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H’anouca la Lumière de l’Espoir

Rav Imanouël Mergui

Quel que soit la façon dont nous décrivons et exprimons le miracle de H’anouca, les Sages ont décidé de marquer cette fête par l’allumage de lumières. H’anouca renferme de nombreuses lois et coutumes : lire le Halel, intercaler dans les prières la prière de ‘’al hanissim’’, lire dans la Tora les Sacrifices des Princes d’Israël, mais c’est tout de même l’allumage des lumières qui occupe la place principale, c’est en tout cas ce que nous ressentons. Tout le monde est sensibles à cet allumage, même les juifs les plus éloignés s’y attachent et s’y retrouvent. Il y a dans l’allumage de ces lumières quelque chose qui nous identifie en tant que vainqueur du conflit de H’anouca. Pourquoi est-ce ainsi ? Tout d’abord la victoire de la bataille ne peut être pleinement vaincue. Premièrement parce qu’une victoire de guerre n’a jamais été quelque chose d’essentiel chez les juifs. Combattre l’autre jusqu’à l’anéantir ne semble pas être suffisant pour festoyer. La Tora ne connaît aucune fête liée à une victoire de l’armée ! Deuxièmement : nous savons qu’à H’anouca il n’y a pas de mitsva de faire un festin, comme à Pourim, Pourquoi ? Notre Grand Maître le Gaon Rav Ovadya Yossef ztsoukal (Michnat Yossef) explique que durant le combat de H’anouca de nombreux juifs périrent, à la différence de Pourim où notre victoire liée à la guerre fut plus heureuse puisqu’aucun ne tomba au combat. On ne peut fêter une victoire sachant que certains y ont participé mais ne sont plus de ce monde. Mais si les pertes sont physiques elles sont également d’ordre existentiel puisque de nombreux juifs se sont hellénisés – les ‘’mityavenim’’ qui rejoignent le banc des Grecs ; c’est d’ailleurs encore une différence qui distingue H’anouca de Pourim, effectivement à Pourim nous retrouvons plutôt les ‘’mityahadim’’ : les non juifs qui se convertissent à la Tora ! C’est dire qu’à H’anouca nous avons perdu des plumes ! La seule victoire dont on peut être réellement fier c’est celle de l’allumage de la Ménora. A travers elle nous proclamons que la lumière ne s’est pas éteinte. Et encore, que nous continuons à l’allumer, à la raviver. Malgré l’obscurité qui nous entoure, la confusion dans laquelle nous baignons, les pertes considérables dues à l’hellénisme présent, l’assimilation à travers les mariages mixtes, l’absence considérable de la pratique des mitsvot, et pire encore l’étude de la Tora qui est si peu défendue pour ne pas dire attaquée ! Malgré l’ennemi de l’extérieur et pire encore celui de l’intérieur. Malgré le tableau noir qu’on peut dessiner de la réalité de ce que nous connaissons aujourd’hui, sans se voiler la face. Malgré le pire nous aspirons et espérons le meilleur ! Mais cet espoir du meilleur va bien au-delà du discours et du fantasme. Nous œuvrons pour voir ce meilleur se réaliser. Nous allumons ces lumières de H’anouca pour affirmer que le pire ne nous abat pas et ne nous accable pas. ‘’Méate min haor doh’é arbé ‘’Méate min haor doh’é arbé min hah’ocheh’’’ ! dit le dicton, un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. C’est la magie de la lumière, elle repousse quantitativement plus d’obscurité que la taille qu’elle a. C’est cette lumière qui est enfouie en nous que nous nous efforçons de rallumer et raviver durant cette fête de H’anouca. Si rallumer la flamme c’est approcher une flamme près d’une mèche pour l’allumer c’est également ressusciter l’énergie qui nous habite. Développer le potentiel qui nous anime. Réveiller l’être qui est en nous. Exploiter les potentialités endormies. Chercher au plus profond de notre être ce qui est inexploré. C’est cela le plus grand des miracles : ne pas sombrer dans l’oubli de soi ! C’est bien cela la plus grande des victoires : développer son être dans un monde qui cherche à l’éteindre. Fasse Hachem que chaque juif rallume la lumière qui est en lui.