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Chalom ‘’un mot magique’’

Rav Imanouël Mergui

Le chalom est un ingrédient que tout le monde recherche ! Certains en sont même arrivés à
croire que le chalom est un fantasme, ils sont sûrs d’avoir tout fait pour y arriver, mais du
fait qu’ils ne le trouvent pas ils sont persuadés qu’il est impossible de vivre en paix si ce n’est
qu’après 12O ans ! Les uns préfèrent divorcer pour retrouver leur havre de paix parce qu’ils
sont convaincus qu’avec la femme qui pourri leur vie le chalom est illusoire. Cela est dit pour
des épouses également qui ne voient plus comment espérer au chalom d’avec leur prince
charmant qui est devenu un monstre invivable. Certes le chalom n’est pas un exercice facile.
Je prends le couple pour exemple mais il en est ainsi pour toutes les relations humaines. Le
chalom est un des plus grands sujets de la Tora, duquel il faut savoir qu’on se doit de le
trouver. On n’a pas le droit de baisser les bras tant qu’on ne l’a pas obtenu… Il n’existe pas
de situation fatale d’où le chalom est impossible, je n’y crois pas un instant. Et, si on ne le
trouve pas, il y a à cela plusieurs explications, notamment 1) ne pas vouloir le chalom, 2) ne
pas s’y prendre correctement pour y arriver. L’échec n’existe pas quant au chalom ! C’est un
leurre et un mensonge.
Je voudrais étudier avec vous un des passages Talmudiques des plus extraordinaires à
propos du chalom. Au traité Bérah’ot 17A on apprend : Abayé avait l’habitude de conseiller
‘’augmente le chalom d’avec tes frères, tes proches et tout homme, même avec le non juif
afin d’être aimé d’En Haut (par D’IEU) et agréable d’en bas (chez les hommes)’’, ils ont dit sur
Raban Yoh’anan Ben Zakaï qu’aucun homme ne l’a précédé pour lui souhaiter le chalom,
même un non juif dans la rue, il était toujours et avec tout le monde le premier à dire
chalom.
Il y a là un enseignement très puissant, il n’est pas dit qu’il faille répondre le chalom. Je veux
dire que si une personne te souhaite le chalom il va de soi que tu doives lui répondre. Celui
qui ne répond pas lorsqu’on lui dit chalom c’est un bandit, un voyou. Il est dit ici qu’il faut
dire chalom avant que l’autre ne te dise chalom. Prenons un exemple (encore dans le
couple) : l’homme rentre à la maison s’il ne dit pas chalom le premier à sa femme qu’il
s’attende à passer une soirée quelque peu mouvementée, et qu’il n’en soit pas étonné.
D’elle aussi on attend qu’elle accueille son mari en lui souhaitant chalom la première. De
toute évidence si lorsqu’il franchit le seuil de sa demeure il se prend une avalanche
d’enguelades, il ne faut pas qu’ensuite madame se plaint que son mari tire tout le temps la
tête. Si tu ne sais pas accueillir ton mari en lui offrant le chalom tu n’as rien compris à ta vie.
Oui !, la première chose à dire et en étant le premier à le dire à son conjoint c’est chalom ! Et
avec le sourire. Ah mais faites comme vous voulez si vous pensez que cette solution est
irréelle qu’on ne trouve que dans les bisousnours, et qu’elle n’a rien de réelle, ne soyez pas
surpris des conséquences que vous subirez… Par contre essayez là vraiment, vous serez
agréablement surpris des effets magiques. Ne cherchez pas des ségoulote stupides pour que
ça aille mieux dans votre couple, prononcez seulement une formule magique, gratuite et
efficace qui n’a rien d’abracadabrante : ‘’chalom’’. Il en est ainsi dès le réveil, si j’ouvre les
yeux et j’entends le son désagréable de mon conjoint qui se plaint de mes ronflements
nocturnes ou de toute autre critique désobligeante, que peut espérer un couple par des
stupidités quotidiennes comme telles. Le bonheur d’un couple ne tient que sur un mot
‘’chalom’’.
