De la question de l’assimilation et de son remède
Rav Imanouël Mergui
Vous connaissez l’histoire des juifs en Egypte. Asservis. Souffrants. Errants. Exilés. On se pose parfois la question est-ce qu’on ne rencontre pas les mêmes difficultés qu’eux, certes à une autre échelle ? Est-ce qu’on est réellement libéré de nos oppresseurs, de nos ennemis (physique, psychique, existentiel, spirituel diront certains !) ? Certains renverront le tort à l’ennemi en se disant que si nous sommes encore sous le poids de l’exil c’est que nos ennemis sont revenus. Cette thèse est très légère puisque si nous sommes libérés d’un ennemi mais que nous nous retrouvons asservis par un autre alors la première rédemption n’a pas de sens. La réponse est plus complexe et nécessite une élaboration plus conséquente. Le Maharal a constitué un travail exceptionnel sur la notion de Galout véGuéoula – Exil et Rédemption dans son ouvrage maître Netsah’ Israël. J’ai compris que ce sujet est à prendre très au sérieux et qu’avant d’émettre une idée il fallait être capable de se mesurer au problème, à ses enjeux, à ses conséquences. Aujourd’hui on ne vit pas l’exil comme étant un problème majeur si ce n’est qu’à deux niveaux : 1. L’Assimilation, 2. L’Antisémitisme. Est-ce que ces deux problèmes sont liés ? Il est fort possible qu’il en soit ainsi dans l’absolu. Mais pour ce qu’il en est de l’individu certains seront plus sensibles à l’un d’autres au second (d’autres aux deux et certains à aucun des deux). Ces deux problèmes ont un aspect assez particulier, si le second est un regard critique sur les peuples où nous nous retrouvons, le premier est un regard critique sur nous même. Je voudrais m’intéresser sur ce point sensible que représente l’assimilation. Le pharaon avait très bien compris qu’en attaquant les enfants il anéantirait l’histoire et les valeurs d’Israël. Tout d’abord il avait ordonné de jeter les garçons dans le Nil. Si ce décret paraît cruel ce n’est pas là son facteur le plus pénible. Nous voyons bien que les sages-femmes ne suivront pas son décret et sauveront les nouveaux nés garçons d’Israël. D’IEU les récompense et d’elles viendront les cohanim et les rois d’Israël. Les commentateurs s’interrogent sur le sens de leur récompense qui ne paraît pas de prime abord avoir un quelconque rapport avec leur acte de bravoure. Le Rav de Brisk propose la réflexion suivante : en exterminant les garçons d’Israël, le pharaon obligeait les filles d’Israël d’épouser des non juif ce qui aurait abîmé l’affiliation des cohanim et des rois. C’est cela même que le pharaon voulait souiller au sein d’Israël : le rapport si sacré ‘’parents-enfants’’. Parce que l’assimilation ne se résume pas au seul fait d’épouser un/une non juif, c’est étouffer le rapport des générations, c’est évaporer le passé. Paradoxalement alors que l’assimilation atteint un taux assez élevé on est confronté au négationnisme. Je sais que je prends le risque d’en dire davantage mais s’assimiler c’est rejeter le passé, c’est ne pas lui reconnaître une légitimité. Demander aux peuples de reconnaître notre passé c’est avant tout le reconnaître soi même… Le pharaon veut abîmer l’éducation juive (il n’est pas le seul). L’éducation juive sera préservée par les femmes d’Israël en l’occurrence les sages-femmes. Pour mettre en avant leur qualité la Tora annonce « Et les sages-femmes craignaient l’Eternel » (Chémot 1- 17). Je croyais toujours que pour réussir la tâche délicate de l’éducation, il fallait être un bon éducateur : patient, pédagogue, psychologue, attentionné, affectueux et beaucoup d’autres qualités encore. La Tora rajoute à ce programme éducatif une notion majeure qui elle seule assurera la suite d’Israël : la crainte de D’IEU (la quoi ???). Attention je ne fais que soulever une question que nombre de parents soulèvent, y sont confrontées : comment être sûr de réussir son éducation ?! N’attendez pas l’adolescence de votre enfant pour chercher la meilleure méthode. Ne vous dites pas l’école fera l’éducation juive de mon enfant : l’école ne fait pas de l’éducation (j’aime pas du tout le terme ‘’éducation nationale’’), l’école fait du savoir, de la connaissance, des études. Le rôle de l’éducation incombe seulement aux parents. Les grands parents aussi ne font pas d’éducation, ni la société ni rien d’autres (la télé par exemple). Nous craignons l’Eternel, c’est selon ses règles que nous éduquerons ‘’nos’’ enfants. Mais qu’est-ce qu’au juste la crainte du ciel ? C’est cette conscience qui nous rappelle que l’éducation n’est pas une notion qu’on devine, encore moins qu’on invente. Ce n’est même pas quelque chose qu’on fait par ressenti personnel comme l’écrit mon grand maître haRav Chlomo Wolbe ztsouqal (introduction au livre ‘’Semer et Construire dans l’éducation’’). Parce que me semble-t-il que la première règle de l’éducation c’est d’avoir en permanence en mémoire que l’unique intéressé est l’éduqué et non l’éducateur ! C’est le parent qui est tourné vers l’enfant et non le contraire – tourner non pas dans le sens d’être plié à ses chichis, bien évidemment. En d’autres termes l’éducation c’est quelque chose qu’on fait avec l’autre – l’Enfant, le conjoint et D’IEU