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Du Désir

Rav Imanouël Mergui

Le désir occupe une place majeure dans la vie de l’homme, il est même vital, sans lui l’homme ne vivrait pas. Telle est la volonté de D’IEU d’avoir créé l’homme ainsi. Le désir est la vie. Les hommes se sont toujours confrontés au désir ; parmi les questions majeures qui tournent autour du désir il y en a deux qui reviennent tout le temps : 1) quand nourrir un désir ?, 2) que faire d’un désir non assouvit ? Ces questions et leurs semblables touchent tous les domaines de la vie et tous les âges, pour ne citer que deux exemples : 1) un enfant désire (un bonbon, une psp, un ordinateur, etc.) et ses parents s’efforcent de lui expliquer ‘’qu’on n’a pas tout ce qu’on veut au moment où on le désire’’ – c’est d’ailleurs une phrase qu’on sait très bien répété aux enfants mais qu’en tant qu’adulte on a bien souvent du mal à la mettre en pratique !!! 2) l’homme rêvant d’une autre femme …. (je n’ai pas besoin d’en dire davantage). Adultes et enfants les désirs ne manquent pas, ils nous entourent, voire nous envahissent et on est confronté à la réalité de ne pouvoir tous les consommer ce qui génère une frustration et nous rend nerveux. En simple la question est de savoir comment se conformer à un désir non assouvi ?! De multiples réponses existent dans ce domaine je voudrais, non pas avancer une réponse (surtout que les sots croient que la Tora tue les désirs de l’homme), étudier avec vous une sougya passionnante rapportée au traité H’aguiga 11b :

« On n’apprend pas les lois relatives aux relations sexuelles interdites à trois. Rav Achi explique : on n’enseigne pas les lois qui ont trait aux unions interdites non explicites dans la Tora à trois élèves en même temps, pour quelle raison ? C’est une logique, effectivement s’ils sont trois élèves devant le maître il se peut qu’à un moment donné le maître explique la loi à l’un des trois et les deux autres seront moins attentifs de ce fait ils saisiraient moins bien l’enseignement et il se pourrait qu’ils déduisent des permissions là où il ne le faut pas. Mais, la guémara s’interroge, ce risque peut se trouver dans d’autres sujets, dès lors pourquoi c’est uniquement dans le domaine des relations sexuelles qu’on a émis une restriction de ne point l’enseigner à trois élèves ? La guémara répond : le maître a enseigné, ‘’l’homme désire et aspire au vol et au sexuel’’ (il aura donc tendance à déduire facilement des permissions). La guémara demande encore : les lois du vol en devrait également ne pas les enseigner à trois élèves en même temps. Elle répond : le désir de ces deux choses est différent, pour ce qui est du vol  les pulsions ne s’éveillent uniquement lorsque l’homme se retrouve devant quelque chose qui se présente devant lui alors que pour ce qui est du sexuel même en l’absence de l’élément désiré l’homme le veut ! ».

Il y a quelque chose de très puissant dans le désir de manière générale mais ces deux désirs : l’argent et le sexuel sont l’envie de tous et c’est avec et envers ces deux pulsions que l’homme doit apprendre à se mesurer. Sommes toutes ces deux pulsions animent la vie de l’homme au quotidien, la guémara et la Tora en général ne les prohibent pas et ne les rejettent pas ! Ici nos Sages nous mettent en face d’une réalité ; celle de chercher hâtivement des permissions dans ces domaines et plus particulièrement dans le domaine du sexuel. Et pire encore on vient au nom de la Tora, on cherche des permissions dans la Tora elle-même. Il est vrai que ce domaine touche celui des émotions source des pulsions ce qui rend la tâche difficilement réalisable. Le problème du mariage mixte qui ne cesse d’être d’actualité, la nouvelle génération se perd dans ces problèmes inutiles et le peuple d’Israël paie cher ces dégâts. Et ceci n’est qu’un exemple des questions relatives au sexuel ! Ceci débouche sur la question de la conversion – convertir celui ou celle qu’on aime pour détourner et contourner la Tora. J’ai rencontré un jour un juif marié avec une non juive, pour se justifier il m’explique qu’elle est mieux que toutes les juives qu’il a pu rencontrer ! Et pourtant lorsque j’ai rencontré un non juif marié à une juive il m’explique qu’elle vaut mieux que toutes les non juives qu’il a eu l’occasion de rencontrer ! Ah que le mensonge est fort, tous les moyens sont bons pour s’autoriser l’intolérable !!! La Tora met l’homme en face d’une vérité tellement puissante que l’homme cherche tous les facéties qui atténueront son mensonge jusqu’à lui faire croire qu’il est dans la vérité…