Rav Imanouel Mergui
Dans le passage Kol Nidré qui ouvre les prières de kipour nous disons « nous autorisons de prier avec les transgresseurs ». L’ouverture de kipour autorisant la participation des transgresseurs à la prière communautaire est quelque peu étonnante, n’aurait-il pas été préférable au contraire de chasser les transgresseurs de la synagogue en ce grand jour de kipour ?
Autoriser les transgresseurs de prier avec nous le jour de kipour c’est espérer qu’au moins un d’eux reviendra toute l’année pour prier !
Le jugement divin auquel l’homme devra rendre des comptes après la vie c’est justement pourquoi n’a-t-il pas lui-même fait des comptes sur sa vie. Voilà que tout commerçant fait les comptes de sa caisse tous les soirs, à fortiori concernant sa propre vie l’homme doit faire des comptes tous les soirs pour savoir s’il est en train de gagner sa vie ou de la perdre !
Dans le long vidouy que nous récitons dans les prières de kipour qui se veut être une expression détaillée de nos fautes le mot essentiel est « âl h’ète chéh’atanou léfanéh’a » – nous détaillons nos fautes mais la vraie confession c’est cette reconnaissance d’avoir fauté ‘’devant TOI’’ !
Il nous est très pénible de nos jours d’effectuer une téchouva sincère, cependant nous pouvons au moins être indulgent envers les erreurs d’autrui afin de bénéficier à notre tour de la compassion divine.
Téchouva sur la médisance qu’on a entendue sur autrui :
Il faudra s’efforcer de se défaire de ce qu’on aura entendu et de ne pas croire aux propos diffamatoires, ainsi on aura réparé la faute, ceci est semblable à une personne qui a volé un bien à autrui où il devra le lui rendre pour réparer sa faute. Il faudra en plus de cela s’excuser auprès de la personne et remplir les autres règles de la téchouva comme le vidouy et la prise ferme sur soi de ne pas récidiver en l’occurrence avoir la décision immuable de ne plus jamais entendre du mal sur quiconque.
Il conviendra également de dire du bien sur la personne envers laquelle le mal a été prononcé.
Téchouva sur la médisance qu’on a dite sur autrui :
Si les propos ont été pris en compte par ceux qui les ont entendus et à cause de cela la personne a subi des conséquences, sa faute s’inscrit donc dans la catégorie des fautes de l’homme vis-à-vis d’autrui sur les quelles le jour de kipour et même la mort ne suffisent pas pour trouver le pardon. Il devra donc s’excuser auprès de la personne sur laquelle il a prononcé des propos diffamatoires et obtenir son pardon. C’est comme nous l’enseigne le Talmud au traité Yoma 87a qu’il faut s’excuser des propos blessants qu’on a dites sur autrui, à plus forte raison lorsque les paroles ont eues des conséquences maléfiques à l’égard d’autrui. Lorsque la personne lui accordera son pardon il pourra alors faire téchouva.
Il faudra donc se présenter chez la personne et lui dire qu’on est à l’origine de tous les torts qu’elle a subi à cause de nos propos exécrables envers elle…
On peut prendre conscience de la gravité de la médisance vu l’extrême complication, voire l’impossibilité, d’en faire téchouva ! Comme nous enseigne le Yérouchalmi « celui qui divulgue des propos diffamatoires sur une famille – pégam michpah’a – il ne connaîtra jamais d’expiation à sa faute.