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Lumière – Partie 1

Rav Imanouel Mergui

En cette période de la fête de H’anouka c’est l’occasion de revenir sur le concept de la Lumière.

Tous les samedi soir nous récitons dans la bénédiction de la Havdala « hamavdil ben kodech leh’ol ouben or lah’ocheh’ » – D’IEU sépare le saint du profane, la lumière de l’obscurité ! Cela veut dire que la lumière est là. Lorsqu’une personne dit être dans le brouillard, le flou, l’obscurité ce n’est pas tout à fait juste. Dans la vie il ne faut pas tenter d’allumer la lumière, elle est là, il faut la trouver à l’intérieur de l’obscurité. Il faut aller à la recherche d’une lumière qui est là. On n’est pas dans l’obscurité, on est dans un état de mélange de lumière et pénombre, et l’exercice consiste à séparer la lumière de la pénombre qui la cache et la brouille.

Il est intéressant de constater que le miracle de H’anouka s’est produit à travers la Lumière, c’est dire qu’il y a quelque chose de magique en soi dans la lumière. On le constate facilement lorsqu’on a une panne d’électricité et qu’au moment où l’électricien a rétabli la lumière on entend des cris de joies et d’exclamation. La fête de H’anouka se réalise autour d’un élément des plus quotidiens. Nous vivons dans et à travers la lumière. Et là dans cet élément qui nous paraît normal et qui occupe une place considérable dans notre vie, oui là se produit un miracle. Ce miracle de H’anouka ne s’est pas produit par quelque chose de surnaturel qui sort du naturel, c’est du surnaturel à l’intérieur du naturel. C’est la force de la lumière dans notre vie. La lumière apporte un nouvel élan et un nouveau souffle à la vie.

La lumière occupe cette place fondamentale et vitale dans notre vie au point d’être le premier élément que D’IEU a créé au début de la création ! Béréchit 1-3 « D’IEU dit : que la lumière soit, et il y eut lumière ». Allons plus loin, l’œuvre des autres jours découlent de la lumière. La lumière n’est pas seulement le moyen de voir ce qui est, mais elle donne un sens existentiel à tout ce qui est. S’il y a lumière alors il y a un sens de poursuivre l’œuvre de la création. Rachi au traité Pésah’im 2B explique : D’IEU créa une création éclairante. C’est-à-dire qu’il ne faut pas comprendre que D’IEU créa l’élément lumière mais il apporta la luminance à l’intérieur de la création. Cela veut dire que par excellence la création est illuminée.

Dans la prière de Al Hanissim il est décrit comment les Juifs ont trouvé la lumière à H’anouka ! La lumière a surgi seulement après que les Juifs se sont investis pour trouver la lumière. Qu’ont-ils fait ? Ils se sont rendus dans le Temple, ils ont nettoyé le Sanctuaire, ils ont purifié le Lieu Saint, et ensuite ils ont allumé les Lumières dans la cour du Temple etc. ». Nous constatons deux points ; 1) ils ont allumé eux-mêmes la lumière, on n’attend pas que la lumière surgisse, on n’est pas passif mais actif ! 2) afin d’allumer la lumière ils ont fait tout un travail de mise en place, cet exercice est ici défini en trois verbes « ils se sont rendus dans le Temple, ils l’ont nettoyé et l’ont purifié ». C’est-à-dire que leur participation, leur investissement est ici décrit de façon très concrète. Il ne suffit pas de proclamer ‘’allumez la lumière’’, faut-il encore savoir comment allumer la lumière. Il faut savoir où se trouve l’interrupteur. Lorsque quelqu’un déprime il ne suffit pas de lui dire ‘’aller, il faut surmonter’’, il faut lui établir un programme. Lorsqu’on est soi même dans le noir on n’arrive pas à s’en sortir parce qu’on ignore la façon de sortir du tunnel. On ne sait pas allumer la lumière à l’intérieur du tunnel. D’IEU a opéré le miracle de la guerre contre les Grecs, mais celui de la lumière n’a pu se réaliser seulement après que nous ayons réagi et que nous nous soyons investis. On n’attend pas le meilleur, on le crée. A H’anouka nous ne commérons pas une fête qui tourne de la victoire d’une bataille. Ce n’est pas le sens d’une festivité retenue par la Tora. Il n’y a aucune fête reliée à une quelconque victoire de l’armée. Tout simplement parce que la victoire de la guerre n’est jamais le fruit de l’homme ! « Milh’amot ani assiti » (Traité Avoda Zara 2B), les guerres c’est MOI qui les faits a dit D’IEU, comme nous proclamons dans le Chant de la traversée de la mer « Ich Milh’ama’’. La seule victoire que nous festoyons est celle de notre propre investissement. La victoire d’avoir compris que le monde est obscur et que nous, le peuple d’Israël, déjouons l’obscurité du monde par la Foi en D’IEU, l’étude et la pratique de la Tora. Israël, nous n’avons pas peur du noir, car nous savons allumé la lumière, en nous et dans le monde.

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