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La Sorcellerie

Rav Imanouel Mergui

Il y a quelque chose d’attirant dans la sorcellerie. Notre société, en tout cas en Europe, n’est plus attiré par ces pratiques, dans le temps la sorcellerie était très répandue. On trouve tout de même de nos jours des praticiens de magie noire et magie blanche ou autres. La culture cinématographique reste très marquée par les histoires de sorciers et sorcières. La sorcellerie a encore sa place dans notre société cependant sous une autre forme. Le pouvoir surnaturel que la sorcellerie met en avant attire et aspire plus d’un. L’homme a besoin de s’évader dans quelque chose d’insolite, comme si la vie physique ne nous suffisait pas et nous satisfaisait pas… La Tora nous interdit toute forme de pratique à la sorcellerie comme il est fait mention Chémot 22-17 et Dévarim 18-9 à 14. Le Sefer Hah’inouh’, Rabi Aaron Halévi, compte onze commandements sur six cent treize qui prescrivent et interdit. Les Enfants d’Israël vont connaître leur premier exil en Egypte sanctuaire de la sorcellerie. Le Choulh’an Arouh’ Y’’D 179 précise les lois concernant ce commandement. Les sociétés se sont bâties autour de ces pratiques. Les grands Maîtres de la Tora s’interrogent si on a le droit d’utiliser la Tora comme une sorcellerie pour remédier aux maux des hommes. En simple la question est de savoir s’il est autorisé de lire des Téhilim, les Psaumes de David, pour la guérison d’un malade ? Alors je vois vos réactions, de nos jours la chose est répandue, et on a une large impression que c’est chose permise. Attention je ne vais pas conclure le contraire, surtout que Rabénou Ovadya Yossef ztsal l’autorise – voir Hazon Ovadya Avélout 1 page 19 à 26. Vous rendez vous compte que le Maître a écrit 8 pages sur cette question. Qui est à l’origine de cette question ? C’est le talmud au traité Sanhédrin 90B (et 101A) qui affirme que celui qui dit un verset de la Tora pour espérer la guérison d’un malade, il est exclu du monde à venir ! Ni plus, ni moins. On retrouve également au traité Chévouot 15B un enseignement qui affirme qu’il est interdit de se guérir par la Tora ! Le Rambam (Hilh’ot Akoum 11-12) est extrêmement sévère sur ce sujet. Utiliser une mézouza ou autres livres et objets sacrés s’inscrit dans cette question. La question veut qu’on distingue les malades critiques en danger et ceux qui ne sont pas en danger. Il y a tant à étudier à ce sujet… de toute évidence même ceux qui permettent il y a un point fondamental à ne pas oublier : notre sauveur est HAKADOCH BAROUH’ HOU. C’est surprenant et déstabilisant que lorsque l’homme a un souci dans la vie il préfère se tourner vers des pratiques occultes, et interdites par la Tora, plutôt que de se tourner vers D’IEU lui-même, et ce par la PRIERE, TECHOUVA et TSEDAKA ! De certains clowns de la kabbale vont jusqu’à spolier votre argent, et user de votre vulnérabilité pour vous vendre des amulettes ou des pseudo remèdes appelés ‘’ségoula’’. Et ne me dites pas ‘’oui mais ça marche’’ ? Une chose qui marche n’est pas une preuve qu’elle est approuvée de D’IEU. La Tora interdit, c’est tout. Rav Moché Feinstein soulève la question de l’hypnose dans la Halah’a ? Le Gaon Rav Yitsh’ak Zilberstein chlita (Kav Vénaki volume II page 293) s’interroge si on a le droit d’avoir recours aux médecines alternatives, tel le reiki (ou encore le yoga) dont leur source provient des cultes étrangers. Bien évidemment la question se pose pour une personne qui croit en D’IEU, je veux dire est-ce que croire en D’IEU suffit pour consulter de telles méthodes. Je ne peux développer ici davantage ce sujet passionnant et encore d’actualité, j’invite chacun à se rapprocher d’un Rav pour savoir ce qui est autorisé d’après la Halah’a.

Je terminerais cet échantillon d’exposé, par l’enseignement cité au traité Bérah’ot 6B. Lorsque les Enfants d’Israël se liaient grandement aux cultes étrangers, le prophète Eliyahou les invita à se rendre au Mont Carmel pour un ‘’concours’’ de religion ! Eux implorèrent leur dieu et rien ne se passa. Lui opèrera des miracles et s’adressera à D’IEU en formulant deux fois sa prière ‘’anéni hachem, anéni’’ – ‘’réponds moi D’IEU, réponds-moi’’. Pourquoi cette répétition ? « Réponds-moi pour faire descendre un feu du ciel ! Réponds-moi pour qu’on ne dise pas que j’opère par sorcellerie ». Cet enseignement extraordinaire me fait penser que lorsqu’un sorcier opère une magie tout le monde le croit mais lorsqu’un prophète de la taille de Eliyahou opère par le biais de D’IEU on le traite de sorcier !!! Lorsque des gens prônent le mensonge tout le monde fonce, tout le monde les croit, lorsque les Maîtres de Tora parle tout le monde les traite de menteur. C’est la force du mensonge : on voit la vérité dans le mensonge et le mensonge dans la vérité. Le prophète Eliyahou qui lui seul annoncera la venue du Machiah’ et la Guéoula craint d’être traité de sorcier. Notre exercice est de rétablir les choses de replacer mensonge et vérité chacun à sa place. Qui transmet la Tora ? Des gens qui prennent la Tora au sérieux ou ceux qui font de la Tora un folklore cultuel avec des réformes des plus mensongères. Le culte de la sorcellerie existe à l’intérieur de nos rangs, soyons vigilants. Certes il y a des gens malheureux, il faut les aider, mais il ne faut pas les conduire vers des voies fausses et mensongères. Restons fidèles à la foi à travers les plus belles promesses divines prescrites par notre belle et sainte Tora afin de savourer les cascades de bénédictions formulées par Hakadoch Barouh’ Hou.