Allons plus loin dans notre analyse. Tout d’abord je vois que le chalom n’est pas le produit
d’exercice de rocambolesque et surhumain de s’écraser devant l’autre. Non, non, rien de
tout cela, ce n’est pas ça du tout le chalom. Le chalom c’est prononcer un seul et unique mot
: ‘’chalom’’. Apprends à dire simplement chalom, c’est tout. Pas besoin de soulever des
montagnes et de faire des efforts énormes pour obtenir le chalom, ce n’est qu’en
prononçant un seul mot ‘’chalom’’.
Le Maître nous apprend encore qu’il faut être le premier à dire chalom, n’attend pas que ta
femme te dise chalom pour lui sourire ! Et vice versa, même si ton mari t’énerve dis-lui
chalom, c’est tout. Si ton conjoint te dit chalom et tu réponds pas tu es un malade, si tu lui
réponds chalom lorsqu’il t’a dit chalom tu es quelqu’un de normal. Si tu es le premier à dire
chalom tu es un ange. A toi de choisir qu’est-ce que tu veux être et surtout qu’est-ce que tu
veux vivre dans ton couple.
Attention, je le répète, j’ai pris le couple pour exemple (parce que ce sujet me tient à cœur
et parce qu’il y a trop de divorces inutiles !), mais ceci est vrai également dans ton rapport
avec tes enfants. N’attends pas que tes enfants te sautent au cou pour t’embrasser lorsque
tu rentres à la maison le soir, sois le premier à leur sauter au cou pour leur souhaiter chalom
et non pour les étrangler de reproches ou les étouffer de critiques – à fortiori s’ils sont des
ados ! Sois vraiment un époux, un père, dis leur simplement chalom avec le sourire et de la
façon la plus chaleureuse, même si tu as passé une journée pourrie ils ne sont pas
responsables et encore moins des puching ball !
Le Maître nous apprend encore un point important, si un non juif te salue donne lui le
chalom c’est bien là quelque chose d’évident ; pour le Maître cela est insuffisant et ne
prouve pas ta bonne vertu. Ce n’est seulement si tu salues le non juif en lui souhaitant
chalom avant même qu’il ne te salue là tu fais preuve de grande qualité et tu augmentes
ainsi le chalom. Le Méiri note que ceci est dit envers un non juif même celui que tu
rencontres dans la rue, tel que l’a enseigné le texte de la Guémara, pourquoi cette précision
? Pour nous encourager à saluer par le chalom même le non juif que tu ne connais pas !, à
fortiori qu’il est important de saluer le non juif qu’on connaît. Le Rambam (Déot 5-7) nous
surprend lorsqu’il précise que ce comportement est dit à propos du talmid h’ah’am, pour
celui qui représente la Tora il s’impose davantage à adopter ce comportement envers les
non-juifs c’est-à-dire d’être le premier à les saluer !
Métivta rapporte au nom de H’oh’mat Hamatspoun une réflexion très fine : Imaginons Rabi
Yoh’anan ben Zakaï un homme d’une érudition et d’une piété gigantesque (voir Souka 28A),
plongé dans l’étude et les réflexions profondes, qui a le souci de tout le peuple d’Israël qui
pose sur ses épaule (voir Bérah’ot 34B) et ne manque pas de saluer même le non juif qu’il
rencontre dans la rue ; quelle grandeur que de penser à respecter tout le monde, non-juif et
juif, alors qu’il est épris de Tora, alors qu’il a des responsabilités grandioses. Rajoutons que
c’est justement dans ces ‘’petites choses’’ qu’on découvre la grandeur des Maîtres de la
Tora, desquels nous devons nous inspirer pour enfin trouver le chalom.
D’IEU t’a donné une bouche pour ne prononcer un seul mot ‘’chalom’’ et tout ce qui lui est
synonyme, sinon ferme ta bouche.
CHALOM, un mot magique, la plus puissante de toutes les ségoulot et la plus vraie, et
surtout la plus efficace.