Rav Imanouel Mergui
Une des lois qui caractérisent le juif en tant que tel c’est la ‘’nétilate yadayim’’. Le Talmud raconte qu’un restaurateur juif devait dissimuler son activité des autorités hostiles à la pratique des commandements de la Tora ; lorsqu’un client franchissait la porte de son établissement il savait s’il était juif ou non juif par la pratique de la nétilate yadayim et lui servait de la viande cachère en conséquence.
Rabi Yossef Karo ztsal a consacré huit chapitres dans son Choulh’an Arouh’ Orah’ H’aïm sur les lois de la nétilate yadayim, du chapitre 158 à 165. Nous citerons ici très brièvement quelques-unes de ces lois ô combien importantes, tirées du Choulh’an Arouh’, du Ram’’a et du Michna Béroura. Ce n’est qu’un bref aperçu de ces lois qui n’a pas la prétention de contenir toutes les lois de la nétilate yadayim. Ces lois qu’il ne faut pas prendre à la légère et pratiquer scrupuleusement comme le rappelle le Choulh’an Arouh’ nos Sages dans le Talmud disent entre autres ‘’celui qui néglige la nétilate yadayimen arrive à la pauvreté !’’.
Les lois de la nétilate yadayim doivent répondre à des critères très stricts sur quatre domaines au moins :
- La nature de l’eau qu’on peut utiliser
- La qualité de l’ustensile utilisé pour verser l’eau sur les mains
- La façon dont on verse l’eau sur les mains
- La préparation des mains pour qu’elle soit apte à recevoir la nétilate
Rappelons qu’il est strictement interdit de consommer du pain sans nétilate yadayim, quand bien même les mains ne connaissent aucune impureté ou malpropreté.
Il s’impose de laver les deux mains même si on ne touche le pain que par une seule main. Le H’azon Ich écrit que celui qui ne lave qu’une seule main restera dans l’interdiction de consommer du pain.
Après le lavage des mains on récitera la bénédiction comme suit « barouh’ ata ado… élokénou meleh’ ahola acher kidéchanou bémistvotav vétsivanou al nétilate yadayim ».
Après la bénédiction il faut bien s’essuyer les mains avant de consommer le pain.
Il est impératif de réciter la bénédiction sur la nétilate avant d’essuyer les mains ; une fois les mains essuyées il sera interdit de réciter la bénédiction.
Si on consomme du pain d’une quantité inférieure à kabétsa (56 grammes) on se lave les mains sans réciter la bénédcition.
Si on consomme moins de kazaït (environ 30 grammes) selon le Choulh’an Arouh’ il n’est pas besoin de se laver les mains, selon le Michna Béroura on se lavera les mains sans réciter la bénédiction.
La nétilate yadayim s’impose également lorsqu’on consomme tout aliment soit-il, trempé dans du vin, du miel, de l’huile, du lait ou de l’eau (ceci concerne ce qu’on trempe dans le café, le thé etc.), et ce même si on ne touche pas la partie de l’aliment qui est mouillée.
Si au milieu du repas on touche les endroits impropres du corps (toute partie couverte est concernée) il faudra refaire la nétilate yadayim – toutefois sans redire la bénédiction (Yalkout Yossef).
Celui qui se trouve dans un endroit où il n’y a pas d’eau il sera dispensé de se laver les mains, toutefois il ne pourra consommer le pain en le touchant directement, il devra envelopper son pain dans une serviette par exemple ou du papier aluminium.
On ne pourra utiliser un ustensile pour se laver les mains seulement s’il contient un réviit d’eau (8,6 cl.)
On peut recevoir l’eau de la nétilate par une autre personne, par exemple une personne malade qui ne peut se laver les mains par elle-même, pourra se faire laver les mains par une autre personne, de préférence un adulte, homme ou femme.
A proximité d’une rivière on n’est pas obligé de prendre l’eau pour la verser ensuite sur les mains, on pourra tremper les mains dans la rivière directement.
On ne pourra faire nétilate yadayim uniquement avec de l’eau propre, froide ou chaude. Les eaux usagées sont problématiques.
Il faudra s’assurer qu’aucun écran – h’atsitsa, aucun corps étranger, ne se trouve sur les mains au moment de la nétilate yadayim. Toute saleté doit être nettoyée avant la nétilate yadayim. Il faut ôter les bagues avant la nétilate yadayim. Pour ce qui est des pansements ou tout élément médical on se réfèrera à un Rav pour savoir quelle attitude adopter.
A priori on se lavera les mains jusqu’au poignet ; dans certains cas on peut se laver uniquement les phalanges des doigts.
Il convient de verser l’eau trois fois sur chaque main, d’abord trois fois sur la main droite puis ensuite trois fois sur la main gauche.
Si on était aux toilettes avant le repas, on se lavera deux fois les mains, la première fois pour la sortie des besoins en récitant acher yatsar, la deuxième fois pour le repas en récitant al nétilate yadayim.