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Paresse

Rav Imanouel Mergui

La paresse est un vice à propos duquel le Mesilat Yécharim (chapitre) écrit un point apeurant : les méfaits de la paresse sont tel un poison qui s’étend petit à petit sans que l’homme ne s’en rende compte et ce jusqu’à ce qu’il lui cause la mort ! Et si l’homme se défend prétextant que la paresse est un comportement naturel, à part le fait qu’il y a un travail à faire face à cette nature qui abime notre existence, il faut avoir en mémoire que le poison tout aussi naturel soit-il il cause le pire.

Au traité Bérah’ot 61A Rav enseigne : le yetser hara ressemble au blé ! Quel est le sens de cet enseignement ? Le Ktav Sofer (Béréchit) explique à partir d’un autre enseignement du Talmud au traité Chabat 108B : le yetser hara incite l’homme à commettre une petite faute, et petit à petit il le conduit jusqu’à l’idolâtrie. C’est cela le sens du blé, ce n’est qu’une petite graine mais lorsqu’on la sème elle pousse et rempli un champ. Ainsi le yetser hara au début il se fait petit puis il devient grand ! Cet enseignement illustre bien ce que dit le Mesilat Yécharim à propos de la paresse. Il y a quelque chose d’étonnant dans la paresse, et de manière générale dans le mal. On ne se rend pas compte de la conséquence mais en vérité on ne voit même pas le mal qu’il y a dans la paresse. Sans parler du phénomène qu’on prétexte toujours notre rien faire, comme le démontre encore le Mesilat Yécharim. Il est difficile de corriger ce qu’on ne pense pas comme étant du négatif. Et pourtant ce négatif crée en l’homme une moisissure qui l’emporte et finie par tout ravager. La question est de savoir comment faire pour ne serait ce que prendre conscience qu’il y a ici un problème. Il y a des vices dont on est conscient du mal qu’ils représentent, ce n’est pas le cas pour la paresse dont on ne distingue pas la problématique, et pourtant elle crée des ravages.

La première fois que le Talmud nous parle de la paresse c’est dans un contexte très particulier. Au traité Bérah’ot 31A la Guémara enseigne : on ne prie pas d’un sentiment de paresse ! La profondeur de ce texte est extrême. La paresse s’oppose en particulier à la prière. Pourquoi ?

Prier avec paresse c’est prier ans élan, sans entrain, prier juste parce qu’il faut prier. L’élan n’est pas qu’une question d’option dans la prière, on pourrait dire que l’élan est le propre même, l’essence de la prière. C’est même sans doute à travers la prière qu’on acquiert le zèle et l’entrain.

Pourquoi ? Comment ?

La prière contient deux parties, nous enseigne le Gaon Rabi H’aïm de Brisk. Il y a le fait même de prier, l’exercice de la prière et il y a le contenu de la prière. Nous concernant nous dirons : l’exercice de la prière qui consiste à se rendre compte que nous sommes devant D’IEU et nous lui parlons – cela est déjà suffisant en soi pour nous élancer et nous sortir du poids de notre paresse. Effectivement lorsqu’on se retrouve face à une situation aussi sublime et puissante que tel on ne peut qu’être plein de vitalité. Se retrouver à parler à D’IEU en direct n’est pas quelque chose de banal. Pour illustrer la chose, si nous parlons de façon nonchalante à notre interlocuteur il est de toute évidence qu’il ne restera pas à notre écoute plus que quelques secondes. Comment espérer recevoir toute l’attention divine à notre prière si l’on prie avec lourdeur ?!

Le contenu de la prière. De toute évidence les mots de la prière, ne serait-ce que leur sens premier et littéral ne peuvent pas nous laisser indifférent et les mêmes ! Si nous investissons ne serait-ce qu’un tout petit peu dans le contenu de la prière notre paresse s’évaporerait.

Le meilleur exercice pour remédier à notre paresse est une bonne prière. Pour ce faire il nous 1) prier, 2) aller à la synagogue, 3) prier avec sérieux, 4) comprendre le texte de la prière.