Robert Castellana

de m’avoir convié à ce séminaire et de m’avoir donné la possibilité de m’exprimer à ce sujet.

On peut diviser le sujet du parfum en deux parties :

  1. La confection du parfum, notamment le choix des ingrédients et des plantes,
  2. L’odeur, a) l’organe du nez et sa fonction
    b) la sensibilité de l’être

Le sens olfactif réveille et révèle les sens.

Un sens profond, parfois même sensuel.

L’odeur est donc révélatrice de l’intimité profondede l’être, elle est le reflet de l’être.

Le parfum nous indique qu’un être humain a une intériorité, une vie intérieure, il n’est pas seulement ce qu’on voit et ce qu’on sait de lui, il a, on pourrait dire il est, une intimité intérieure.

Ceci est d’autant plus vrai que le MAHARAL constate qu’une odeur nauséabonde est beaucoup plus gênante à l’homme qu’une chose désagréable à voir ou à entendre. Effectivement lorsque l’odeur est mauvaise on sort de la pièce ce qui n’est pas le cas pour ce qu’on entend ou voit de mauvais. (Dans nos relations sociales on dit d’une personne qui nous dérange « je ne peux pas te sentir » ; on dit également d’une personne mal en point « je ne te sens pas »)

Sans être un expert de la psychanalyse, j’ai été impressionné des correspondances entre Freud et son ami et confident Fleiss où justement Freud fait un lien étroit entre le nez et le sexe. Ce qui va dans le sens de notre discours où nous voyons un lien (peut-être même une influence) entre l’odeur et l’intimité la plus sensible de l’être.

Dans la Tora tout sacrifice approché au Sanctuaire est appelé par D’IEU, dans le Lévitique,« réah’ nih’oah’ » – une odeur apaisante. RACHI – commentateur du moyen âge – traduit cette expression par la formule « nah’at rouah’ chéamarti vénaasssé rétsoni, »qui se traduit littéralement : un apaisement dû au fait que J’ai dit et Ma volonté a été réalisée. L’apaisement, le bien-être pourrait-on dire, découle de la réalisation de la volonté profonde de l’homme.

L’être humain c’est cette volonté enfouie et cachéeau fond de son intimité !

Le jour de Kipour – jour du Grand Pardon – l’offrande la plus importante était celle effectuée dans l’antichambre du Sanctuaire. Celle-ci constituait à ce que le Grand Prêtre y approchait la Kétorèt – parfum.

Quel  est le sens de cette offrande ?

Comme nous l’avons dit, le parfum reflète de l’êtreintime qui nous anime, c’est cette profondeur de l’être que nous approchons à D’IEU, c’est elle qui parle à D’IEU. En ce jour c’est notre fond qui est révélé et mis nuà devant D’IEU.

Le jour de Kipour, D’IEU sent Israël, l’homme : sen t-il Bon ou Mauvais ?

C’est bien là la question du quotidien : l’expression de notre volonté profonde (attention, nous parlons bien de volonté et non de désir…). Vouloir, Désirer et Devoir sont souvent pour l’homme des verbes adversaires, alors qu’ils devraient plutôt converger vers un même ‘’SENS’’ et se conjuguer.

Dans le Sanctuaire l’autel des parfums était placé précisément en face de l’Arche Sainte.Yonathan Ben Ouziel (élève du grand maîtreHilel, il vivait il y a plus de 1900 ans) explique que ceux qui étudient et pratiquent le culte de la Tora doivent dégager un parfum agréable, c’est bien là une condition sine qua non du culte de la Tora.

Cela veut dire que dans le parfum il y a deux choses : ce qu’on sent et ce qu’on dégage comme odeur. C’est là tout l’enjeu…

Question d’une participante :

Tous les cultes pratiquent les encens, quelle différence y a-t-il entre le judaïsme et les autres cultes ?

Réponse de Rav Imanouel Mergui :

Il y a de nombreuses différences, j’en citerai une seule, il semblerait que dans les autres cultes l’encens s’intègre dans le culte, il est une activité comme une autre, parmi tant d’autres, alors que dans le judaïsme la Kétorèt est le reflet du culte, son enjeu, sa condition, puisque c’est au sens profond qu’il faut le prendre en plus de l’action. Etant donné que l’odorat est un sens ‘’abstrait’’ il faut donc le surdimensionné et l’apprécier davantage au niveau du représentatif que de l’actif…

Question de Monsieur Castellana :

Puisque le parfum a une telle importance dans la Tora, pourquoi le judaïsme ne pratique plus l’encens de nos jours ?

Réponse de Rav Imanouel Mergui :

C’est en soi une réponse à la question précédente…

Le H’afets H’aïm disait : ne met de parfum seul celui qui sent mauvais ! Le ‘’juif’’ reconnaît sa mauvaise odeur : son éloignement de D’IEU, or justement on ne met pas de parfum pour cacher une mauvaise odeur. Il faut au préalable effectuer un travail et suite à ce travail le parfum aura tout son sens…

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