Rav Imanouel Mergui
La fête de pessah’ arrive à grand pas. Un des commandements que nous réalisons le soir du >Seder de Pessah’ est la triple consommation de la MATSA. Pour motsi-matsa, koreh’ et l’afikoman. Hommes et femmes sont tenus par ce commandement, à consommer trois fois trente grammes de matsa. Dans La Hagada nous expliquons que la consommation de la matsa est due au fait que nos ancêtres n’avaient pas eu le temps de laisser leur pate fermentée. On peut s’interroger, s’exclame Rabi H’aïm Kanievsky ztsal (Hagada Torat H’aïm page 240, Taâma Dikra Chémot 29-1), voilà que le commandement de consommer de la matsa leur a été ordonnée alors qu’ils étaient encore en Egypte et n’étaient pas encore sortis, alors disons-nous qu’ils n’avaient pas eu le temps de laisser la pate fermentée ? Lorsque D’IEU leur ordonne de consommer la matsa IL savait que les Égyptiens les renverrait à toute hâte, D’IEU leur ordonna dès lors de consommer le pain sous forme de matsa. Il faut donc lire d’après cela ‘’mangez de la matsa car ils ne vous laisseront pas sortir si ce n’est qu’en vous expulsant’’ – la matsa témoigne d’un futur et non d’un passé. C’est certainement dans cet état d’esprit qu’à notre tour nous consommons la matsa, et réalisons tout le Seder de Pessah’, non pas comme un rappel du passé mais comme une annonce pour le futur !
Rav Chimon Yossef Miller (Hagada Chaï Latora page 285) développe une idée sensationnelle : les Enfants d’Israël fêtent leur liberté avant même d’être sorti ! Et surtout ils ne fêtent pas l’échec de leur ennemi, c’est la raison pour laquelle avant même d’être sorti ils consommèrent la matsa. Cela veut dire que leur confiance en D’IEU était totale, jusqu’ici ils étaient témoins de la fin de l’Egypte mais n’avaient encore rien vécu de leur liberté et pourtant ils mangent déjà la matsa pour annoncer leur sortie. D’IEU ne veut pas qu’on se réjouisse de la chute de nos ennemis ! Avant même de vivre la sortie d’Egypte et de voir la défaite de nos ennemis nous avons le commandement de manger cette matsa qui annonce un futur meilleur !
Mais allons encore plus loin, tel que le note Rav Y.D. Soloveitchik zal (Hagadat Masoret Harav pages 115,116) : la liberté opérée par D’IEU arrive toujours au moment où l’on vie le désespoir à son apogée, là où plus personne n’y croit, où on a même l’impression que nos prières ne servent plus à rien, c’est là que la Guéoula se déclenche, elle arrive soudainement, au milieu de la nuit, sans que personne ne s’y attend et n’ai même eu le temps de s’y préparer. C’est le point le plus fort de la sortie d’Egypte, c’est ce qui détermine l’essence de toute Guéoula : l’apparition soudaine divine ! Les Enfants d’Israël ne s’attendaient pas à ce que d’IEU leur dise au milieu de la nuit que le moment de leur liberté était arrivé. C’est la raison pour laquelle, dit-il encore, que selon le Rambam on ouvre la Hagada par le passage ‘’bibhilou yatsanou imitsraïm’’ – c’est sous le signe de ‘’bibhilou’’ que nous sommes sortis d’Egypte, ce terme renferme l’idée de la ‘’béhala’’ l’excitation et la confusion soudaine.
Analysons encore ce phénomène. Rav Reouven Loïh’ter dans sa Hagada Taam Hapésah’ (page 65) s’écrie : la sortie d’Egypte s’est opérée de façon inopinée ! Le peuple d’Israël n’a même pas eu le temps de se préparer ! pourquoi est-ce ainsi ? Pourquoi ne pas leur avoir prédit une date de sortie afin qu’ils s’en préparent convenablement ? Nous devons comprendre dit-il le concept de Guéoula d’Israël dépasse de loin toute conceptualisation humaine et intellectuelle, la Guéoula est un exercice divin, aucune préparation humaine n’est plausible, La seule chose que nous avons à faire c’est de se tenir prêt à tout abandonner lorsque D’IEU se manifeste et de Le suivre pleinement. Prêt ou pas, animé de cette foi qui veut que le dévoilement divin puisse se faire à tout moment et là nous Le suivrons pleinement. C’est ce qu’il se passe pour l’attente de la venue du Machiah’ notre seule préparation c’est cette conviction qu’à tout moment D’IEU peut se manifester et il nous incombera de Le suivre.
Mais si nous mangeons la matsa en souvenir de leur précipitation, voilà qu’eux n’ont mangé de la matsa qu’un seul jour, dès lors pourquoi il nous incombe d’en consommer sept jours ? Rav Yehezkel Lewinstein zal rapporte au nom de Rav Reouven Melamed (Hagada Yadav Emouna page 268) : il nous faut sept jours afin d’intégrer une idée dans notre cœur. La consommation d’ordre mitsva ne dure que la nuit du Seder cependant pour qu’il en reste quelque chose en notre esprit il nous faut en consommer toute une semaine.